Question d'origine :
Avez-vous des informations sur la tapisserie La Dame à la Licorne ? (qui se trouve à Paris... je sais que les propriétaires étaient lyonnais,... mais avaient-ils toutes les tapisseries ?)
Merci.
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 12/02/2014 à 10h13
et du département Arts et Loisirs
Bonjour,
Lorsque l’on parle de la tapisserie de La Dame à la Licorne, on pense souvent au morceau le plus connu qui figure l’inscription « Mon seul désir ». C’est en effet l’image la plus connue (avec la tenture), la plus souvent reproduite dans les ouvrages.
Dans le fameux
« Le Viste Jean II
Lyon, v. 1360 - Lyon, 1428
La famille, venue du Franc lyonnais, occupe une place de premier plan, d’abord à Lyon, puis dans le royaume, entre le 14e et le 16e siècle. Celui qui fonde la lignée et qui est clairement identifié est Barthélemy Livitos ou Lo Vito, marchand drapier de son état, consul en 1340, peu de temps après que Lyon a obtenu sa charte de franchise. Il est assez riche pour que son fils Jean Ier (ver 1325-1383) devienne docteur ès lois et que son statut social lui permette de contracter deux beaux mariages et de capter deux dots. A sa mort, sa fortune, faite d’espèces sonnantes et trébuchantes, mais aussi de terres et de trente-sept maisons sises à Lyon, au tènement de Bellecour acheté deux mille florins, est alors la plus importante de la ville. Son fils, Jean II, lui aussi docteur ès lois, est un personnage de roman. Il essaye d’usurper la part d’héritage de son frère Barthélemy Le Viste (v. 1375-v. 1442), s’attache à la personnalité de Louis d’Orléans (1372-1407), frère de Charles VI (1368-1422), puis de Louis de Bourbon (1376-1446), qui le mêle au clan Armagnac. A Lyon, il est craint pour ses relations à la cour, admiré pour sa fortune, jalousé pour son train de vie somptueux, reconnu parce qu’il est élu au Consulat. Il décède après le 18 juillet 1428. De son mariage, en 1390, Jean II a sept enfants, deux deviennent ecclésiastiques. L’histoire des trois fils non clercs - Antoine, Jean III et Pierre -, dignes héritiers de l’esprit chicanier de leur père, est une histoire d’ascension sociale, avec recherche d’anoblissement par le mariage, par charges administratives, par achat de terres nobles, ce qui les éloigne de Lyon. Pour sa part, après des études de droit, Barthélemy Le Viste est avocat au Parlement de Paris où il défend sa ville natale. Il appartient au clan des Bourguignons, ce qui lui fait perdre sa fonction d’avocat de la Ville, mais est récompensé par une charge de conseiller, que lui offre Jean sans Peur (1371-1419), duc de Bourgogne. Après la paix entre les deux clans, au traité d’Arras (1435), il conserve sa charge, ce qui est rare dans la France d’alors. Un neveu de Barthélemy, Jean IV (1433-1500), fils d’Antoine né à Lyon, diplômé en droit d’Avignon (Vaucluse) et de Paris, commence sa carrière au service des ducs de Bourbon, devient conseiller de Louis XI, qui le charge missions diplomatiques et le récompense par moult pensions et récompenses. Il devient président de la Cour des aides en 1489, agrandit ses terres, se marie bien, mais n’a que des filles.
L’ancêtre commun de Jean IV et de son neveu Antoine II est Jean II (1383-1458). Antoine est fils d’Aubert Le Viste, petit-fils de Jean III, arrière-petit-fils de Jean II.
Jean IV est le fils d’Antoine Ier, le petit-fils de jean II.
Antoine II est correcteur et rapporteur de la chancellerie en 1493. Il devient ensuite maître des requêtes et prévôt des marchands de Paris en 1513. Enfin, il accède à la fonction de Président du Parlement de Paris en 1523, ce qui est l’apogée de l’ascension sociale de toute la famille. Il épouse Jacqueline Raguier en 1520 puis Charlotte Briçonnet.
L’ascension sociale des Le Viste fut telle, que Jean IV aussi bien que son neveu Antoine II Le Viste ont fait carrière à Paris.
Auparavant, on attribuait couramment à Jean IV Le Viste (1432-1500) la commande de ces tapisseries (
Cette thèse repose sur la lecture la plus stricte des codes de l’héraldique que présente les tapisseries (le droit de porter les armes pleines). Or l’on sait que l’héraldique avait encore toute son importance à la charnière du Moyen Age et de la Renaissance, en particulier pour une famille dont les titres de noblesses n’étaient pas liés au sang, comme c’est le cas des Le Viste.
L’hypothèse de Carmen Decu Teodorescu est renforcée par le fait que son blason se trouve sur la rose méridionale de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois de Paris qui a été commandé en 1532 par Antoine Le Viste.
En 2007, Elisabeth Delahaye expose :
Citons enfin Michel Pastoureau et Elisabeth Delahaye, plus récemment encore (2013)
«
L’omniprésence des armoiries familiales sur les tapisseries de la Dame à la licorne n’exclut pas une commande par Jean IV dans les dernières années de sa vie, par exemple pour orner la galerie à deux étages ajoutée à son hôtel parisien en 1497.
Les auteurs suggèrent même la possibilité de lire les initiales de Antoine et Jacqueline Raguier (épousée peu après 1500) dans les lettres A et J (ou I) qui encadrent la phrase « Mon seul Désir ».
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