Question d'origine :
les combats opposant lion et taureau au cours de l'histoire donnaient quels résultats? Qui était vainqueur, c'est un thème peu traité en histoire antique qui se borne le plus souvent à évoquer les combats gladiateurs trop nombreux ou trop armés décimant les fauves ou à l'inverses pauvres civils sans défenses dévorés par des fauves.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 04/07/2013 à 13h43
Bonjour,
Il semble en effet que les combats opposant lion et taureau ne soient pas un sujet très documenté dans l’histoire de l’Antiquité. On trouve toutefois mention d’un type spécifique de jeux organisés dans les arènes romaines, appelé les Venationes.
Ce divertissement consistait à mettre en scène des chasses d’animaux dans un décor imitant leurs habitats naturels, ainsi que des combats entre animaux de force plus ou moins égale, lion contre tigre, ou contre taureau...
Quant à l’issue de ces combats, les différentes sources trouvées évoquent unanimement le massacre généralisé qui concluait ces jeux, sans préciser lequel des combattants l’emportait sur l’autre.
« En 93 av. J.C., Sylla fit donner un combat de cent lions. En 55 av. J.C., Pompée, à l’occasion de l’inauguration de son théâtre, organisa dans le Circus Maximus une chasse gigantesque où furent massacrés, en deux jours, plusieurs centaines de lions, panthères, rhinocéros, singes et, dans des conditions atroces, des éléphants. » in Plaisirs, combats et jeux du cirque dans la Rome antique, par Monique Jallet-Huant.
Dans la mythologie perse, le thème du combat lion contre taureau revient régulièrement, comme le montre cette sculpture (Persépolis (Iran). Bas-relief décorant un escalier monumental. VIe-Ve s. av. J.-C) :
ou encore cette monnaie (CILICIE - TARSE - SATRAPE MAZAIOS -361-334 avant J.-C.) :
Voir aussi l’article de Jean-Paul Roux sur les combats d'animaux dans l'art et la mythologie Irano-Turcs.
Dans ces représentations le lion est toujours présenté en position dominante, attaquant le taureau, le dévorant.
En effet, en tant que représentant de la royauté perse, le lion véhicule une certaine idée de puissance et de grandeur. Il serait donc mal vu qu’il s’incline en face de son adversaire.
C’est ce que Jean Chardin nous raconte dans ses récits de Voyages en Perse et autre lieux de l' Orient :
« La dernière Figure, qui se voit sur la rampe du degré, est un Lion qui déchire un Taureau. Encore aujourd'hui dans les Fêtes et dans les Spectacles des Persans, on donne de ces combats au peuple. On met un jeune Taureau au milieu d'un Cirque. On l'effarouche pour le mettre en fureur, et puis on lui détache le Lion ,mais parce que le Lion est l'emblème de la Monarchie Persane, en qualité de Roi, et du plus Noble des Animaux , le peuple fort superstitieux, et attaché aux présages , croiroit que ce seroit une chose de mauvaise augure pour leur Païs, si le Lion ne déchiroit pas le Taureau; c'est pourquoi ils lâchent toujours le Lion , lors que le Taureau a le dos tourné, et qu'il ne court pas. Le Maître du Lion le tenant par le collier, lui tourne la tête vers le Taureau, jusqu'à ce qu'il ait les yeux dessus. Dès que le Lion l'aperçoit, il fait un cri, et s'élance par sauts de huit à dix pas, avec tant de vitesse, que l'œil a de la peine à le suivre. II se jette sur le dos du Taureau, qu'il abat d'ordinaire ; et si par hasard il le manque au septième ou huitième saut, il s'arrête et se rebute; et alors on retient le Taureau. On ramène le Lion à sa vue, et à cause de l'augure dont j'ai parlé, on fait toujours en sorte que le Lion remporte la victoire, & qu'il renverse le Taureau qu'on égorge sous lui, afin qu'il en boive le sang. »
Il semblerait donc que durant l’Antiquité, le taureau avait peu de chance de l’emporter face au lion lors d’un combat.
Plus tardivement, d’après Arles à la fin du Moyen-âge de Louis Stouff, ce genre de spectacle était couramment organisé pour agrémenter diverses festivités.
Le fauve l’emportait systématiquement, et ce sans qu’il y ait intervention humaine. Voici par exemple ce que Louis Jacquemin rapporte dans son Guide du Voyageurs dans Arles :
« Le lion d'Arles, quoique vieux et presque sans crinière, combattit deux fois contre un taureau furieux et resta deux fois maître de l'arène aux applaudissements de la multitude. »
Au XIXème siècle, alors que les corridas et les spectacles tauromachiques sont en plein essor, les taureaux sont souvent amenés à affronter des fauves.
Caramelo, taureau de combat célèbre pour ses victoires, affronta en 1848 un lion puis un tigre sur l’arène du cirque de Madrid. D’après Animaux de sport, lévriers-taureaux-coqs de Jacques Boulenger et Émile Henriot, c'est Labrador, qui, à Cadix, lutta contre un lion, en 1899 :
« Cinq fois le lion revint à la charge et cinq fois le taureau le repoussa. Le lion finit par terre écrasé. On le sortit plus mort que vif, et fort honteux, de la cage… »
Enfin, à Roubaix en 1895, Goliath le lion et Venaito le taureau s’affrontent puis abandonnent le combat, qui se termina par la mise à mort du taureau afin d’apaiser la frustration du public.
Pour plus de détails voir l'article Tauromachie en 1899. Taureau contre Lion.
Si le taureau de combat élevé spécialement pour les corridas l'emporte plus facilement sur le lion que ses ancêtres de l'Antiquité, l'issue fatale de ce genre de spectacle ne lui laissait pas vraiment l'occasion d'apprécier ses victoires.
Quelques documents sur la tauromachie :
- La tauromachie : histoire et dictionnaire de Robert Bérard
- Histoire de la corrida en Europe du XVIIIe au XXIe siècle de Elisabeth Hardouin-Fugier
Il semble en effet que les combats opposant lion et taureau ne soient pas un sujet très documenté dans l’histoire de l’Antiquité. On trouve toutefois mention d’un type spécifique de jeux organisés dans les arènes romaines, appelé les Venationes.
Ce divertissement consistait à mettre en scène des chasses d’animaux dans un décor imitant leurs habitats naturels, ainsi que des combats entre animaux de force plus ou moins égale, lion contre tigre, ou contre taureau...
Quant à l’issue de ces combats, les différentes sources trouvées évoquent unanimement le massacre généralisé qui concluait ces jeux, sans préciser lequel des combattants l’emportait sur l’autre.
« En 93 av. J.C., Sylla fit donner un combat de cent lions. En 55 av. J.C., Pompée, à l’occasion de l’inauguration de son théâtre, organisa dans le Circus Maximus une chasse gigantesque où furent massacrés, en deux jours, plusieurs centaines de lions, panthères, rhinocéros, singes et, dans des conditions atroces, des éléphants. » in Plaisirs, combats et jeux du cirque dans la Rome antique, par Monique Jallet-Huant.
Dans la mythologie perse, le thème du combat lion contre taureau revient régulièrement, comme le montre cette sculpture (Persépolis (Iran). Bas-relief décorant un escalier monumental. VIe-Ve s. av. J.-C) :
ou encore cette monnaie (CILICIE - TARSE - SATRAPE MAZAIOS -361-334 avant J.-C.) :
Voir aussi l’article de Jean-Paul Roux sur les combats d'animaux dans l'art et la mythologie Irano-Turcs.
Dans ces représentations le lion est toujours présenté en position dominante, attaquant le taureau, le dévorant.
En effet, en tant que représentant de la royauté perse, le lion véhicule une certaine idée de puissance et de grandeur. Il serait donc mal vu qu’il s’incline en face de son adversaire.
C’est ce que Jean Chardin nous raconte dans ses récits de Voyages en Perse et autre lieux de l' Orient :
« La dernière Figure, qui se voit sur la rampe du degré, est un Lion qui déchire un Taureau. Encore aujourd'hui dans les Fêtes et dans les Spectacles des Persans, on donne de ces combats au peuple. On met un jeune Taureau au milieu d'un Cirque. On l'effarouche pour le mettre en fureur, et puis on lui détache le Lion ,mais parce que le Lion est l'emblème de la Monarchie Persane, en qualité de Roi, et du plus Noble des Animaux , le peuple fort superstitieux, et attaché aux présages , croiroit que ce seroit une chose de mauvaise augure pour leur Païs, si le Lion ne déchiroit pas le Taureau; c'est pourquoi ils lâchent toujours le Lion , lors que le Taureau a le dos tourné, et qu'il ne court pas. Le Maître du Lion le tenant par le collier, lui tourne la tête vers le Taureau, jusqu'à ce qu'il ait les yeux dessus. Dès que le Lion l'aperçoit, il fait un cri, et s'élance par sauts de huit à dix pas, avec tant de vitesse, que l'œil a de la peine à le suivre. II se jette sur le dos du Taureau, qu'il abat d'ordinaire ; et si par hasard il le manque au septième ou huitième saut, il s'arrête et se rebute; et alors on retient le Taureau. On ramène le Lion à sa vue, et à cause de l'augure dont j'ai parlé, on fait toujours en sorte que le Lion remporte la victoire, & qu'il renverse le Taureau qu'on égorge sous lui, afin qu'il en boive le sang. »
Il semblerait donc que durant l’Antiquité, le taureau avait peu de chance de l’emporter face au lion lors d’un combat.
Plus tardivement, d’après Arles à la fin du Moyen-âge de Louis Stouff, ce genre de spectacle était couramment organisé pour agrémenter diverses festivités.
Le fauve l’emportait systématiquement, et ce sans qu’il y ait intervention humaine. Voici par exemple ce que Louis Jacquemin rapporte dans son Guide du Voyageurs dans Arles :
« Le lion d'Arles, quoique vieux et presque sans crinière, combattit deux fois contre un taureau furieux et resta deux fois maître de l'arène aux applaudissements de la multitude. »
Au XIXème siècle, alors que les corridas et les spectacles tauromachiques sont en plein essor, les taureaux sont souvent amenés à affronter des fauves.
Caramelo, taureau de combat célèbre pour ses victoires, affronta en 1848 un lion puis un tigre sur l’arène du cirque de Madrid. D’après Animaux de sport, lévriers-taureaux-coqs de Jacques Boulenger et Émile Henriot, c'est Labrador, qui, à Cadix, lutta contre un lion, en 1899 :
« Cinq fois le lion revint à la charge et cinq fois le taureau le repoussa. Le lion finit par terre écrasé. On le sortit plus mort que vif, et fort honteux, de la cage… »
Enfin, à Roubaix en 1895, Goliath le lion et Venaito le taureau s’affrontent puis abandonnent le combat, qui se termina par la mise à mort du taureau afin d’apaiser la frustration du public.
Pour plus de détails voir l'article Tauromachie en 1899. Taureau contre Lion.
Si le taureau de combat élevé spécialement pour les corridas l'emporte plus facilement sur le lion que ses ancêtres de l'Antiquité, l'issue fatale de ce genre de spectacle ne lui laissait pas vraiment l'occasion d'apprécier ses victoires.
Quelques documents sur la tauromachie :
- La tauromachie : histoire et dictionnaire de Robert Bérard
- Histoire de la corrida en Europe du XVIIIe au XXIe siècle de Elisabeth Hardouin-Fugier
Commentaire de
reptile :
Publié le 08/07/2013 à 09:26
Donc finalement qui l'emporte dans ces combats du 19 ème siècle entre taureau de combat et lion?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 08/07/2013 à 14h27
Bonjour,
Comme nous l’avons dit précédemment et ce d’après les exemples que nous avons trouvé au 19ème siècle, le taureau de combat l’emporte sur le lion.
Cela peut très certainement s’expliquer par ses aptitudes spécifiques pour le combat, le bovin étant conçu et entrainé tout spécialement pour les spectacles tauromachiques.
Cordialement.
Comme nous l’avons dit précédemment et ce d’après les exemples que nous avons trouvé au 19ème siècle, le taureau de combat l’emporte sur le lion.
Cela peut très certainement s’expliquer par ses aptitudes spécifiques pour le combat, le bovin étant conçu et entrainé tout spécialement pour les spectacles tauromachiques.
Cordialement.
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Commentaires 1
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