dali
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 09/04/2014 à 14h52
677 vues
Question d'origine :
J ai histoire des arts mais la problématiques de : " pourquoi les montres de Dali sont molles ( dans la persistance de la mémoire ).
J aimerai trouver une autre problématiques du coup mais je ne trouve vraiment rien..
Aidez moi s'il vous plait..
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 10/04/2014 à 09h45
Bonjour,
Nous ne pouvons pas choisir une problématique à votre place, mais nous pouvons vous indiquer des ressources qui vous aideront à en savoir plus sur ce tableau de Salvador Dali et vous donneront sans doute quelques idées.
Nous vous recommandons pariculièrement la lecture de l’analyse d’Anne Otero : Conference : la persistance de la memoire : histoire d’un tableau.
Plusieurs ouvrages sur Dali donnent aussi des éléments d’interprétation pour La Persistance de la mémoire et les montres molles, dont voici quelques extraits :
L’influence du paysage de la région [de Port Lligat] sur ses peintures dites de la « période classique surréaliste » reste discutable. Peinte en 1931, la Persistance de la mémoire constitue une œuvre typique de cette période. De fait, l’élément de la « montre molle » deviendra la marque symbolique de Dali (93). Certes, on peut reconnaître les falaises aux contours découpés et la lumière cristalline du ciel, mais les grandes étendues désertiques de cette peinture évoquent davantage une topographie imaginaire et un paysage onirique. L’inquiétude saisit le spectateur, qui ne peut évaluer les distances ; il perd tout repère quant à l’heure qu’il est, la température qu’il fait. Il se trouve sur une planète inconnue, où il pourrait faire aussi bien chaud que froid. Il est transporté dans une arène de silence, un cauchemar figé, dans lequel rien ne bouge et aucun son n’est produit. L’horizon illimité suggère un espace infini et suscite une sensation d’agoraphobie. Une hallucination, telle qu’on peut l’éprouver dans certains états seconds ou sous l’emprise de drogues, est une illusion mentale si convaincante qu’elle perdure même lorsqu’on s’interroge ou que l’on cherche à l’appréhender sous un autre angle. Quand les peintures surréalistes de Dali fonctionnent pleinement, elles produisent un effet hallucinatoire très proche de celui décrit plus haut. On associe évidemment les montres de la Persistance de la mémoire à l’idée de passage du temps, et à la relation entre temps réel et temps de la mémoire, mais Dali était surtout fasciné par le paradoxe qui consiste à rendre ces objets durs et mécaniques sous une forme molle – même l’arbre tend à la mollesse.
Ce processus de ramollissement des formes, qui mérite le terme descriptif de « déliquescence », se poursuit dans des œuvres comme Naissance des angoisses liquides, peinte en 1932. Cet état matériel fascina Dali jusqu’à l’obsession à cette époque. Dans une contribution pleine d’humour au Minotaure, intitulée avec grandiloquence « Apparitions aérodynamiques des êtres-objets », il évoquait un Modern Style « comestible » « super gélatineux », rappelant les formes de l’architecture de Gaudi et celle du point noir facial.
Source : Dali, Robert Radford
Toujours prêt à échafauder des theories spéculatives, nouvelles, Dali conduira sa réflexion sur l’espace-temps dans une nouvelle direction avec l’invention des images molles. Le mou, ainsi entendu, n’est pas l’informe, mais le développement de la forme dans le temps. L’artiste trouve un exemple simple en évoquant le camembert, qui ne trouve sa qualité gustative que lorsque, soumis à l’effet du temps, il se transforme en forme molle. De ce fait, le mou peut être considéré comme la forme du temps, et le peintre ne fait qu’illustrer cette équivalence lorsqu’il peint des montres molles. Assimilé au temps, le mou l’est donc aussi au souvenir : le premier tableau intégrant des montres molles s’intitule Persistance de la mémoire (1931). Avant cela, durant la courte période qui précède l’adoption du surréalisme, l’artiste s’était attaché à faire vivre dans ses toiles, à l’aspect général encore réaliste, des formes organiques se mouvant dans l’espace comme des corps monstrueux. A travers ces formes incomplètes, il désignait un espace-temps paradoxal, confrontant plusieurs états temporels du corps, depuis la forme embryonnaire jusqu’au corps putréfié et au squelette. Avec ces formes humanoïdes, et plus encore avec la représentation d’objets mous, l’artiste trouve dans l’espace de formalisation pictural une possibilité de synthèse entre tous les modèles théoriques qui alimentent alors la réflexion sur le temps et l’espace. Il s’inspire tout autant de la psychanalyse que de la théorie de la relativité.
Source : Salvador Dali : l’invention de soi, Catherine Grenier
Enfin, le Guichet du savoir ayant déjà répondu à de nombreuses questions sur ce sujet, nous vous laissons explorer les réponses précédentes :
Persistance de la mémoire
Les montres molles
Contexte historique et social
Dali : Persistance de la mémoire, 1931
Popularité des montres molles de Dali
Bon travail.
Nous ne pouvons pas choisir une problématique à votre place, mais nous pouvons vous indiquer des ressources qui vous aideront à en savoir plus sur ce tableau de Salvador Dali et vous donneront sans doute quelques idées.
Nous vous recommandons pariculièrement la lecture de l’analyse d’Anne Otero : Conference : la persistance de la memoire : histoire d’un tableau.
Plusieurs ouvrages sur Dali donnent aussi des éléments d’interprétation pour La Persistance de la mémoire et les montres molles, dont voici quelques extraits :
L’influence du paysage de la région [de Port Lligat] sur ses peintures dites de la « période classique surréaliste » reste discutable. Peinte en 1931, la Persistance de la mémoire constitue une œuvre typique de cette période. De fait, l’élément de la « montre molle » deviendra la marque symbolique de Dali (93). Certes, on peut reconnaître les falaises aux contours découpés et la lumière cristalline du ciel, mais les grandes étendues désertiques de cette peinture évoquent davantage une topographie imaginaire et un paysage onirique. L’inquiétude saisit le spectateur, qui ne peut évaluer les distances ; il perd tout repère quant à l’heure qu’il est, la température qu’il fait. Il se trouve sur une planète inconnue, où il pourrait faire aussi bien chaud que froid. Il est transporté dans une arène de silence, un cauchemar figé, dans lequel rien ne bouge et aucun son n’est produit. L’horizon illimité suggère un espace infini et suscite une sensation d’agoraphobie. Une hallucination, telle qu’on peut l’éprouver dans certains états seconds ou sous l’emprise de drogues, est une illusion mentale si convaincante qu’elle perdure même lorsqu’on s’interroge ou que l’on cherche à l’appréhender sous un autre angle. Quand les peintures surréalistes de Dali fonctionnent pleinement, elles produisent un effet hallucinatoire très proche de celui décrit plus haut. On associe évidemment les montres de la Persistance de la mémoire à l’idée de passage du temps, et à la relation entre temps réel et temps de la mémoire, mais Dali était surtout fasciné par le paradoxe qui consiste à rendre ces objets durs et mécaniques sous une forme molle – même l’arbre tend à la mollesse.
Ce processus de ramollissement des formes, qui mérite le terme descriptif de « déliquescence », se poursuit dans des œuvres comme Naissance des angoisses liquides, peinte en 1932. Cet état matériel fascina Dali jusqu’à l’obsession à cette époque. Dans une contribution pleine d’humour au Minotaure, intitulée avec grandiloquence « Apparitions aérodynamiques des êtres-objets », il évoquait un Modern Style « comestible » « super gélatineux », rappelant les formes de l’architecture de Gaudi et celle du point noir facial.
Source : Dali, Robert Radford
Toujours prêt à échafauder des theories spéculatives, nouvelles, Dali conduira sa réflexion sur l’espace-temps dans une nouvelle direction avec l’invention des images molles. Le mou, ainsi entendu, n’est pas l’informe, mais le développement de la forme dans le temps. L’artiste trouve un exemple simple en évoquant le camembert, qui ne trouve sa qualité gustative que lorsque, soumis à l’effet du temps, il se transforme en forme molle. De ce fait, le mou peut être considéré comme la forme du temps, et le peintre ne fait qu’illustrer cette équivalence lorsqu’il peint des montres molles. Assimilé au temps, le mou l’est donc aussi au souvenir : le premier tableau intégrant des montres molles s’intitule Persistance de la mémoire (1931). Avant cela, durant la courte période qui précède l’adoption du surréalisme, l’artiste s’était attaché à faire vivre dans ses toiles, à l’aspect général encore réaliste, des formes organiques se mouvant dans l’espace comme des corps monstrueux. A travers ces formes incomplètes, il désignait un espace-temps paradoxal, confrontant plusieurs états temporels du corps, depuis la forme embryonnaire jusqu’au corps putréfié et au squelette. Avec ces formes humanoïdes, et plus encore avec la représentation d’objets mous, l’artiste trouve dans l’espace de formalisation pictural une possibilité de synthèse entre tous les modèles théoriques qui alimentent alors la réflexion sur le temps et l’espace. Il s’inspire tout autant de la psychanalyse que de la théorie de la relativité.
Source : Salvador Dali : l’invention de soi, Catherine Grenier
Enfin, le Guichet du savoir ayant déjà répondu à de nombreuses questions sur ce sujet, nous vous laissons explorer les réponses précédentes :
Persistance de la mémoire
Les montres molles
Contexte historique et social
Dali : Persistance de la mémoire, 1931
Popularité des montres molles de Dali
Bon travail.
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