Question d'origine :
Il paraît qu'à partir de la Renaissance, les gens dorment à moitié allongé, le dos calé sur d'épais coussins. Est-ce vrai? et si oui, jusqu'à quelle époque cela a-t'il duré?
Réponse du Guichet

Bonjour,
Les sources sont controversées et il n’est pas certain que les gens dormaient assis ou à demi allongé. Il est ainsi rappelé à l’occasion de l’exposition Au lit au Moyen Âge les grands principes qui régissent le coucher :
La chambre et son mobilier
Aux temps carolingiens, on dort souvent par terre. Les lits ne sont encore que de simples tables de bois aux pieds élégamment tournés. Sur leur plateau plein est disposée la couette, un grand coussin mou et ovale. Celle-ci sert de matelas. Pour dormir, on s’enroule dans une couverture. Dès le XIIe siècle, le lit le plus courant est un simple caisson doté de pieds, plein ou à barreaux. Ce meuble chevillé, fixe et solide, est en bois de peuplier, de châtaignier, plus souvent de sapin ou de noyer. Aux XIVe et XVe siècle, il prend de la hauteur. Il est isolé du sol par une planche épaisse ou une estrade dans les châteaux. Là, protégé par une courtine, mollement couché sur une paillasse et enroulé dans des draps et couvertures épaisses, le dormeur médiéval n’a rien à envier à notre confort moderne !
Le dormeur
Pour bien dormir, après un souper mesuré, une veillée paisible est donc recommandée pour un sommeil d’une durée maximale de 8 heures, coiffé d’un bonnet, nu, si possible allongé sur le côté et jamais sur le ventre. L’excès de sommeil est en effet jugé nocif : il engendre des maladies « froides ».
Seuls les malades et les femmes accouchées ont le droit de rester au lit. Après un accouchement, ces dernières sont jugées impures ; elles doivent patienter quarante jours alitées, le temps des relevailles. Durant cette période, elles vivent au lit.
Les images médiévales du sommeil montrent toujours des dormeurs étendus de tout leur long, faisant contrepoids à une idée reçue selon laquelle nos ancêtres dormaient assis dans des lits de médiocre longueur. La position semi assise paraît se diffuser à la Renaissance plutôt qu’à l’époque médiévale .
Si la position semi-assise ou assise semble se diffuser à la Renaissance, elle n'est pas pour autant généralisée. Ce sont là des informations que nous avions déjà trouvé lorsque nous avions traité le sujet sur la Literie médiévale ; nous reproduisions ainsi un texte de 1597 rédigé par Ambroise Paré dans lequel il donnait des préconisations sur la place du corps endormi, la meilleure position pour lui étant ventrale :
Outre en plus en observant le sommeil, il faut prendre garde à la forme du coucher car il faut premièrement se coucher sur le coté droit, afin que la viande ne se dépose pas au fond de l’estomac d’autant qu’il est charnu et moins membraneux que le dessus et par conséquent plus chaud et propre à la concoction. Puis quelque espace de temps sur le coté gauche afin que le foie se couche mieux sur l’estomac : ce faisant la digestion sera mieux faite d’autant que le foie qui est plus chaud que le ventricule, l’embrassant totalement, lui fera comme un brasier.
Il ne sera pas impertinent, une fois ce second sommeil achevé, le matin, de se retourner sur le côté droit afin que par telle situation l’orifice de l’estomac demeurant ouvert, les vapeurs fuligineuses excité de l’ébullition du chylus.
Ceux qui pourront se garder de dormir sur le dos feront bien, craignant de trop réchauffer les reins et engendrer des gravelles, pierres et autres grandes maladies ; comme paralysies, convulsion et espèces de catarrhes et fluxions qui se font par les nerfs le long de l’épine.
Quand au dormir sur le ventre, il n’est jamais mauvais pour ceux qui peuvent s’en accoutumer...
L’ouvrage La médecine et les médecins en France à l'époque de la Renaissance reproduit aussi un texte sur la position pendant le sommeil. De semblables considérations sont retrouvées :
La position pendant le sommeil n’est pas indifférente aux yeux de l’hygiéniste : « il faut dormir sur lecosté droit au premier sommeil, afin que la viande descende au fond de l’estomach … puis au second sommeil, ayant demeuré quelque quatre heures ou environ sur le costé droit, on se doit de retourner sur la gauche, afin que le foye se pause et estende mieux sur l’estomach … le dormir sur le ventre ne vaut rien, le dormir sur le dos engendre bien souvent pierres et sable ».
Sophie de Sivry et Philippe Meyer dans L'art du sommeil: petite histoire sociale, symbolique, médicale, poétique et amoureuse du sommeil reproduisent des tableaux qui tous représentent les personnes couchées et non assises.

Carpaccio, Le Songe de sainte Ursule (Venise, Galerie de l’Académie), peint vers 1490

Piero della Francesca, Le rêve de Constantin (église Saint-François, Arrezzo) peint en 1455.
Néanmoins, sur le site iqe.edu Céline Dubord expliquequ’au Moyen Âge, période de grande vulnérabilité et d’insécurité, les lits étaient conçus de manière à ce que l’on puisse dormir en position assise, avec des coussins pour surélever la tête .
Mais, elle n’indique pas d’où sont extraites ces informations et nous penchons plutôt pour la première hypothèse. Nous ne pouvons donc nous prononcer que sur un aspect, la position assise était loin d'être adoptée par tout le monde.
Pour vérifier cela et aller plus loin, il semblerait bon de consulter ces ouvrages, que nous ne possédons pas à la bibliothèque municipale de Lyon :
Le corps endormi : une histoire des représentations du sommeil dans la société française du XVIème au XVIIIème siècle / Alice Bretagne ; sous la dir. de Elisabeth Belmas, Université de Paris-Nord (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis ; Bobigny), 2012.
Au lit au Moyen âge / commissaire de l'exposition et dir. Danièle Alexandre-Bidon,... ; coordination Agnès Lavoye-Nbeoui, Rémi Rivière, 2011.
Les sources sont controversées et il n’est pas certain que les gens dormaient assis ou à demi allongé. Il est ainsi rappelé à l’occasion de l’exposition Au lit au Moyen Âge les grands principes qui régissent le coucher :
Aux temps carolingiens, on dort souvent par terre. Les lits ne sont encore que de simples tables de bois aux pieds élégamment tournés. Sur leur plateau plein est disposée la couette, un grand coussin mou et ovale. Celle-ci sert de matelas. Pour dormir, on s’enroule dans une couverture. Dès le XIIe siècle, le lit le plus courant est un simple caisson doté de pieds, plein ou à barreaux. Ce meuble chevillé, fixe et solide, est en bois de peuplier, de châtaignier, plus souvent de sapin ou de noyer. Aux XIVe et XVe siècle, il prend de la hauteur. Il est isolé du sol par une planche épaisse ou une estrade dans les châteaux. Là, protégé par une courtine, mollement couché sur une paillasse et enroulé dans des draps et couvertures épaisses, le dormeur médiéval n’a rien à envier à notre confort moderne !
Pour bien dormir, après un souper mesuré, une veillée paisible est donc recommandée pour un sommeil d’une durée maximale de 8 heures, coiffé d’un bonnet, nu, si possible allongé sur le côté et jamais sur le ventre. L’excès de sommeil est en effet jugé nocif : il engendre des maladies « froides ».
Seuls les malades et les femmes accouchées ont le droit de rester au lit. Après un accouchement, ces dernières sont jugées impures ; elles doivent patienter quarante jours alitées, le temps des relevailles. Durant cette période, elles vivent au lit.
Si la position semi-assise ou assise semble se diffuser à la Renaissance, elle n'est pas pour autant généralisée. Ce sont là des informations que nous avions déjà trouvé lorsque nous avions traité le sujet sur la Literie médiévale ; nous reproduisions ainsi un texte de 1597 rédigé par Ambroise Paré dans lequel il donnait des préconisations sur la place du corps endormi, la meilleure position pour lui étant ventrale :
Outre en plus en observant le sommeil, il faut prendre garde à la forme du coucher car il faut premièrement se coucher sur le coté droit, afin que la viande ne se dépose pas au fond de l’estomac d’autant qu’il est charnu et moins membraneux que le dessus et par conséquent plus chaud et propre à la concoction. Puis quelque espace de temps sur le coté gauche afin que le foie se couche mieux sur l’estomac : ce faisant la digestion sera mieux faite d’autant que le foie qui est plus chaud que le ventricule, l’embrassant totalement, lui fera comme un brasier.
Il ne sera pas impertinent, une fois ce second sommeil achevé, le matin, de se retourner sur le côté droit afin que par telle situation l’orifice de l’estomac demeurant ouvert, les vapeurs fuligineuses excité de l’ébullition du chylus.
Ceux qui pourront se garder de dormir sur le dos feront bien, craignant de trop réchauffer les reins et engendrer des gravelles, pierres et autres grandes maladies ; comme paralysies, convulsion et espèces de catarrhes et fluxions qui se font par les nerfs le long de l’épine.
Quand au dormir sur le ventre, il n’est jamais mauvais pour ceux qui peuvent s’en accoutumer...
L’ouvrage La médecine et les médecins en France à l'époque de la Renaissance reproduit aussi un texte sur la position pendant le sommeil. De semblables considérations sont retrouvées :
La position pendant le sommeil n’est pas indifférente aux yeux de l’hygiéniste : « il faut dormir sur lecosté droit au premier sommeil, afin que la viande descende au fond de l’estomach … puis au second sommeil, ayant demeuré quelque quatre heures ou environ sur le costé droit, on se doit de retourner sur la gauche, afin que le foye se pause et estende mieux sur l’estomach … le dormir sur le ventre ne vaut rien, le dormir sur le dos engendre bien souvent pierres et sable ».
Sophie de Sivry et Philippe Meyer dans L'art du sommeil: petite histoire sociale, symbolique, médicale, poétique et amoureuse du sommeil reproduisent des tableaux qui tous représentent les personnes couchées et non assises.

Carpaccio, Le Songe de sainte Ursule (Venise, Galerie de l’Académie), peint vers 1490
Piero della Francesca, Le rêve de Constantin (église Saint-François, Arrezzo) peint en 1455.
Néanmoins, sur le site iqe.edu Céline Dubord explique
Mais, elle n’indique pas d’où sont extraites ces informations et nous penchons plutôt pour la première hypothèse. Nous ne pouvons donc nous prononcer que sur un aspect, la position assise était loin d'être adoptée par tout le monde.
Pour vérifier cela et aller plus loin, il semblerait bon de consulter ces ouvrages, que nous ne possédons pas à la bibliothèque municipale de Lyon :
Le corps endormi : une histoire des représentations du sommeil dans la société française du XVIème au XVIIIème siècle / Alice Bretagne ; sous la dir. de Elisabeth Belmas, Université de Paris-Nord (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis ; Bobigny), 2012.
Au lit au Moyen âge / commissaire de l'exposition et dir. Danièle Alexandre-Bidon,... ; coordination Agnès Lavoye-Nbeoui, Rémi Rivière, 2011.
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