Question d'origine :
Bonjour,
pouvez vous m'indiquez un ouvrage ou des articles expliquants l'exposition qui eut lieu au musée des Beaux arts de Lucerne (Suisse) en 1935 s'intitulant "Thèse, antithèse, synthèse"?
Je vous remercie par avance pour votre réponse!
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 04/02/2013 à 11h59
Afin de retrouver d’éventuels articles de périodiques sur cette exposition, nous avons interrogé des bases internationales de dépouillement d’articles de périodiques spécialisées dans le domaine de l’art :
Artbibliographies modern : base spécialisée dans l’art moderne et contemporain. Le dépouillement commence pour des documents remontant à la fin des années 1960.
Aucun résultat.
Bulletin signalétique des arts plastiques : recense des articles de périodiques, des années 1985 à aujourd'hui, d'art contemporain français et étrangers.
Aucun résultat.
International Bibliography of Art : héritière du BHA, après 2007, couvre l’Art européen depuis la fin de l'Antiquité
Aucun résultat.
BHA and RILA : documents dépouillés à partir de 1975.
Aucun résultat.
Ne pouvant obtenir de références d’article sur le sujet dans ces bases, qui débutent leur recensement dans les années 70, il faut alors examiner les revues publiées à l’époque même de l’exposition.
Un compte-rendu de l’exposition est fait dans le n° 114 du 8 mars 1935, p. 6, de la revue Beaux-arts :
«
A Lucerne, au Kunstmuseum a lieu une très intéressante exposition qui, sous le titre de Thèse, antithèse, synthèse, présente des œuvres cubistes ou abstraites. Participent à l’exposition : Picasso, Derain, Fauber-Arp [sic], Ozenfant, Zaalen [sic], Nicholson, Mondrian, Miró, Léger, Klee, Kandinsky, Hélion, Gris, Gonzalez, Giacometti, Fernandez, Ernst, Erni, Chirico, Calder, Braque, Arp. Près de cent oeuvres sont ainsi présentées. Elles ont été judicieusement choisies par l’organisateur de l’exposition, le Dr Paul Hiber, conservateur du Kunstmuseum. Le catalogue établi avec beaucoup de soin comprend une précieuse bibliographie. Il publie, d’autre part, quelques textes de divers peintres exposants, notamment un court « art poétique » de Fernand Léger qui réclame pour notre temps des tableaux réalisés, exécutés, achevé comme des beaux objets usuels qui les entourent… Un art plastique mural qui s’adapte aux nouvelles architectures, les illustre et les valorise. »
Nous avons également parcouru l’année 1935, sans succès, pour les revues La Gazette Drouot et Gazette des beaux-arts.
Nous verrons par la suite qu’un article a été rédigé par Erni dans la revue anglaise Axis, n°2, 1935.
En consultant le catalogue SUDOC, on s’aperçoit que ce numéro est accessible à la bibliothèque du MNAM, Centre Pompidou.
Cette exposition fameuse en Suisse, en présentant l’avant-garde artistique du moment, a fait l’objet d’un catalogue. L’exposition regroupait des œuvres des artistes suivants : Arp [il existe un centre de documentation sur cet artiste, à Clamart], Braque, Calder, Chirico, Derain, Erni, Ernst, Fernandez, Giacometti, Gonzalez, Gris, Hélion, Kandinsky, Klee, Léger, Miró, Mondrian, Nicholson, Paalen [archives Paalen], Ozenfant, Picasso, Taeuber-Arp.
La bibliothèque Kandinsky, au Centre Pompidou à Paris, en possède 3 exemplaires.
Vous pouvez retrouver les bibliothèques qui en possèdent un exemplaire dans le monde, notamment aux Etats-Unis ou en Suisse, grâce au catalogue collectif mondial Worlcat.
Vous aurez la notice bibliographique la plus détaillée possible du catalogue de l’exposition sur le site de la Smithsonian Institution.
Ce catalogue de 47 pages, et comportant 11 pages de planches, a été publié sous trois couvertures différentes, avec un titre en allemand, français ou anglais.
Quelques données concernant la réalisation matérielle et la typographie du catalogue de l’exposition sont présentes sur le site Wiedler.
A part ce catalogue de l’exposition, il vous faudra contacter directement le Kunstmuseum Luzern pour savoir si des archives existent sur l’exposition en question.
Il serait aussi judicieux d’entreprendre des recherches à partir d'Hans Erni [un article d’une page complète, en allemand, avec une illustration couleur et des références bibliographiques, figure dans l’ouvrage Biografisches Lexikon der Schweizer Kunst ; un article d’une demi-page, en allemand, dans le livre Lexikon der zeitgenössischen Schweizer Künstler], qui fut l’un des instigateurs de cette manifestation par sa connaissance des avant-gardes parisiennes, ou bien d’étudier des ouvrages historiques sur les débuts de l’art du XXe siècle, des avant-gardes et de l’art abstrait dans les années 30, et notamment le mouvement « Abstraction-Création », ainsi que l’ « abstraction biomorphique ».
Cette exposition semble avoir été un événement marquant à l'époque, de portée internationale. De nombreux livres signalent son existence. Une recherche dans Google Livres donne de nombreuses réponses pour l'intitulé « "these, antithese, synthese" 1935 ». Google indique la page et les références du livre où la mention de cette exposition figure, soit dans une bibliographie, soit dans le corps du texte. Nous possédons quelques ouvrages cités dans la liste - Art et représentation: neuf études / Pierre-Georges Bruguière ; Cahiers du Musée national d'art moderne ; Le cercle et l'amibe: le biomorphisme dans l'art des années 1930 / Guitemie Maldonado ; etc. - et vous avez la possibilité de repérer des bibliothèques pour les autres ouvrages par l'intermédiaire du catalogue collectif français, le Ccfr.
Voici le passage du livre Le cercle et l'amibe lié à l'exposition thèse, antithèse, synthèse :
« S'il revient à Grigson d'avoir importé le terme biomorphisme dans le vocabulaire de l'histoire de l'art moderne, son texte reste relativement confidentiel et c'est sans doute par Alfred H. Barr Jr. que le terme a pu gagner en visibilité : une seconde naissance en quelque sorte. Bientôt en effet, il traverse l'Atlantique et figure en 1936 dans l'ambitieux historique conçu par Barr comme un bilan de l'évolution ayant conduit du cubisme à l'art abstrait. La bibliographie compilée par Beaumont Newhall - alors bibliothécaire du Museum of Modern Art - avec l'aide de James Johnson Sweeney, à partir de celles de l'exposition These Antithese Synthese (Lucerne, 1935) et de l' Histoire de l'art contemporain dirigée par René Huyghe (1935), porte mention de l'ouvrage de Grigson, ainsi que de la revue Axis à laquelle il collabore ; si cela ne suffit pas à pointer les sources directes de Barr, on peut tout au moins tracer de la sorte, en filigrane, une généalogie du biomorphisme. Outre son emploi par Barr, sans définition préalable, comme une donnée désormais acquise, il existe des échos suffisamment nets entre les textes (l'emploi de impure ou de half-abstraction par exemple) pour envisager une éventuelle influence directe ; les archives Barr n'apportent cependant aucune confirmation sur ce point.
Dans la pensée binaire et comparatiste de Barr, l'abstraction biomorphique apparaît sous la rubrique plus générale d'« art abstrait non-géométrique» qui, dans son désormais célèbre diagramme – reproduit sur la couverture du catalogue et affiché sur les murs de l'exposition -, fait pendant à 1'« art abstrait géométrique », derniers avatars des deux longues chaînes historiques issues respectivement de Gauguin et de Cézanne. Plusieurs hypothèses à la disparition de l'adjectif dans le diagramme définitif : le biomorphisme peut n'être qu'une branche de l'art abstrait non géométrique, ce qui, du fait du manque de recul pour juger de la période, aurait fait opter Barr pour une dénomination plus générale ; ce repentir peut également s'expliquer par le fait que le terme n'est pas encore véritablement reconnu et assimilé. Toujours est-il que cette absence laisse augurer de son étrange destin, après 1936. »
Sur ce point de l'abstraction biomorphique, retenons dans un communiqué de presse consacré à Hélion par le centre Pompidou, les idées suivantes :
« En 1934, Jean Hélion quitte l 'A.E.A.R. et Abstraction-Création. Ces démissions sanctionnent sa remise en cause de l'abstraction. Art Concret avait pour socle théorique, une « mathématique » qu'Hélion reconsidère radicalement au milieu des années 1930. ("Art et mathématiques" était le sous-titre d'un des textes qu'il avait rédigé pour le premier, et seul numéro, de la revue Art Concret). À partir de 1933, il renonce au principe mathématique, au registre formel de la géométrie, au profit de son antithèse esthétique et philosophique : le paradigme naturaliste. À la stabilité des formes cristallines, il substitue le principe de croissance organique de la nature. [ ...]
[...] Pendant les années 1930, au-delà du surréalisme, le modèle biologique s'impose à l'art, à sa théorie. Henri Focillon l'érige en modèle de sa Vie des formes : «Nous sommes fondés. à penser qu'elles [les formes plastiques] constituent un ordre et que cet ordre est animé du mouvement de la vie. Elles sont soumises au principe des métamorphoses, qui les renouvelle perpétuellement [...].» Hélion répond presque terme pour terme à ce «biologisme » dans le texte
« From Reduction to Growth » qu'il publie dans la revue anglaise Axis: « L'œuvre est considérée comme un organisme en croissance. Autant que possible, elle échappe à la toile, comme elle échappe à l'artiste. Plutôt plus que moins.»Il assume en toute conscience le changement de finalité de son art qu'induit son abandon des formes parfaites de l'eidos au profit du vitalisme de la physis. [...]
[...] Le calendrier de ses expositions en 1935-1936 est particulièrement chargé. En février 1935, il prend part avec Nicholson à une exposition de groupe organisée par Hans Erni, «Thèse, Antithèse, Synthèse». [...] Si l'analyse de l'exposition que livre Erni dans Axis 2 suscite des questions, celle-ci s'impose néanmoins comme un événement international. »
Le livre L'art du XXe siècle : 1900-1939 / Jean-Paul Bouillon, Paul-Louis Rinuy, Antoine Baudin, note à propos de cette exposition :
« Mais davantage que les usages possibles de la figure, c'est l'extension de ce vocabulaire organique qui va marquer l’évolution des langages abstraits de la décennie. Le libre déploiement d'une ligne autonomisée et d'un plan sinueux vient subvertir la poétique de l'angle droit. Hans Arp était déjà le maître de ce biomorphisme qui implique à divers degrés (hasard, subconscient, subjectivité des sens) une communication avec la démarche surréaliste. Dès avant 1930, les reliefs construits d'un Léon Tutundjian, cofondateur du groupe Art concret, exploitaient des associations matérielles incongrues ; il rompra en 1932 avec Abstraction-Création pour pratiquer une figuration onirique narrative. Et nombreux sont les jeunes artistes qui aspirent à une synthèse entre traditions constructive et irrationaliste : en Angleterre, en Pologne, en Tchécoslovaquie, au Danemark, en Suisse, où le peintre Hans Erni organise en 1935 à Lucerne une grande exposition internationale sur ce thème (Thèse, Antithèse, Synthèse), tandis que plusieurs de ses associés d'Abstraction-Création passent dans le giron du surréalisme. Parallèlement, diverses personnalités élaborent dans un relatif isolement les prémisses immédiates de la future abstraction lyrique, à commencer par l'Allemand Hans Hartung, qui déploie déjà en toute spontanéité dans sa peinture masses colorées et lignes gestuelles. La démarche peut être aussi collective, comme dans le cas des Danois de la revue Linien, occupés dès 1933 à concrétiser une hypothétique abstraction surréaliste : en 1938, l'Accumulation d'Egill Jacobsen préfigure directement l'anti-esthétique du mouvement Cobra. »
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