Question d'origine :
Quand les premiers volets sont-ils apparus et quels étaient-ils ?
Quels sont leurs évolutions et quels sont leurs créateurs ?
A quoi servent-ils généralement ?
Le volet électrique, quel est son créateur et quand est-il apparu ?
Etc.
Merci d'avance !
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 23/10/2012 à 10h03
Bonjour,
Nous vous orientons tout d'abord vers cette précédente réponse.
En complément, voici quelques éléments d'information sur l'histoire des volets.
Quelles que soit leurs fonctions (isolation thermique, protection solaire, de l'intimité, anti-intrusion), l'histoire des volets est complètement liée à celle des fenêtres. C'est ce que nous indiquent Dominique Letellier et Charlotte Olivier dans leur ouvrage intitulé " Le décor intérieur dans l'architecture des demeures du XIIe au XXe siècles" dont voici quelques extraits :
Evolution structurelle des fenêtres au Moyen Âge
Les fenêtres les plus anciennes sont les baies ternées ouvertes sous trois arcs de faible dimension. Ces baies étaient entièrement obturées de l'intérieur par des volets percés de trous sur lesquels on posait un papier huilé, afin qu'une fois rabattus, ils laissent pénétrer un peu de lumière. La construction de ces ouvrages d'époque romane est abandonnée dès le début du XIIIe siècle. Les baies ternées sont très vite remplacées par les fenêtres géminées aux chapiteaux très ornés. [...]
Dès le XIIIe siècle, le verre apparaît dans l'architecture des fenêtres par le percement d'occuli, appelés aussi jours d'écoinçons, situés dans et au-dessus des arcs des baies. Ils deviennent donc la partie fixe du percement, pourvoyeurs de lumière, la partie inférieure étant toujours occultée par des volets articulés. Cet éclairage diffus subordonne un décor aux couleurs affirmées. Cependant, les constructeurs remarquant qu'une grande fenêtre produit plus d'éclairement que plusieurs petits percements, l'évolution des ouvertures suit cette direction. Les fenêtres s'agrandissent et s'allongent ; leur partie supérieure, garnie d'un châssis de verre dormant, se développe de plus en plus : ce sont les fenêtres à réseau de remplage, à la fois très esthétiques et permettant l'agencement de petits morceaux de verre liés au plomb, fixés dans la pierre grâce aux feuillures préalablement taillées. [...]
Vitres, vitraux et volets
La fermeture de ces baies suit évidemment l'évolution des structures. On recourt aux volets de bois plein mais aussi aux parois translucides, comme les toiles verrines ou terpentinées (passées à la térébenthine), montées sur des châssis mobiles. On utilise aussi le papier huilé ou le parchemin.
Au XIIIe siècle, le verre fait son apparition d'abord dans les occuli puis dans les remplages et devient d'usage courant, contrairement à une idée reçue. En conséquence, l'emploi du vitrail est retardé dans les maisons civiles, alors que les édifices religieux urbains s'ornent de vitraux dès le début du XIIe siècle. La capacité technique de production du verre existe sur plusieurs sites en France et il paraît évident que les commanditaires des maisons patriciennes, ornées de décors sculptés somptueux, ne reculent pas devant la dépense d'équipement pour leurs fenêtres... Ces vitraux civils se composent souvent de verre bleu, cernant un petit cercle de verre rouge, le tout lié au plomb. Il existe aussi bien des verres peints représentant des écussons, des emblèmes de chevalerie, ou des feuillages peints que des verres en grisaille. Cette diversité de couleurs anime la salle en lui conférant une ambiance particulière. Le développement de la partie vitrée se fait sans modification de la structure des volets, pratiquant un « embarras » qui ne sera résolu que par l'avènement de la fenêtre à croisée, à partir du XVe siècle. Le recours à des baies rectangulaires, croisées à remplages, n'améliore pas pour autant la fermeture des fenêtres. Ainsi, peu à peu, on verra la transformation de ces formes d'ouvertures en fenêtres à croisées, car la traverse de pierre, établie à hauteur d'imposte, réalise une séparation nette entre la vitrerie fixe du tiers supérieur et la partie ouvrante munie de volets intérieurs.
De la Renaissance à nos jours, les fenêtres s'agrandissent
La Renaissance voit la persistance des fenêtres à croisées, ou fenêtres à meneaux, qui sont larges et garnies de vitraux en grisaille ou de vitrerie à losanges ou à bornes. Des verres plats incolores sont fabriqués en Lorraine à partir de bouteilles soufflées ouvertes à chaud : ces verreries circulaires, et onéreuses, s'appellent des cives. La vitrerie est toujours sertie de plomb.
Les volets intérieurs conservent leurs divisions en petits panneaux assemblés à onglets. Ils peuvent être à deux parements lorsque leurs décors peints ou sculptés s'étendent sur la surface des deux faces.
Au début du XVIIe siècle, les meneaux de pierre, disposés en croix, sont remplacés par des pièces de bois moulurées en quart-de-rond, qui divisent les croisées en quatre ou six châssis, garnis de verres sertis au plomb, en réseaux de losanges ou de cives. Puis apparaissent les premières fenêtres à petits bois, dont les carreaux plats et irréguliers sont soufflés en Lorraine. Ils comportent des bulles d'air. De teinte violette, à cause du manganèse, ou de couleur verte, ils sont toujours sertis au plomb. Mais, dès 1630, il faut noter l'usage grandissant des vitreries tenues dans des petits bois calfeutrés avec du papier (on les dépose pour les laver). Les volets sont morcelés selon le châssis, mais au cours de ce siècle, le volet unique, souvent peint de la couleur des lambris, fait son apparition. Vers 1630, naît la porte-fenêtre (Hôtel de Rambouillet), qui peut être définie soit comme une fenêtre s'ouvrant jusqu'au sol, soit comme une porte largement vitrée. Elle met la pièce en communication directe avec le jardin ou la cour. Elle devient très vite un poncif du décor à la française.
On raconte que son avènement serait dû à un accident architectural : les allèges bâties étant de plus en plus basses pour fournir de la clarté à ces intérieurs avides de lumière, elles se seraient effondrées lors de pluies violentes, montrant ainsi qu'une fenêtre pouvait s'ouvrir comme une porte... Les fenêtres à la française sont à petits châssis et légèrement bombées.
Le XVIIIe siècle voit l'apparition des fenêtres à grands carreaux (dans certaines demeures, on observe encore la transformation de la menuiserie afin de convertir les châssis à petits-bois en châssis à grands-bois). Les baies sont obturées le soir par des menuiseries intérieures appelées « guichets brisés », qui se rabattent le jour dans les ébrasements masqués par des boiseries. Ces volets intérieurs sont toujours peints sur les deux faces, de sorte que, lors de la fermeture, ils assurent une continuité décorative. Devant les allèges, on installe des menuiseries fixes qui peuvent se transformer, grâce à un couvercle mobile, en coffres de réserves. [...]
A partir de 1750, les fenêtres à grands carreaux se généralisent et sont souvent ornées d'impostes en arcade. Dans certaines ouvertures, on trouve l'esprit du « remplage gothique » dans des impostes extérieures en menuiserie dont le dormant joliment ouvragé forme pare-soleil. Les fenêtres à la vénitienne, influencées par la vision des villas palladiennes, sont formées d'une baie centrale couverte d'un arc en plein cintre et de deux baies latérales couvertes à hauteur de l'imposte de la baie centrale.Les volets, dès cette époque, sont déplacés à l'extérieur des fenêtres, on les appelle alors contrevents ou persiennes et ils sont toujours peints en blanc, côté jardin.
Le XIXe siècle ne verra pas de transformation structurelle notoire des fenêtres. Mais la généralisation de la pose des volets à l'extérieur entraînera la disparition des balcons saillants en fer forgé du XVIIIe siècle, qui seront remplacés par des garde-corps droits en fonte ou en fer.
Quant aux volets roulants, ce site mentionne le nom d'Alphonse Pouplier comme inventeur du volet roulant moderne en 1867.
Nous n'avons pas pu vérifier cette information.
Pour aller plus loin, nous vous proposons de consulter les documents suivants :
- Menuiserie : évolution de la technique et de styles (Paris : Librairie du compagnonnage, 1988)
Un dossier très complet sur l'art de la menuiserie : principes d'étude, notions de base, histoire, bibliographie...
- Les menuiseries de fenêtres : du Moyen Age à la révolution industrielle / Hugues Poulain (Turquant (Maine-et-Loire) : l'àpart vagabonde, DL 2010)
- Les menuiseries en bois : châssis de fenêtres aux XVe, XVIe et XVIIe siècles / Jean-Louis Roger (Dourdan (Essonne), Vial, 1995) - ISBN 10 2-85101-010-7
Plans des menuiseries dessinées par l'auteur à l'occasion des restaurations qu'il a effectuées. Un document sur la menuiserie et son évolution.
Les sites internet suivants :
- Les fenêtres médiévales / par Gilles Séraphin
- Le volet, du Moyen Age au XXIème siècle, de l’utile à l’esthétique
- Wikipedia : contrevent et volet roulant
- Les châssis de fenêtres du XVe au début du XVIIIe siècle : les panneaux de vitres dormants et autres fiches
- Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle : fenêtre
- Menuiserie
Nous vous orientons tout d'abord vers cette précédente réponse.
En complément, voici quelques éléments d'information sur l'histoire des volets.
Quelles que soit leurs fonctions (isolation thermique, protection solaire, de l'intimité, anti-intrusion), l'histoire des volets est complètement liée à celle des fenêtres. C'est ce que nous indiquent Dominique Letellier et Charlotte Olivier dans leur ouvrage intitulé " Le décor intérieur dans l'architecture des demeures du XIIe au XXe siècles" dont voici quelques extraits :
Les fenêtres les plus anciennes sont les baies ternées ouvertes sous trois arcs de faible dimension. Ces baies étaient entièrement obturées de l'intérieur par des volets percés de trous sur lesquels on posait un papier huilé, afin qu'une fois rabattus, ils laissent pénétrer un peu de lumière. La construction de ces ouvrages d'époque romane est abandonnée dès le début du XIIIe siècle. Les baies ternées sont très vite remplacées par les fenêtres géminées aux chapiteaux très ornés. [...]
Dès le XIIIe siècle, le verre apparaît dans l'architecture des fenêtres par le percement d'occuli, appelés aussi jours d'écoinçons, situés dans et au-dessus des arcs des baies. Ils deviennent donc la partie fixe du percement, pourvoyeurs de lumière, la partie inférieure étant toujours occultée par des volets articulés. Cet éclairage diffus subordonne un décor aux couleurs affirmées. Cependant, les constructeurs remarquant qu'une grande fenêtre produit plus d'éclairement que plusieurs petits percements, l'évolution des ouvertures suit cette direction. Les fenêtres s'agrandissent et s'allongent ; leur partie supérieure, garnie d'un châssis de verre dormant, se développe de plus en plus : ce sont les fenêtres à réseau de remplage, à la fois très esthétiques et permettant l'agencement de petits morceaux de verre liés au plomb, fixés dans la pierre grâce aux feuillures préalablement taillées. [...]
La fermeture de ces baies suit évidemment l'évolution des structures. On recourt aux volets de bois plein mais aussi aux parois translucides, comme les toiles verrines ou terpentinées (passées à la térébenthine), montées sur des châssis mobiles. On utilise aussi le papier huilé ou le parchemin.
Au XIIIe siècle, le verre fait son apparition d'abord dans les occuli puis dans les remplages et devient d'usage courant, contrairement à une idée reçue. En conséquence, l'emploi du vitrail est retardé dans les maisons civiles, alors que les édifices religieux urbains s'ornent de vitraux dès le début du XIIe siècle. La capacité technique de production du verre existe sur plusieurs sites en France et il paraît évident que les commanditaires des maisons patriciennes, ornées de décors sculptés somptueux, ne reculent pas devant la dépense d'équipement pour leurs fenêtres... Ces vitraux civils se composent souvent de verre bleu, cernant un petit cercle de verre rouge, le tout lié au plomb. Il existe aussi bien des verres peints représentant des écussons, des emblèmes de chevalerie, ou des feuillages peints que des verres en grisaille. Cette diversité de couleurs anime la salle en lui conférant une ambiance particulière. Le développement de la partie vitrée se fait sans modification de la structure des volets, pratiquant un « embarras » qui ne sera résolu que par l'avènement de la fenêtre à croisée, à partir du XVe siècle. Le recours à des baies rectangulaires, croisées à remplages, n'améliore pas pour autant la fermeture des fenêtres. Ainsi, peu à peu, on verra la transformation de ces formes d'ouvertures en fenêtres à croisées, car la traverse de pierre, établie à hauteur d'imposte, réalise une séparation nette entre la vitrerie fixe du tiers supérieur et la partie ouvrante munie de volets intérieurs.
La Renaissance voit la persistance des fenêtres à croisées, ou fenêtres à meneaux, qui sont larges et garnies de vitraux en grisaille ou de vitrerie à losanges ou à bornes. Des verres plats incolores sont fabriqués en Lorraine à partir de bouteilles soufflées ouvertes à chaud : ces verreries circulaires, et onéreuses, s'appellent des cives. La vitrerie est toujours sertie de plomb.
Les volets intérieurs conservent leurs divisions en petits panneaux assemblés à onglets. Ils peuvent être à deux parements lorsque leurs décors peints ou sculptés s'étendent sur la surface des deux faces.
Au début du XVIIe siècle, les meneaux de pierre, disposés en croix, sont remplacés par des pièces de bois moulurées en quart-de-rond, qui divisent les croisées en quatre ou six châssis, garnis de verres sertis au plomb, en réseaux de losanges ou de cives. Puis apparaissent les premières fenêtres à petits bois, dont les carreaux plats et irréguliers sont soufflés en Lorraine. Ils comportent des bulles d'air. De teinte violette, à cause du manganèse, ou de couleur verte, ils sont toujours sertis au plomb. Mais, dès 1630, il faut noter l'usage grandissant des vitreries tenues dans des petits bois calfeutrés avec du papier (on les dépose pour les laver). Les volets sont morcelés selon le châssis, mais au cours de ce siècle, le volet unique, souvent peint de la couleur des lambris, fait son apparition. Vers 1630, naît la porte-fenêtre (Hôtel de Rambouillet), qui peut être définie soit comme une fenêtre s'ouvrant jusqu'au sol, soit comme une porte largement vitrée. Elle met la pièce en communication directe avec le jardin ou la cour. Elle devient très vite un poncif du décor à la française.
On raconte que son avènement serait dû à un accident architectural : les allèges bâties étant de plus en plus basses pour fournir de la clarté à ces intérieurs avides de lumière, elles se seraient effondrées lors de pluies violentes, montrant ainsi qu'une fenêtre pouvait s'ouvrir comme une porte... Les fenêtres à la française sont à petits châssis et légèrement bombées.
Le XVIIIe siècle voit l'apparition des fenêtres à grands carreaux (dans certaines demeures, on observe encore la transformation de la menuiserie afin de convertir les châssis à petits-bois en châssis à grands-bois). Les baies sont obturées le soir par des menuiseries intérieures appelées « guichets brisés », qui se rabattent le jour dans les ébrasements masqués par des boiseries. Ces volets intérieurs sont toujours peints sur les deux faces, de sorte que, lors de la fermeture, ils assurent une continuité décorative. Devant les allèges, on installe des menuiseries fixes qui peuvent se transformer, grâce à un couvercle mobile, en coffres de réserves. [...]
A partir de 1750, les fenêtres à grands carreaux se généralisent et sont souvent ornées d'impostes en arcade. Dans certaines ouvertures, on trouve l'esprit du « remplage gothique » dans des impostes extérieures en menuiserie dont le dormant joliment ouvragé forme pare-soleil. Les fenêtres à la vénitienne, influencées par la vision des villas palladiennes, sont formées d'une baie centrale couverte d'un arc en plein cintre et de deux baies latérales couvertes à hauteur de l'imposte de la baie centrale.
Le XIXe siècle ne verra pas de transformation structurelle notoire des fenêtres. Mais la généralisation de la pose des volets à l'extérieur entraînera la disparition des balcons saillants en fer forgé du XVIIIe siècle, qui seront remplacés par des garde-corps droits en fonte ou en fer.
Quant aux volets roulants, ce site mentionne le nom d'Alphonse Pouplier comme inventeur du volet roulant moderne en 1867.
Nous n'avons pas pu vérifier cette information.
Pour aller plus loin, nous vous proposons de consulter les documents suivants :
- Menuiserie : évolution de la technique et de styles (Paris : Librairie du compagnonnage, 1988)
Un dossier très complet sur l'art de la menuiserie : principes d'étude, notions de base, histoire, bibliographie...
- Les menuiseries de fenêtres : du Moyen Age à la révolution industrielle / Hugues Poulain (Turquant (Maine-et-Loire) : l'àpart vagabonde, DL 2010)
- Les menuiseries en bois : châssis de fenêtres aux XVe, XVIe et XVIIe siècles / Jean-Louis Roger (Dourdan (Essonne), Vial, 1995) - ISBN 10 2-85101-010-7
Plans des menuiseries dessinées par l'auteur à l'occasion des restaurations qu'il a effectuées. Un document sur la menuiserie et son évolution.
Les sites internet suivants :
- Les fenêtres médiévales / par Gilles Séraphin
- Le volet, du Moyen Age au XXIème siècle, de l’utile à l’esthétique
- Wikipedia : contrevent et volet roulant
- Les châssis de fenêtres du XVe au début du XVIIIe siècle : les panneaux de vitres dormants et autres fiches
- Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle : fenêtre
- Menuiserie
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