Question d'origine :
Bonjour,
J'effectue des recherches sur l'origine de l'ordre salomonique en architecture : un ordre de colonnes de type "torses", qu'on ne voit pas apparaitre avant le XVII° siècle, mais qui est cité par Androuet du Cerceau vers 1550.
Le nom viendrait du temple de Salomon.
Sait-on d'où il s'est inspiré pour ses modèles ?
A-t-on des références d'architectures les employant autour ou avant 1550 ??
Attention : la colonne salomonique n'est pas vraiment une colonne torse (comme on en voit au moyen-âge).
Merci d'avance !!
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 21/09/2011 à 10h27
Dans son Dictionnaire illustré d'art et d'archéologie, Louis Réau nous livre l’origine de l’expression « colonnes salomoniques » :
« Nom donné parfois aux colonnes torses, parce que les colonnes torses conservées dans la basilique vaticane passaient pour provenir du Temple de Salomon. »
Dans l’article concernant les colonnes, l’auteur signale :
« Les colonnes diffèrent également par leur forme (colonnes monostyles ou fasciculées, renflées, torses), par leur décor (colonnes lisses ou cannelées, annelées ou bandées ; colonnes rostrales, dont le fût est orné de proues de galères). Enfin, suivant la position qu’elles occupent, elles sont dites isolées, accouplées ou en faisceau, adossées ou engagées. »
Dans l’ouvrage de référence Architecture : méthode et vocabulaire, Jean-Marie Pérouse de Montclos apporte une définition de la colonne torse, illustrée par deux photos :
« Colonne dont le fût est contourné en hélice. Ne pas confondre la colonne torse avec la colonne à cannelures torses ».
Si le grand public connait surtout l’emploi par Le Bernin, en référence au temple du roi Salomon, de colonnes torses pour le baldaquin à Saint-Pierre commencé en 1624, il ne fait pas de doute que d’autres architectes se sont inspirés de la même source dès la Renaissance. L’ouvrage d’Yves Pauwels, Aux marges de la règle, donne des exemples, comme celui de Giulio Romano pour le palais ducal à Mantoue, et consacre un sous-chapitre, p. 133-141, aux ordres salomoniques :
« …Le premier modèle est celui des douze petites colonnes torses, qui ornaient le chœur de la vieille basilique de Constantin, censées provenir du Temple, et avoir été offertes à Constantin lui-même… Elles ont servi de modèle pour les grandes colonnes de bronze du baldaquin édifié par le même Bernin. Mais le Cinquecento les avait repérées : elles apparaissent régulièrement dans les représentations du Temple chez les peintres maniéristes et baroques. Les architectes de la Renaissance les ont aussi utilisées, rarement il est vrai dans l’architecture réelle (Giulio Romano à Mantoue, Nicolas Bachelier à l’hôtel d’Assezat à Toulouse), plus volontiers dans des dessins et des gravures. On les voit par exemple au « portal de Pierrencise », lors de l’entrée de Henri II à Lyon en 1548. Androuet de Cerceau représente deux arcs « selon l’ordre salomonique » dans ses XXV exempla arcuum, l’un avec des fûts et des chapiteaux reproduisant fidèlement ceux de Saint-Pierre, l’autre les imitant plus librement. La théorie s’en est assez vite emparée : Vignole donne la méthode de tracé des fûts, De l’Orme évoque les « colonnes tortues ». Elles auront un destin exceptionnel en Espagne au XVIIe siècle sous le titre d’ordre salomonique. »
Pour aller plus loin, nous vous signalons la thèse : Isabelle Juzeau, L’emploi de la colonne salomonique à la Renaissance, mémoire de maîtrise sous la direction de Y. Pauwels, Université Charles de Gaulle – Lille 3, 2002.
Cette thèse figure actuellement au catalogue du Service Commun de Documentation de L’université de Lille 3.
Une recherche dans le BHA (Bibliography of the history of art) permet de trouver 45 références documentaires supplémentaires, à partir du mot
Signalons également que le modèle du Temple du roi Salomon n’a pas fonctionné que pour la forme des colonnes. Dans le livre Alhambra, les auteurs Henri et Anne Stierlin mènent une étude détaillée prouvant que l’inspiration initiée par la construction du Temple et du Palais de Salomon est avérée dans la fontaine des Lions, ainsi que dans la disposition générale des bâtiments de l’Alhambra.
Guérison du paralytique
Tapisserie d'après RAPHAEL (1483-1520)
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