Question d'origine :
Bonjour,
Comment construisait-on les ponts qui enjambent les fleuves avant l'aire industrielle ?
Merci
Réponse du Guichet

Bonjour,
La construction des ponts avant l’ère industrielle implique une période historique vaste, l’industrialisation ne datant que du XIXème siècle. Les techniques ont évolué au fil des âges. Nous ne pouvons que vous présenter brièvement les différentes techniques. Les "premiers ponts" datent de la préhistoire. Voici les techniques existant de la préhistoire à l’antiquité. Chaque civilisation a fait preuve d’ingéniosité pour construire des ponts entre les rives, et les être humains.
Nous avons extrait des passages de l’ouvrage « Les ponts d'hier et d'aujourd'hui » de Jean-Marie Savet, ouvrage très clair dans son style, ses explications et les nombreux schémas, que nous ne pouvons exposer ici. Mais vous les retrouverez en empruntant le livre dans toute bibliothèque.
Nous avons également consulté d’autres livres au sujet des ponts. Les informations se recoupent. Vous trouverez les références à la fin de cette réponse.
De la préhistoire à l’Antiquité :
Le gué :
Un gué est un endroit du cours d’eau où l’on peut traverser sans nager, en marchand sur le fond.
La passerelle :
Les premiers ponts étaient essentiellement construits avec du bois et des lianes : les ponts primitifs. Les passerelles étaient vraisemblablement « constituées à partir de matériaux naturels (lianes, etc…), avec une grosse corde sur laquelle on peut marcher et deux autres cordes latérales servant de garde-corps, pour garder l’équilibre » (page 22).
Les ponts de bateaux :
« composé d’un plancher en bois reposant sur des bateaux régulièrement espacés, ce type d’ouvrage est d’une grande facilité de mise en œuvre » (page 27). (5ème siècle avant JC).
Les ponts en bois :
« la présence de ponts en bois est attestée en gaule, avant la période romaine. » (…) les ouvrage les plus courants étaient des ponts sur pilotis, dont les pieux étaient souvent munis de sabots ferrés. Ainsi, le bois pouvait résister aux efforts subis lors de l’enfoncement des pieux. » (page 29)
« les ponts en pierre, plus durables, ont été préférés dès la Gaule romaine, mais les ponts en bois n’ont pas disparu pour autant. Ce type d’ouvrage a perduré pendant tout le Moyen-âge et même bien au-delà, pusiqu’on en trouve encore au 19ème siècle. (page 30)
Les ponts de pierre :
"La fausse voûte a été utilisée essentiellement pour la construction des temples, en Egypte et dans la Grèce (…) ainsi qu’en Amérique précolombienne. Elle est constituée de pierres taillées disposés en lits horizontaux, chaque rangée dépassant la précédente jusqu’à ce que le deux parties de l’ouvrage se rejoignent. Facile à réaliser, cette technique ne permet malheureusement pas de supporter des charges importantes. "(page 31)
Les « vestiges les plus anciens ne correspondent plus à des ponts mais à des voûtes dans des bâtiments réalisés sur la terre ferme. Dans la même région [moyen-orient] et plus de 1000 ans après, les ponts de Babylone décrits par Hérodote ne sont toujours pas voûtés ! comment se fait-il que tant de siècles se soient écoulés entre l’invention de la voûte – découverte majeure en architecture – et le moment où elle est imposée pour les ponts ? il y a là un mystère. » (page 34)
Des romains au 18ème siècle :
Les Romains :
Les Romains étaient très compétents en matière de génie civil ; par ailleurs ils avaient besoin de moyens de communication importants pour faire vivre leur Empire. Et comme souvent "la nécessité est mère de l’invention", d’après l’adage anglais, ils furent à l’origine de deux inventions décisives dans l’histoire de la construction des ponts : le batardeau et le ciment.
« Le batardeau est une enceinte permettant de travailler à l’abri de l’eau. Pour le réaliser, les Romains enfonçaient une double rangée de pieux, avec un remplissage en argile, pour assurer l’étanchéité. Ils pouvaient ensuite travailler à sec et construire ainsi de solides fondations. Le village de Pouzzoles, au pied du Vesuve, recèle des « cendres volantes », encore utilisées aujourd’hui comme ciment avec du sable additionnée d’un peu d’eau, les Romains obtenaient un mortier résistant bien à l’eau et aux intempéries (contrairement à celui qu’on peut obtenir avec de la chaux). Ces deux importants progrès étant réalisés, ils restait à encaisser la poussée due à la voûte ; sur un échaffaudage en bois, les Romains construisaient leurs arches en plein cintre, c’est-à-dire en demi-cercle, les unes après les autres. Les piles tenaient si elles étaient suffisamment larges pour que la poussée de la voûte arrive jusqu’aux fondations. De façon empirique, ils ont constaté qu’une bonne solidité était à peu près au tiers de la portée du pont. C’est cette proportion que l’on retrouve sensiblement dans tous les ouvrages qu’ils nous ont laissés. » (page 42)
Le Moyen-âge :
"Comme dans bien des domaines, la construction des ponts a connu une éclipse après la chute de l’Empire romain. Heureusement, les frères pontifes ont pu non seulement conserver cet art mais souvent l’améliorer. Le pont d’Avignon (1187) (…) représente certainement le plus bel exemple de cette habileté. » il a été nécessaire de fortifier les ponts médiévaux, à cause des luttes féodales. (page 44)
La Renaissance :
« L’essor de la science moderne s’est accompagné d’une floraison de talents dans le domaine architectural. Leur liste est longue (…) Les architectes de la renaissance se sont consacrés en particulier à la construction des ponts et les recherches menées au cours de cette période ont permis des progrès à la fois esthétiques et techniques, préfigurés dès 1345 par le Ponte Vecchio à Florence » . (page 45)
« Parmi les nouvelles techniques expérimentées, il convient de citer en particulier les poutre-treillis en bois, mises au point par Andrea Palladio. Son idée était de réaliser des structures à la fois légères et résistantes, en entrecroisant les éléments en bois, un peu à la manière des vanniers, quand ils fabriquent des objets en osier, en rotin ou en jonc. Le pont des Alpes, qu’il a construit à Bessano en 1568, est un bel exemple de cette technique, qui sera réutilisée par la suite, pour la construction des ouvrages en fer ou en acier. Il présente un certains nombre de dispositions constructives intéressantes ». Pour en savoir plus à ce sujet, vous pouvez vous reporter aux pages 47 et 48.
Vous pouvez aussi consulter les pages relatives au fameux pont Rialto à Venise (1591) qui abordent la recherche de nouvelles techniques pour franchir le Rialto.
18ème siècle :
"Aux architectes de la renaissance vont se succéder les ingénieurs, en raison du développement des sciences appliquées. C’est en 1747 que l’Ecole de Ponts et Chaussées a été créée par Daniel Charles Trudaine. L’ingénieur Jean Perronet fut el premier à comprendre, par des voûtes en maçonnerie. » (page 51)
Ouvrages consultés :
• Les ponts d'hier et d'aujourd'hui / Jean-Marie Savet
Faire un pont était, autrefois, à la portée de tout le monde : il suffisait de jeter un arbre en travers de la rivière ou de tresser quelques lianes et le tour était joué. Depuis quelque temps les prouesses techniques se multiplient, à tel point qu'un non-spécialiste n'est plus en mesure de comprendre comment un pont est construit. Or cette compréhension paraît indispensable, pour apprécier pleinement les qualités d'un ouvrage d'art. Les " Ponts d'hier et d'aujourd'hui " ont été écrits, à l'intention du grand public, pour relever le défi et combler cette lacune des temps modernes. Depuis les ponts primitifs, en passant par les Romains, le Moyen-Âge et la Renaissance, pour aboutir au viaduc de Millau, l'évolution des techniques est passée en revue, sans oublier, bien sûr, le côté esthétique. Cette grande aventure, où les ingénieurs sont constamment aux prises avec les éléments, n'est pas seulement illustrée par de nombreuses photos, depuis les ponts primitifs jusqu'au viaduc de Millau. Pour chaque innovation, des croquis explicatifs originaux permettent de découvrir, de façon simple, les principes de fonctionnement. De l'avis de tous ceux qui l'ont déjà lu, ce livre amène à voir les ponts autrement...
• Les ponts / Angia Sassi Perino, Giorgio Faraggiana; [trad. de l'italien par Véronique Renucci]
• L'art du vide [Multi-supports] : ponts d'ici et d'ailleurs : trois siècles de génie français, XVIIIe-XXe : exposition, Roubaix, Archives nationales du monde du travail, 21 novembre 2008-17 juillet 2009 / sous la direction de Françoise Bosman, Martine Mille et Gersende Piernas
Voici également deux précédentes questions du Guichet sur la thématique du pont :
• Ponts :
Comment s'y prenait-on autrefois pour bâtir des ponts sur les fleuves ? Notamment comment les moines ont il fait pour construire le pont sur le Rhône qui faisait face à l'Hôtel Dieu et qui reliait alors la presqu'île à ce qui est aujourd'hui le 3eme arrdt ?
• Construction :
En visitant le château de Chenonceau, une question de construction m'est venue. Comment les piles du pont sur lequel le chateau est édifié, ont été réalisées par les hommes de cette époque ? La loire coulant à cet endroit !
Et pour finir, une citation d'Antoine de Saint-Exupéry :
"Si tu veux que les hommes s'entendent, fais leur construire un pont".
Source : Les Ponts d'hier et d'aujourd'hui / Jean-Marie Savet
La construction des ponts avant l’ère industrielle implique une période historique vaste, l’industrialisation ne datant que du XIXème siècle. Les techniques ont évolué au fil des âges. Nous ne pouvons que vous présenter brièvement les différentes techniques. Les "premiers ponts" datent de la préhistoire. Voici les techniques existant de la préhistoire à l’antiquité. Chaque civilisation a fait preuve d’ingéniosité pour construire des ponts entre les rives, et les être humains.
Nous avons extrait des passages de l’ouvrage « Les ponts d'hier et d'aujourd'hui » de Jean-Marie Savet, ouvrage très clair dans son style, ses explications et les nombreux schémas, que nous ne pouvons exposer ici. Mais vous les retrouverez en empruntant le livre dans toute bibliothèque.
Nous avons également consulté d’autres livres au sujet des ponts. Les informations se recoupent. Vous trouverez les références à la fin de cette réponse.
Le gué :
Un gué est un endroit du cours d’eau où l’on peut traverser sans nager, en marchand sur le fond.
La passerelle :
Les premiers ponts étaient essentiellement construits avec du bois et des lianes : les ponts primitifs. Les passerelles étaient vraisemblablement « constituées à partir de matériaux naturels (lianes, etc…), avec une grosse corde sur laquelle on peut marcher et deux autres cordes latérales servant de garde-corps, pour garder l’équilibre » (page 22).
Les ponts de bateaux :
« composé d’un plancher en bois reposant sur des bateaux régulièrement espacés, ce type d’ouvrage est d’une grande facilité de mise en œuvre » (page 27). (5ème siècle avant JC).
Les ponts en bois :
« la présence de ponts en bois est attestée en gaule, avant la période romaine. » (…) les ouvrage les plus courants étaient des ponts sur pilotis, dont les pieux étaient souvent munis de sabots ferrés. Ainsi, le bois pouvait résister aux efforts subis lors de l’enfoncement des pieux. » (page 29)
« les ponts en pierre, plus durables, ont été préférés dès la Gaule romaine, mais les ponts en bois n’ont pas disparu pour autant. Ce type d’ouvrage a perduré pendant tout le Moyen-âge et même bien au-delà, pusiqu’on en trouve encore au 19ème siècle. (page 30)
Les ponts de pierre :
"La fausse voûte a été utilisée essentiellement pour la construction des temples, en Egypte et dans la Grèce (…) ainsi qu’en Amérique précolombienne. Elle est constituée de pierres taillées disposés en lits horizontaux, chaque rangée dépassant la précédente jusqu’à ce que le deux parties de l’ouvrage se rejoignent. Facile à réaliser, cette technique ne permet malheureusement pas de supporter des charges importantes. "(page 31)
Les « vestiges les plus anciens ne correspondent plus à des ponts mais à des voûtes dans des bâtiments réalisés sur la terre ferme. Dans la même région [moyen-orient] et plus de 1000 ans après, les ponts de Babylone décrits par Hérodote ne sont toujours pas voûtés ! comment se fait-il que tant de siècles se soient écoulés entre l’invention de la voûte – découverte majeure en architecture – et le moment où elle est imposée pour les ponts ? il y a là un mystère. » (page 34)
Les Romains étaient très compétents en matière de génie civil ; par ailleurs ils avaient besoin de moyens de communication importants pour faire vivre leur Empire. Et comme souvent "la nécessité est mère de l’invention", d’après l’adage anglais, ils furent à l’origine de deux inventions décisives dans l’histoire de la construction des ponts : le batardeau et le ciment.
« Le batardeau est une enceinte permettant de travailler à l’abri de l’eau. Pour le réaliser, les Romains enfonçaient une double rangée de pieux, avec un remplissage en argile, pour assurer l’étanchéité. Ils pouvaient ensuite travailler à sec et construire ainsi de solides fondations. Le village de Pouzzoles, au pied du Vesuve, recèle des « cendres volantes », encore utilisées aujourd’hui comme ciment avec du sable additionnée d’un peu d’eau, les Romains obtenaient un mortier résistant bien à l’eau et aux intempéries (contrairement à celui qu’on peut obtenir avec de la chaux). Ces deux importants progrès étant réalisés, ils restait à encaisser la poussée due à la voûte ; sur un échaffaudage en bois, les Romains construisaient leurs arches en plein cintre, c’est-à-dire en demi-cercle, les unes après les autres. Les piles tenaient si elles étaient suffisamment larges pour que la poussée de la voûte arrive jusqu’aux fondations. De façon empirique, ils ont constaté qu’une bonne solidité était à peu près au tiers de la portée du pont. C’est cette proportion que l’on retrouve sensiblement dans tous les ouvrages qu’ils nous ont laissés. » (page 42)
"Comme dans bien des domaines, la construction des ponts a connu une éclipse après la chute de l’Empire romain. Heureusement, les frères pontifes ont pu non seulement conserver cet art mais souvent l’améliorer. Le pont d’Avignon (1187) (…) représente certainement le plus bel exemple de cette habileté. » il a été nécessaire de fortifier les ponts médiévaux, à cause des luttes féodales. (page 44)
« L’essor de la science moderne s’est accompagné d’une floraison de talents dans le domaine architectural. Leur liste est longue (…) Les architectes de la renaissance se sont consacrés en particulier à la construction des ponts et les recherches menées au cours de cette période ont permis des progrès à la fois esthétiques et techniques, préfigurés dès 1345 par le Ponte Vecchio à Florence » . (page 45)
« Parmi les nouvelles techniques expérimentées, il convient de citer en particulier les poutre-treillis en bois, mises au point par Andrea Palladio. Son idée était de réaliser des structures à la fois légères et résistantes, en entrecroisant les éléments en bois, un peu à la manière des vanniers, quand ils fabriquent des objets en osier, en rotin ou en jonc. Le pont des Alpes, qu’il a construit à Bessano en 1568, est un bel exemple de cette technique, qui sera réutilisée par la suite, pour la construction des ouvrages en fer ou en acier. Il présente un certains nombre de dispositions constructives intéressantes ». Pour en savoir plus à ce sujet, vous pouvez vous reporter aux pages 47 et 48.
Vous pouvez aussi consulter les pages relatives au fameux pont Rialto à Venise (1591) qui abordent la recherche de nouvelles techniques pour franchir le Rialto.
"Aux architectes de la renaissance vont se succéder les ingénieurs, en raison du développement des sciences appliquées. C’est en 1747 que l’Ecole de Ponts et Chaussées a été créée par Daniel Charles Trudaine. L’ingénieur Jean Perronet fut el premier à comprendre, par des voûtes en maçonnerie. » (page 51)
• Les ponts d'hier et d'aujourd'hui / Jean-Marie Savet
Faire un pont était, autrefois, à la portée de tout le monde : il suffisait de jeter un arbre en travers de la rivière ou de tresser quelques lianes et le tour était joué. Depuis quelque temps les prouesses techniques se multiplient, à tel point qu'un non-spécialiste n'est plus en mesure de comprendre comment un pont est construit. Or cette compréhension paraît indispensable, pour apprécier pleinement les qualités d'un ouvrage d'art. Les " Ponts d'hier et d'aujourd'hui " ont été écrits, à l'intention du grand public, pour relever le défi et combler cette lacune des temps modernes. Depuis les ponts primitifs, en passant par les Romains, le Moyen-Âge et la Renaissance, pour aboutir au viaduc de Millau, l'évolution des techniques est passée en revue, sans oublier, bien sûr, le côté esthétique. Cette grande aventure, où les ingénieurs sont constamment aux prises avec les éléments, n'est pas seulement illustrée par de nombreuses photos, depuis les ponts primitifs jusqu'au viaduc de Millau. Pour chaque innovation, des croquis explicatifs originaux permettent de découvrir, de façon simple, les principes de fonctionnement. De l'avis de tous ceux qui l'ont déjà lu, ce livre amène à voir les ponts autrement...
• Les ponts / Angia Sassi Perino, Giorgio Faraggiana; [trad. de l'italien par Véronique Renucci]
• L'art du vide [Multi-supports] : ponts d'ici et d'ailleurs : trois siècles de génie français, XVIIIe-XXe : exposition, Roubaix, Archives nationales du monde du travail, 21 novembre 2008-17 juillet 2009 / sous la direction de Françoise Bosman, Martine Mille et Gersende Piernas
Voici également deux précédentes questions du Guichet sur la thématique du pont :
• Ponts :
Comment s'y prenait-on autrefois pour bâtir des ponts sur les fleuves ? Notamment comment les moines ont il fait pour construire le pont sur le Rhône qui faisait face à l'Hôtel Dieu et qui reliait alors la presqu'île à ce qui est aujourd'hui le 3eme arrdt ?
• Construction :
En visitant le château de Chenonceau, une question de construction m'est venue. Comment les piles du pont sur lequel le chateau est édifié, ont été réalisées par les hommes de cette époque ? La loire coulant à cet endroit !
Et pour finir, une citation d'Antoine de Saint-Exupéry :
Source : Les Ponts d'hier et d'aujourd'hui / Jean-Marie Savet
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