Question d'origine :
Quelle est la différence entre l'Homme avec un grand H et l'humain à proprement parler ? Est-ce une distinction entre l'aspect "biologique" et l'aspect "philosophique" ?
Et pourquoi avoir choisi "l'Homme" pour désigner ainsi les humains ?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 14/11/2007 à 10h53
Ces deux termes revêtent différentes acceptions parfois ambigües : "homme" pris au sens collectif ne désigne pas la même réalité qu'au sens individuel... Petit point de vocabulaire :
I.
Il peut ne s'appliquer qu'à des mâles (hommes au sens II) mais jamais à des femmes exclusivement. Le caractère abstrait de cet emploi, où "les hommes" correspond à "les humains" explique la fréquence du singulier collectif "l'homme" (l'humanité). Dans ce dernier cas, le pluriel peut désigner une pluralité de classes et non une pluralité d'individus. Enfin, l'emploi de "un homme" (individuel) dans ce sens est rendu difficile par l'ambiguité avec le sens II. Pour éviter ces ambiguités, possibles aussi avec le pluriel, on emploie parfois : un humain, les humains.
Remarque, dans ce sens, plus concret, c'est l'emploi individuel (un, des hommes) qui l'emporte sur le général (l'homme) ; spécialement "mâle adulte de l'espèce humaine".
1) De l'homme (I.), propre à l'homme.
XIIe siècle : Qui a les caractères de l'homme, qui est l'homme.
Remarque : Homme au sens I est souvent remplacé par "être humain" dont l'emploi supprime toute confusion avec homme au sens II (mâle).
Relatif à l'homme.
2) (vers 1200) qui est compréhensif et compatissant
3) (fin XIXe siècle) En parlant d'une personne en qui se réalise pleinement la nature humaine dans ce qu'elle a d'essentiel et d'universel (opposé à artificiel, inhumain, surhumain)
1) (début XVIIe siècle). Ce qui est humain ; l'homme et ce qui appartient à l'homme.
2) (1340) être humain
Remarque : comme "être humain" au singulier, "les humains" s'emploient souvent pour éviter les ambiguités inhérentes à l'emploi de "homme" au sens I.
source : Le Grand Robert de la langue française
Voici un extrait de l'ouvrage de l'Encyclopaedia universalis : Notions :
L'humanité est d'abord la qualité de l'être humain, autrement dit la nature humaine. Pour préciser en quoi consiste cette qualité, d'autres sens du mot peuvent nous guider. Ce terme désigne aussi la bienveillance ou la compassion(la vertu d'humanité), la culture comprise comme perfection de l'humanité, la politesse, la civilité, le savoir-vivre. Employé au pluriel, il couvre des studia humanitatis, les disciplines qui cultivent l'homme. Homo humanissimus caractérise en latin l'home très cultivé, parfaitement accompli (Cicéron). Le simple redoublement qui permet de dire homo humanus est particulièrement significatif : il ne suffit pas d'être homme, il faut être humain. La véritable humanité se manifeste dans le perfectionnement culturel et éthique que l'homme apporte à ce qu'il est. Mais en même temps, un sujet doit déjà être doté d'"hominité" pour que puisse advenir l'humanité. Cette idée d'humanité a longtemps nourri la culture et la philosophie occidentales, tout en donnant lieu à des interprétations très différentes.
Les progrès de l'humanité
Dans la pensée gréco-latine, l'humanité aborde bien les questions de civilité et de culture. Mais celles-ci ne prétendent à rien d'autre qu'à aider la nature à s'accomplir et à atteindre sa perfection. Elles supposent en particulier que les êtres humains parviennent à se tenir à leur place au sein du cosmos, sans rivaliser avec les dieux.
Le christianisme a très profondément modifié la portée de l'accomplissement humain. Mais il n'a pas véritablement changé les assises du mot. L'humanité
est la qualité que l'homme est supposé atteindre dans la réalisation de sa nature, laquelle a été créée par Dieu. Mais cet accomplissement, éthique et spirituel
plus encore que culturel, s'avère plus complexe puisqu'il suppose une tension avec le monde lui-même, dans lequel l'homme connaît d'abord la déchéance, et où il a besoin du secours de Dieu pour restaurer et parfaire sa nature. Dès lors, la perfection de l'humanité n'appartient pas au monde que l'homme connaît.
[...]
Ces différentes compréhensions de l'humanité ont toutes le même présupposé : l'homme est ; sa nature est de devenir humain. Ce prédicat est aujourd'hui remis en question d'une façon radicale, à la fois dans la réflexion philosophique et dans certaines expériences qui ont marqué le XXe siècle.
Auteur : Hubert Faes
Nous vous invitons à venir consulter cet article dans son intégralité.
Pour approfondir le sujet :
- Wikipedia : Etre humain
- Wikipedia : Humanité
- Qu'est-ce que l'humain ? / Pascal Picq, Michel Serres, Jean-Didier Vincent
Votre dernière question fait référence à la connotation sexiste du terme. Ce débat est notamment repris dans la terminologie même de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen :
"Depuis la fin du XXe siècle, nombreux sont ceux qui préfèrent le terme de droits humains (qu'ils trouvent moins sexiste et plus cohérent, et qui se trouve être la traduction littérale de l'équivalent dans les autres langues romanes ou en anglais : "diritti umani" (italien), "derechos humanos" (espagnol), "direitos humanos" (portugais), "drets humans" (catalan),"human rights" (anglais). La dénomination française héritée du 18e siècle est la seule parmi les langues romanes à véhiculer l'ambiguïté entre droits de l'homme "mâle" et droit de l'homme "être humain". La commission française consultative des droits de l'homme (Commission nationale consultative des droits de l'homme) a réfuté ces arguments dans un avis daté du 19 décembre 1998 [3]), mais la dénomination traditionnelle reste la plus utilisée en France. Cela dit, les Français utilisent souvent l'expression "droits des femmes" lorsqu'il est explicitement question de femmes, ce qui rajoute à l'ambiguïté d'origine en suggérant que les femmes auraient des droits différents de ceux des hommes. Pour sortir de ces ambiguïtés, même en France certains, comme le Mouvement français pour le planning familial (MFPF), proposent de parler de droits de la personne, comme on le fait au Canada ; Amnesty international en France a explicitement choisi de parler de droits humains comme on le fait en Suisse. À noter que certains voudraient écrire l'expression droits de l'Homme avec un H majuscule à homme mais cet usage n'est guère attesté dans les dictionnaires de langue française."
Source : Wikipedia
Il est évident que la Déclaration des droits de l'homme ne se rapportait pas aux femmes lorsqu'elle a été rédigée en 1789. Les hommes avaient des droits inaliénables parce qu'ils étaient doués de raison, alors que les femmes étaient censées ne pas pouvoir faire preuve de pensée rationnelle. Historiquement, la notion des droits de l'homme se rapporte exclusivement au sexe masculin.
Selon le dictionnaire étymologique de la langue française, l'homme est un être animé de raison, le mot provenant du latin hominem, et homo ayant cédé la place à ''on''. Dans le langage courant, le terme ''homme'' est censé s'appliquer à tous les individus de l'espèce humaine. Toutefois, sa signification est parfois ambiguë. Ainsi, selon l'UNESCO, « dans un contexte concret, il évoque d'abord les individus de sexe masculin, et ensuite seulement les femmes.
UNESCO. Pour un langage non sexiste, Paris, 1996. ».
source : Amnesty.org
La terminologie "Droits de l'Homme" est issue de la philosophie des Lumières et a trouvé son expression dans la Déclaration de 1789, puis dans celle de 1793, dans la Déclaration de 1948 et, enfin, dans la Convention européenne de sauvegarde.
L'expression "Droits de l'Homme" est indissolublement liée à l'affirmation de l'égalité en droits de tous les êtres humains et rien ne permet de réduire celle-ci à une démarche sexiste, largement contemporaine d'une conception du monde que la Déclaration de 1789 a contribué à bouleverser.
Quel que soit le caractère partiel de l'application aux femmes de le Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, on ne saurait considérer que celle-ci ne s'applique qu'à la moitié de l'Humanité. La portée universelle et universaliste de ce texte a entraîné une acception de celui-ci pour l'ensemble de l'Humanité.
On ne saurait dénier, aujourd'hui, à l'expression "Droits de l'Homme" un caractère générique concernant l'ensemble des femmes et des hommes. La répétition de cette dénomination dans tous les textes ultérieurs, comme la référence qui y est faite de manière systématique à l'occasion de tous les combats en faveur des droits élémentaires, notamment pour asseoir l'égalité entre femmes et hommes, en attestent.
source : Site de l'Association Internet pour la promotion des droits de l'homme
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