Quelle est la composition exacte de Sophie la girafe ?
SCIENCES ET TECHNIQUES
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Le 07/09/2012 à 15h35
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Question d'origine :
Autrement dit, Sophie la girafe présente-elle un risque, aussi minime soit-il, pour nos chères têtes brunes, blondes, noires et rousses ?
Réponse du Guichet
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- Département : Sciences et Techniques
Le 08/09/2012 à 09h10
Le jouet « Sophie la girafe » est produit et commercialisé par la société Vulli, créée en 1945 et toujours située à Rumilly, en Haute-Savoie, où Sophie est produite depuis 1991. Elle a été conçue par un spécialiste de la transformation de la sève d’hévéa en caoutchouc en 1961.
Aujourd’hui encore, « sa composition est à base de caoutchouc issu de la sève d’hévéa 100% naturelle », déclare le site internet de Vulli. « Le caoutchouc utilisé par Vulli provient exclusivement d’hévéa de Malaisie. (…) Cette sève s’appelle le latex. Ce latex est naturel, souple, étanche, isolant et agréable à l’odeur et au toucher. C'est en chauffant cette sève (latex) que Vulli, grâce à un procédé particulier et une technique dite de roto moulage, parvient à réaliser, après 14 opérations manuelles, cette petite merveille : Sophie la girafe®. »
Depuis 1961, Sophie n’a pas subi de lifting majeur, sauf en 1981 pour respecter certaines normes de sécurité : sa tête a légèrement enflé et ses pattes ont été recourbées. Avec presque 50 millions d’exemplaires vendus, on peut comprendre qu’elle prenne la grosse tête et qu’elle ait les chevilles qui enflent…
Le caoutchouc naturel employé est également celui employé pour les tétines de biberon, sans phtalate, un additif pourtant couramment utilisé dans les matières plastiques. La peinture utilisée est alimentaire et bébé peut donc mordre et sucer le jouet sans risque d’empoisonnement.
Une vidéo présentant la fabrication de Sophie la girafe :
En 2009, Sophie a été élue Produit de l’année aux USA par l’ASTRA, association américaine de détaillants de jouets ; ce prix récompense le jouet le plus amusant mais aussi le plus sûr pour les enfants.
Votre inquiétude est peut-être motivée par l’étude allemande publiée par le magazine des consommateurs Öko-Test, relayée par UFC-Que choisir en France, en 2011 et qui aurait révélé la présence de nitrosamines, substance classée cancérigène par l’OMS et notamment interdite dans la composition des tétines. Cet article du Figaro (daté du 02/12/2011) fait le point sur cette enquête.
L'association a testé 30 jouets destinés aux moins de 3 ans afin de déceler des traces de toxicité. (…)D'un côté, aucune trace de substances interdites, comme les phtalates, n'a été trouvée, ce qui est positif. De l'autre, 13 jouets sur 30 présentent des dérivés pétroliers et des substances considérés comme «cancérogènes probables ou possibles», aux États-Unis et en Europe.
La célèbre Sophie la Girafe fait partie des jouets ciblés par cette étude. D'après l'UFC-Que Choisir, une fois mâchouillée par les enfants, la girafe libérerait des précurseurs de nitrosamines, substance elle aussi considérée comme probablement cancérogène. Mais que les parents se rassurent, il n'y a pas de quoi s'alarmer. Les tests réalisés par l'UFC-Que Choisir sur Sophie ont montré qu'elle respecte les normes, notamment dans le cadre de la nouvelle directive européenne des jouets qui s'appliquera en 2013.
Où est le problème alors ? L'UFC-Que Choisir demande à ce que la réglementation soit renforcée du fait que l'objet est destiné à la bouche des enfants. L'association s'appuie sur la législation en cours pour les tétines en latex des biberons. «Si elle appartenait à la famille des tétines où ces composés (les nitrosamines, ndlr) sont interdits, Sophie ne serait plus sur le marché», écrit l'association dans son article paru dans le magazine Que Choisir de décembre 2011. Une accusation balayée dans la foulée par Vulli, le fabricant haut-savoyard du jouet : « Sophie est fabriquée dans le respect des normes européennes et mondiales, ainsi tous les rapports d'analyse, tous sans exception, attestent de cette conformité et prouvent qu'il n'y a aucun danger pour les utilisateurs. »
Le Professeur Jean-François Narbonne, toxicologue et membre du comité d'experts de l'Agence nationale de la sécurité sanitaire (Anses), se veut pour sa part rassurant : « Tout d'abord il faut savoir que les nitrosamines nous entourent dans la vie de tous les jours. Lorsque l'on mange, certains aliments sont susceptibles, en arrivant dans l'estomac, de provoquer une réaction chimique classique qui libère des nitrosamines ». Quant aux effets nocifs sur l'humain, ils semblent être modérés. « Cette substance est étudiée et réétudiée depuis des années. Si son caractère cancérogène est attesté, il faudrait y être exposé vraiment longtemps pour être inquiété », précise le toxicologue. « Pour les adultes, les doses d'exposition sont généralement 100.000 voire un million de fois en dessous du seuil qui pourrait susciter des problèmes. »
(…)Quoiqu'il en soit, chez le fabricant de la girafe, on a pris les devants pour protéger ce produit phare, déjà écoulé à plus de 50 millions d'exemplaires en 50 ans. D'après une interview accordée au journal Le Monde, l'entreprise serait en train de mettre en œuvre un programme de modification de sa fabrication afin d'obtenir zéro trace de nitrosamine.
A priori, donc, pas de risque pour les têtes enfantines ou pour leurs parents.
Vous serez peut-être intéressé par le livre suivant, empruntable à la bibliothèque municipale de Lyon :
Le jouet : un monde offert aux enfants, de Bruno Girveau, édité par la Réunion des Musées Nationaux et Gallimard, 2011.
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