Question d'origine :
Bonjour,
La science commence à l'instant ou un observateur ayant constaté un certain nombre de faits invente une théorie qui va les rendre compréhensibles.
Autrement dit, il va faire des suppositions à partir des observations, les suppositions ayant pour but :
- soit de combler des vides dans la connaissance de ces faits,
- soit d'augmenter la compréhension qu'il en a,
- soit de permettre une prévision.
La difficulté commence dès qu'il faut définir ce qu'on appelle un fait scientifique universelle ; c'est ainsi qu'il est d'évidence quotidienne que l'eau prend en glace quand elle gèle, et nulle observation n'aurait contredit cette explication si des chercheurs poussant plus loin la recherche, n'avaient découvert le phénomène de la surfusion : dans certaines conditions bien précises, l'eau reste liquide même en dessous de 0 °C.
Questions :
a/ Quelle théorie peut rendre compte de deux observations contradictoires ?
b/ Comment passe-t-on de l'observation à la théorie et selon quels critères ?
c/ Peut-il même y avoir des vérités nécessaires, ou n'existe-t-il que des vérités contingentes, c'est à dire fortuites ?
Merci de votre concours.
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 22/11/2011 à 12h52
Bonjour,
Vos questions, peut-être le saviez-vous déjà, recoupent ce qui fut le champ de recherche en épistémologie de Karl Popper.
Selon lui : "... toutes les sciences sont basées sur l'observation du monde. Comme cette observation est par nature partielle, la seule approche possible consiste à tirer des lois générales de ces observations (remarquons que c'est l'approche générale et fondamentale de tout organisme vivant qui apprend de son milieu). Si cette démarche permet d'avancer, elle ne garantit en aucun cas la justesse des conclusions /…
Par exemple, une collection d'observations ("Je vois passer des cygnes blancs ") ne permet jamais d'induire logiquement une proposition générale (" Tous les cygnes sont blancs "), car la présente observation ne dit rien des observations à venir. Il reste toujours possible qu'une seule observation contraire (" J'ai vu passer un cygne noir ") invalide la proposition générale /…
Une proposition scientifique n'est donc pas une proposition vérifiée (avec certitude) - ni même vérifiable par l'expérience (c'est-à-dire par l'intermédiaire de tests scientifiques) -, mais une proposition réfutable (ou falsifiable) dont on ne peut affirmer qu'elle ne sera jamais réfutée /…
Dans certains cas, deux théories contradictoires peuvent cohabiter, car l'une et l'autre sont soutenues par certains faits et contredites par d'autres, faute d'une meilleure théorie capable d'unifier ces théories contradictoires. La physique, qui est pourtant l'exemple type d'une science gouvernée par l'épistémologie de la réfutabilité, nous donne un bon exemple, avec l'énigme de la précession de Mercure que la mécanique newtonienne ne parvenait pas à expliquer, et qui a été résolue par la théorie de la relativité générale, elle-même entrant ensuite en conflit avec certaines des expériences qui soutiennent la mécanique quantique. "
Ce qui nous amène à votre troisième question, plus philosophique que scientifique d’ailleurs…
Selon Leibnitz, quelque chose est contingent quand son contraire est possible. (ici, par exemple).
Donc, en matière scientifique, si on suit les conclusions de Popper, il n’y a pas de vérités nécessaires, seulement des vérités contingentes, c'est-à-dire réfutables. Les vérités nécessaires n’appartiennent pas au domaine scientifique.
(voir aussi : méthode scientifique)
On peut noter que Popper s'est aussi intéressé aux sciences sociales : Misère de l(historicisme (extraits)
Voyez aussi ce forum : polemus
On peut aussi (re)lire les oeuvres de Karl Popper, dont : Logique de la découverte scientifique.
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