Question d'origine :
Bonjour,
Dans le dictionnaire d'Ivigné (1663), à la lettre B, se trouve le nom de Baroë (avec un tréma sur le E), suivi de la définition suivante :
« Baroë : certaine vieille d’Epidaure, & nourrice de Sémélé mère de Bacchus, en laquelle se transforma Junon lors qu’elle voulu persuader Sémélé de demander à Jupin qu’il l’accostât en sa majesté ordinaire, comme lors qu’il embrassait Junon (Ovide livre 3 de ses Métamorphoses ».
Un autre ouvrage, le dictionnaire de la fable de Chompré (1833) écrit ce nom Béroé, avec deux accents aigus.
Des sites d'Internet écrivent également Béroé.
Qelle peut être l'orthographe la plus logique (s'il y en a une) ?
Merci
Réponse du Guichet
bml_anc
- Département : Fonds Ancien
Le 23/07/2010 à 14h49
Béroé est effectivement le nom d’une vieille femme d’Epidaure et nourrice de Sémélé. Junon prend ses traits pour persuader Sémélé, sa rivale aimée de Jupiter, de vérifier l’identité de son amant, en lui demandant de se présenter devant elle avec ses attributs divins. La pauvre Sémélé périt foudroyée, mais son foetus protégé par Jupiter deviendra Dionysos. (Métamorphoses d’Ovide, (Livre 3, 253-286))
Pour l’orthographe exacte de Béroé, nous avons consulté beaucoup de dictionnaires anciens et modernes (Dictionnaire de Bayle, La grande Encyclopédie de Berthelot, Larousse universel du XIXe siècle, etc). ainsi que des traductions des Métamorphose d’Ovide (du 16e au 19e siècle : Du Ryer, Renouard, abbé Banier etc.). Le nom de Béroé avec 2 accents aigus revient d’une manière systématique. D'ailleurs toutes les traductions modernes, elles aussi, suivent cette orthographe.
Pour l’étymologie grecque, le Dictionnaire Grec-Français d'A. Bailly donne l’orthographe : Βέροια, ας, : Berœa, nom de femme dans la mythologie grecque et donne comme exemple l’ouvrage intitulé «Les Dionysiaques », chants sur les légendes de Dionysos, rédigés entre 450 et 470 par Nonnos de Panopolis. (chants XI-XLIII). Il s’agit d’une nymphe que Dionysos tente de séduire ainsi que Poséidon. Celui qui gagnera Béroé deviendra la divinité tutélaire de Beyrouth. Zeus tranchera en faveur de Poséidon. Si le personnage n’est pas le même, l’auteur le rattache toutefois à la légende de Dionysos.
Dans l’Enéide de Virgile, le nom de Béroé apparait d’une autre manière : Junon envoie Iris, sous les traits de la Troyenne Béroé, épouse âgée de Doryclus, exhorter les Troyennes à bruler les vaisseaux d’Enée pour que lui et sa troupe se fixent en Sicile. (Enéide, Livre 5, 620-660 : citation) Le nom de Béroé est clairement expliqué, il provient de la contraction des mots : v (= b)eritatis et ordo = ordre de la vérité.
En grec , c'est l'epsilon, en latin, c'est la lettre e qui vient comme seconde lettre du mot, C’est donc bien Béroé qu’il faut écrire. La variante donnée dans le Dictionnaire d’Ivigné peut être soit une fantaisie de l’auteur, soit une coquille de l’imprimeur.
En ce qui concerne le tréma, il est rarement donné quand le nom est traduit en français, mais il est plus souvent mis sur le ë final dans le texte latin, notamment dans des éditions anciennes, pour des raisons de rimes. Il permet d’insister sur la valeur de la voyelle finale, qui doit être prononcée.
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