emprunts dans la musque classique

Réponse du Département Musique

La question des emprunts, citations et autres paraphrases musicales se heurte à un problème délicat de définition, ou plus précisément de délimitation.
De la parodie au collage, de l'air de famille à la citation textuelle, de la coïncidence à l'imitation, les ressemblances, essentiellement mélodiques, d'une oeuvre à l'autre, sont pléthore et empruntent des motifs variés que l'on ne peut réduire à la notion de citation.
La période de la Renaissance par exemple voit nombre de compositions fondées sur le principe de la parodie, c'est à dire l'emprunt d'un thème existant (chanson, motet, fragment de messe) à partir duquel sera déduit le matériau d'une oeuvre nouvelle. Les thèmes et motifs, dont certains inspireront des dizaines d'oeuvres, appartiennent alors à une sorte de fonds commun qui irrigue le monde musical. (cf la chanson Mille Regretz de Josquin Desprez, ou l'anonyme L'homme armé) et dont personne ne revendique la paternité ou l'originarité.
Plus tard, Bach et Haendel, pour ne citer qu'eux, empruntent à leurs contemporains, et plus encore à eux-mêmes, des fragments mélodiques déjà plébiscités par le public et/ou prêts à l'usage, et qui peuvent ainsi "circuler" sans que la question "qui cite quoi de qui" ne soit vraiment posée, le droit d'auteur et la propriété intellectuelle étant encore des notions à peu près inexistantes. (sur ce point voir le passionnant Ecoute, une histoire de nos oreilles, de Peter Szendy)
Si certaines oeuvres en citent explicitement d'autres, allant jusqu'au "collage" (cf. Sinfonia de Berio) beaucoup s'en inspirent seulement dans un "à la manière de", on pourrait parler parler d'apparentement stylistique (entre certains aspects de la musique de Bruckner, Mahler, et Chostakovitch par exemple), sans que la citation soit évidente. Dans le "stock" de mélodies produites dans l'histoire de la musique, il est inévitable que certaines se ressemblent objectivement (ou s'assemblent dans le paysage singulier de nos perceptions).
Tout cela pour justifier sans doute que nous n'avons pas trouvé d'ouvrage répertoriant les citations musicales, la tâche étant sans doute incertaine et malaisée pour les raisons citées plus haut. Le sujet lui-même semble avoir été assez peu traité.

Concernant la 8è symphonie de Chostakovitch, et le premier mouvement dont vous parlez, l'influence la plus évidente est Chostakovitch lui-même : le motif initial est une reprise à peine voilée du début de la cinquième, dont l'atmosphère irrigue tout le premier mouvement. Toutes les analyses que nous avons vues disent la même chose, citant également l'influence de Bruckner, Mahler ou Hindemith. Seul ce commentaire note une véritable citation, du finale de la 5è de Bruckner. Pour notre part, la sonorité du cor anglais nous fait aussi penser au début du troisième acte de Tristan, de Wagner ...
Nous n'avons malheureusement pas pu consulter l'incontournable Dimitri Chostakovitch, nous ne manquerons pas de vous faire savoir si cet ouvrage répond à votre question.