Question d'origine :
Bonsoir,
Est-il vrai que dans le Coran se trouvent des "prédictions" qui ont réellement eu lieu? On m'a avancé à plusieurs reprises cette idée et j'aimerai bien avoir des éléments précis de réponse.
Merci
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 09/01/2013 à 14h34
La recherche dans Google avec les mots coran prédiction permet de constater à quel point cette thématique préoccupe intensément le web des forums, au même titre sans doute qu'une certaine fin du monde dont nous pouvons aujourd'hui dire que nous en avons prédit la fin certaine (de la prédiction)...
Essayons de rester un peu sérieux et de débroussailler un territoire bien complexe, à savoir : la difficulté à différencier divination et prophétie, le problème posé par la divination dans le Coran, et en dernier lieu le Coran utilisé comme outil divinatoire.
Qu'est-ce que le Coran : "Le Coran regrouperait les paroles qu'Allah aurait révélées au prophète et messager de l'islam Mahomet. Cette révélation s'étendrait sur une période de vingt-trois ans. Le Coran est parfois appelé simplement al-kitâb (le livre) ou adh-dhikr (le rappel). Il constituerait une des deux parts de la révélation à Mahomet, l'autre part étant constituée des hadiths dits prophétiques. Les musulmans le considèrent comme une manifestation d'un attribut divin, le kalâm (la parole), qui représenterait la capacité de Dieu (Allah en langue arabe) à transmettre à ses prophètes certaines informations relatives au Tawhid, proclamation de l'unicité divine et message central du Coran, au bien et au mal, à la vie et à la mort, au paradis et à l'enfer, ainsi qu'aux lois fixant les limites entre le licite et l'illicite."
cf Wikipedia
Le Coran contient-t-il des prédictions ? Cette question amène à poser celle de la différence entre divination et prophétie. Une question d'une complexité rare, tant elle contient de nuances et de points de vue variés selon les époques et les intervenants. Toufic Fah a consacré sa thèse de doctorat à cette question. Vous pouvez la retrouver sous le titre "La divination arabe. Etudes religieuses, sociologiques et folkloriques sur le milieu natif de l'islam" Des extraits en sont disponibles sur internet par l'intermédiaire de Google Books.
Dans sa deuxième partie, l'ouvrage traite de la nature de la divination arabe, "en cherchant à en donner une définition descriptive la différenciant d'avec les domaines limitrophes de la magie et de l'astrologie, et en mettant en relief ses affinités avec la prophétie." Voici quelques extraits qui vous permettront de comprendre que si divination et prophétie sont intimement liés, la divination n'en est pas moins "considérée comme un acte du démon, [elle] est, au même titre que la magie, condamnée (V,3). Il ne s'agit ni plus ni moins que d'une turpitude (V,90) cf Dictionnaire encyclopédique du Coran
"On chercherait en vain une définition de la divination dans les traditions et écrits proprement arabes. Ce n'est que sous l'influence de la philosophie grecque que le goût pour les notions générales et les classifications méthodiques s'infiltra peu à peu dans la pensée des arabes."
"...dans une pensée arabe plus ou moins syncrétiste, entre divination et prophétie, il existe une certaine continuité. En effet, on a l'impression que le devin qui s'exerce et se perfectionne, peut atteindre le grade supérieur du prophète et de l'inspiré. On pourrait aller jusqu'à croire que tout prophète avait été quelque peu devin avant de parvenir à l'état d'épanouissement de sa faculté de divination. Cela équivaut, en fait, au passage de la divination proprement dite qui se fait par intermédiaire, à la divination sans intermédiaire qui n'est autre, au terme de son évolution, que la prophétie."
"Mahomet eut beaucoup de peine à convaincre ses compatriotes que son action était foncièrement différente de celle du devin. Il en adoptait les méthodes et les procédés et il était, pour le moins, malaisé à son auditoire de percevoir l'esprit nouveau qui l'animait et duquel il se réclamait pour conférer à son message sa supériorité et sa transcendance.Aussi l'a-t-on pris pour un devin et c'était inévitable. Le Coran combat vigoureusement cette imputation . C'est la parole d'un Prophète considéré, y lit-on ; et ce n'est pas celle d'un poète, hommes de peu de foi ; ce n'est pas non plus celle d'un devin, hommes de peu de mémoire. C'est une révélation du Maître de l'Univers. La même affirmation se retrouve, encore plus énergique, dans une autre Sourate mekkoise : "Exhorte ! Car tu n'es, par la grâce de Dieu, ni devin, ni possédé . Ou bien ils disent : "C'est un poète que nous nous réservons pour des temps difficiles"...
cf La divination arabe de Toufic Fahd
Ces distinctions étant établies, rien n'empêche d'utiliser le Coran à titre divinatoire, comme on pourrait le faire de l'annuaire , même si ce n'est pas son usage premier . C'est l'objet d'étude de l'article Magie du Dictionnaire du Coran qui nous précise : "la conception des phénomènes dits magiques présente dans le texte sacré doit être distinguée de l'utilisation ultérieure du Coran par les praticiens de la magie dans la société islamique... il convient de relever tout d'abord la croyance en l'existence d'êtres surnaturels, et en particulier des djinns. Les djinns sont des êtres terrestres et mortels dotés d'un corps igné (15,27 ; 55,15) invisible aux hommes... Dernier élément : la relative prédictabilité [sic] du futur. Cet aspect est lié à l'existence des djinns... Les personnes spécialisées dans les prédictions étaient dites kâhin ; elles tentaient par divers procédés et notamment le recours aux djinns de répondre à des interrogations concernant l'avenir. Toutefois, précise le Coran, ces djinns ne faisaient qu'espionner le conseil céleste où Dieu délibérait avec ses anges, et celui-ci leur est désormais fermé : ils en sont chassés à présent par des étoiles filantes (37,6-10 ; 72,8-9). L'efficacité du discours de ces kâhin, équivoque et souvent erroné, est mis en doute. L'orthodoxie musulmane considère en principe comme close l'efficacité de la divination, en se fondant sur un hadith : "Plus de divination après la prophétie"
Essayons de rester un peu sérieux et de débroussailler un territoire bien complexe, à savoir : la difficulté à différencier divination et prophétie, le problème posé par la divination dans le Coran, et en dernier lieu le Coran utilisé comme outil divinatoire.
Qu'est-ce que le Coran : "Le Coran regrouperait les paroles qu'Allah aurait révélées au prophète et messager de l'islam Mahomet. Cette révélation s'étendrait sur une période de vingt-trois ans. Le Coran est parfois appelé simplement al-kitâb (le livre) ou adh-dhikr (le rappel). Il constituerait une des deux parts de la révélation à Mahomet, l'autre part étant constituée des hadiths dits prophétiques. Les musulmans le considèrent comme une manifestation d'un attribut divin, le kalâm (la parole), qui représenterait la capacité de Dieu (Allah en langue arabe) à transmettre à ses prophètes certaines informations relatives au Tawhid, proclamation de l'unicité divine et message central du Coran, au bien et au mal, à la vie et à la mort, au paradis et à l'enfer, ainsi qu'aux lois fixant les limites entre le licite et l'illicite."
cf Wikipedia
Le Coran contient-t-il des prédictions ? Cette question amène à poser celle de la différence entre divination et prophétie. Une question d'une complexité rare, tant elle contient de nuances et de points de vue variés selon les époques et les intervenants. Toufic Fah a consacré sa thèse de doctorat à cette question. Vous pouvez la retrouver sous le titre "La divination arabe. Etudes religieuses, sociologiques et folkloriques sur le milieu natif de l'islam" Des extraits en sont disponibles sur internet par l'intermédiaire de Google Books.
Dans sa deuxième partie, l'ouvrage traite de la nature de la divination arabe, "en cherchant à en donner une définition descriptive la différenciant d'avec les domaines limitrophes de la magie et de l'astrologie, et en mettant en relief ses affinités avec la prophétie." Voici quelques extraits qui vous permettront de comprendre que si divination et prophétie sont intimement liés, la divination n'en est pas moins "considérée comme un acte du démon, [elle] est, au même titre que la magie, condamnée (V,3). Il ne s'agit ni plus ni moins que d'une turpitude (V,90) cf Dictionnaire encyclopédique du Coran
"On chercherait en vain une définition de la divination dans les traditions et écrits proprement arabes. Ce n'est que sous l'influence de la philosophie grecque que le goût pour les notions générales et les classifications méthodiques s'infiltra peu à peu dans la pensée des arabes."
"...dans une pensée arabe plus ou moins syncrétiste, entre divination et prophétie, il existe une certaine continuité. En effet, on a l'impression que le devin qui s'exerce et se perfectionne, peut atteindre le grade supérieur du prophète et de l'inspiré. On pourrait aller jusqu'à croire que tout prophète avait été quelque peu devin avant de parvenir à l'état d'épanouissement de sa faculté de divination. Cela équivaut, en fait, au passage de la divination proprement dite qui se fait par intermédiaire, à la divination sans intermédiaire qui n'est autre, au terme de son évolution, que la prophétie."
"Mahomet eut beaucoup de peine à convaincre ses compatriotes que son action était foncièrement différente de celle du devin. Il en adoptait les méthodes et les procédés et il était, pour le moins, malaisé à son auditoire de percevoir l'esprit nouveau qui l'animait et duquel il se réclamait pour conférer à son message sa supériorité et sa transcendance.
cf La divination arabe de Toufic Fahd
Ces distinctions étant établies, rien n'empêche d'utiliser le Coran à titre divinatoire, comme on pourrait le faire de l'annuaire , même si ce n'est pas son usage premier . C'est l'objet d'étude de l'article Magie du Dictionnaire du Coran qui nous précise : "
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