Question d'origine :
Bonjour,
Je lis actuellement un vieux document qui m'informe que le prix de la journée d'hospitalisation en asile en 1886 était de 4,65 frcs en 1ère classe et de 1,30 francs en 4 ème classe. Afin de me rendre compte de l'importance de cette charge à régler par les familles, j'aimerai savoir quels étaient les revenus moyens d'une famille à cette époque.
Merci pour votre aide.
Mentos
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 24/09/2011 à 11h42
Les revenus moyens d'une famille fin du XIX° siècle
« Les renseignements sur les salaires nominaux deviennent plus précis avec la création de l’office du Travail en 1891. Le mineur qui gagnait en moyenne 840F par an en 1869, en touche 1330 en 1900 et 1562 en 1912. La moyenne des salaires était en 1872 de 4.5 F par jour à Paris, de 3F en province ; elle passe à 7 et 4,50 en 1901 à 8 et 5.25 en 1913. La femme, pour le même travail, gagne 25 à 50% de moins que l’homme, sauf dans certaines branches hautement qualifiées comme le travail des métaux précieux et des pierreries (9.25 à Paris). Les variations sont naturellement considérables : le gain annule varie à Paris de 680F dans certaines entreprises de confection à 2560F dans les fabriques de porcelaine.
Tableau en document joint
Depuis le Second Empire jusqu’à la veille de la guerre, les salaires ont en général augmenté de 60 à 80% ; pour avoir un aperçu du pouvoir d’achat il faut tenir compte des prix […] d’une façon générale , on peut estimer que l’ensemble des prix a baissé , suivant l’évolution de la conjoncture, de 28% entre 1872 et 1885, tandis que les salaires augmentaient de 12% dans la même période ; la baisse des prix se ralentit ensuite entre 1885 et 1901, soit 8 % alors que les salaires augmentent plus rapidement, 34%, entraînant une amélioration très nette du pouvoir d’achat ; enfin, la reprise économique fait remonter les prix de 18% entre 1901 et 1911, alors que les salaires n’augmentent de 5% ; il en résulte une baisse du salaire réel , qui explique en partie les troubles sociaux de a « Belle Epoque » , et dans tous les cas, sur l’ensemble de la période, une paupérisation relative par rapport aux profits du capital.
L’ouvrier parisien « ne bénéficie ni de congés payés, ni d’assurances sociales, ni d’allocations familiales. Il n’a de recours que dans des sociétés de secours mutuels, soit libres, soit approuvés et dotés de subventions d’état ou de collectivités locales. »
La France de 1870 à nos jours, p.85 et 86
Dans Le monde du travail en France 1800-1950, par Alain DEWERPE.
Chapitre 2 la question sociale
Ce chapitre présente de nombreux éléments sur la condition ouvrière en général.
"[…] Dans les années 1850, à Mulhouse, un fileur sur mule-jenny avec un salaire mensuel de 70F, une des meilleurs de la filature de coton, avec quatre enfants dépense 110F, soit un déficit annuel de 480F (dont 5F de viande, soit 4 Kg ; 10F de logement ; 80F de chauffage). A Pfalstadt, près de Mulhouse, un plieur dans l’indiennage gagne 48F par mois, soit 72 avec sa femme ; 6F lui manquent pour être en équilibre. Le ménage d’un autre fileur gagne 76F, avec trois enfants, et épargne 150F par an (dont 6F pour le logement et 30F pour le chauffage)." P 55
Histoire des Français XIX°-XX° siècles. / La vie matérielle et les contraintes du travail, p 391
"L’économie familiale
[…] La généralité (ou presque) du travail à la tâche fait du taux salarial à l’heure ou à la journée un artifice de statisticien. La porosité de l’emploi qui oscille d’une année sur l’autre, d’un mois à l’autre, au gré des cahots de l’économie, ne permet guère de calculer des revenus annuels, entre les moments de presse et les mortes saisons qui varient en outre avec les secteurs et les individus. Enfin, sauf exception -les célibataires, les personnes seules-, il n’est guère possible d’isoler revenu et coût de la vie au niveau individuel : ceux-ci s’inscrivent toujours dans le cadre du groupe familial qui façonne et oriente une vie matérielle complexe dont beaucoup d’éléments sont malaisés à chiffrer. »
Suit une description précise des différents salaires d’une famille, des revenus indirects (bons de pain et charbon, remèdes et soins gratuits, les activités complémentaires…) que nous vous invitons à consulter.
« Finalement, on peut se demander si[…]il ne faut pas chercher l’essentiel , d’une part, vers le partage et la complémentarité des rôles familiaux, d’autre part, vers les revenus annexes, malaisés à comptabiliser, de ceux que cherche à intégrer aujourd’hui le concept d’économie informelle ou souterraine, sans que, bien sûr, la réalité de l’existence ouvrière démêle les uns des autres. »
P 388 à 410
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