Question d'origine :
Bonjour
Disposons nous des statistiques qui permettraient de savoir en quel lieu les ministres scolarisent leur enfants? Notamment les ministres de l'éducation.
Ecole privée, publique à l'étranger?
Et ce quel que soit leur âge.
Je me demande également dans quelle mesure le fait que l'un de leur géniteur soit homme ou femme politique pousse ou dégoute l'enfant de la politique. Cette réponse serait à mettre en corollaire avec la popularité de la personne politique.
Réponse du Guichet
bml_soc
- Département : Société
Le 05/12/2012 à 17h26
On attend en effet naturellement des responsables politiques, en particulier les ministres de l’Education Nationale, qu’ils donnent l’exemple, que leur comportement soit en accord avec les principes et les idéologies qu’ils défendent.
En 2008, un scandale au Quebec a justement égratigné les 2 ministres de L’Education nationale qui avait envoyé leurs enfants à l’ école privée.
Le choix de la scolarisation des enfants est cependant une affaire privée. Conviction religieuse, souci de trouver l’école la meilleure ou la plus adaptée pour son enfant, stratégie sociale, choix logistiques, des motivations diverses amènent les parents comme les hommes politiques à choisir des établissements publics ou privés pour leur(s) enfant(s).
Par ailleurs les personnalités publiques sont pour la plupart soucieuses de faire respecter cette vie privée d’autant lorsqu’il s’agit de protéger leurs enfants de la pression médiatique. Aussi, en dehors des tabloïds people, la presse ne s’est pas particulièrement intéressée à cette question là, les enquêtes sur l’intégrité des hommes politiques s’attachent à d’autres points que la scolarisation de leur progéniture.
Aussi les rares informations que nous avons pu trouver proviennent essentiellement du web (rien dans nos bases de presse en ligne sauf en ce qui concerne des rumeurs de la scolarisation de Louis Sarkozy dans une institution privée en Suisse, cf Le Temps, ), voire de sites dont nous ne pouvons assurer la fiabilité des contenus.
Cet article signé du SNALC (Syndicat National des Lycées et Collèges) L’hypocrisie des responsables politiques s'est intéressé à ce sujet :
"Si de plus en plus de familles désirent avoir la possibilité de choisir l’école pour leurs enfants, elles ne peuvent pas toujours le faire car les responsables politiques s’y opposent. Pourtant, lorsqu’il s’agit de leurs propres enfants, les mêmes responsables politiques préfèrent choisir une bonne école. […]. En France, l’hypocrisie des responsables politiques n’est pas moindre. Il nous a été impossible de faire la même étude auprès des parlementaires car ils refusent de répondre à ces questions. Toutefois, certains des plus farouches opposants au privé, comme Ségolène Royal, Martine Aubry, Robert Badinter, Jean-Pierre Chevènement, Pierre Joxe, ont mis ou mettent leurs enfants à l’Ecole Alsacienne. La même école qui a accueilli Mazarine, la fille de François Mitterrand. D’autres envoient leurs enfants à l’Ecole des Roches, un établissement privé hors contrat qui se trouve à Verneuil sur Avre, à une centaine de km de Paris. C’est l’Ecole "réservée" aux enfants de ministres et d’ambassadeurs.) "
Quant à l’orientation choisie par les enfants de politiques, il est aussi difficile d’établir des probabilités. Et là encore, nous n’avons pu trouver d’études sérieuses sur la question, seulement des informations éparses glanées sur le web : comme par exemple cet article people, qui revient sur le pédigre des personnalités politiques ou le site Planet.fr qui fait l’inventaire des enfants de politiques en fonction aujourd’hui, nés dans les a 80-90 et qui n’ont pas embrassé la carrière politique.
Ce film documentaire de Hélène Constanty et Alberto Marquardt, Ils ont voulu le pouvoir revient d’ailleurs sur le parcours d’hommes de droite ou de gauche que rien ne prédestinait à une telle carrière.
Le dégoût que vous évoquez, reflète bien l’image que nous avons du monde politique et de la vie politique mais est-ce vraiment l’image qu’ont les enfants de politiques de ce milieu ? L’engagement et la conviction de certains auprès de leurs parents ou famille (Thomas Hollande, Marion Maréchal Le Pen, François Guéant, Marie Bové…) comme vous pouvez le voir dans ce reportage de l’INA, montre bien que ce milieu exerce encore un fort pouvoir de séduction et que le fait d’y être né, de porter un nom connu, de se présenter comme un héritier, présente des avantages certains.
Loin des dorures parlementaires ou des maroquins ministériels, les écharpes tricolores se transmettent en famille, appuyant la thèse du caractère endogamique de la politique : que transmettent donc les élus à leurs enfants ? est-ce le goût du pouvoir, du militantisme, la valeur de l’engagement, du service public ?
Vous pourrez lire dans « La politique, une affaire de famille : flambeaux dynastiques et conflits de générations», chapitre 4 de L’ouvrage Hériter en politique : filiations, transmissions et générations politiques : Allemagne, France et Italie, XIXe-XXIe siècles sous la direction de Ludivine Bantigny et Arnaud Baubérot, une analyse historique de la transmission politique en famille.
La profession politique va aussi bien au-delà du storytelling qu’on en fait. Sur ce point, l’ouvrage Profession politique de Michel Offerlé tente de dépasser ce malaise de la représentation dont elle est victime, pour analyser le processus de professionnalisation politique.
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