Le langage façonne-t-il la dentition ?
Question d'origine :
Le langage façonne-t-il la dentition ?
Ou en d'autres termes, est-ce que les langues romaines exerçent des pressions sur les dents de la même façon que les langues anglo-saxonnes par exemple ?
Réponse du Guichet

Les études concernant l'impact du langage sur les dents semblent soit ne pas exister soit être extrêmement rares. Nous n'avons pas pu mettre la main sur sur un travail de cet acabit. Concernant la différence de pression entre les langues romaines et anglo-saxonnes, elle nous semble bel et bien exister. Difficile de dire si cette différence expliquerait une altération de notre disposition dentaire.
Bonjour,
L'ensemble des organes et acteurs physiologiques dont nous disposons pour parler joue effectivement un rôle sur notre production du langage. Quelqu'un souffrant d'une lésion ou d'une atrophie (même partielle) de la langue présentera des difficultés articulatoires. Le cas est le même pour les dents, combien de fois avez-vous entendu des enfants ayant perdu leur dents de lait zozoter ? Les cordes vocales, les lèvres, le palais, les dents et la langue sont tous des agents indispensables au bon déroulement du processus neurolinguistique. En d'autres termes, nous avons besoin d'eux pour parler, et si un venait à manquer, nous serions immédiatement mis en difficulté pour nous exprimer.
L'inverse semble nettement plus difficile à vérifier. En effet, nous ne disposons d'aucune ressource fiable concernant l'impact direct du langage sur la disposition maxillo-faciale, encore moins donc, sur la dentition uniquement. La croisée du domaine linguistique et biomédical est peut-être encore trop timide voire non existante sur le sujet. Nous avons demandé conseil à la bibliothèque universitaire d'odontologie de Lyon 1 pour savoir si des documents traitant de ce sujet existent, sans succès.
Nous pouvons en revanche apporter des éléments de réponse à la deuxième partie de votre question. Il s'avère que chaque langue détient un nombre de phonèmes différents, et une utilisation de ces derniers qui varie avec des fréquences plus ou moins élevées. Prenons exemple sur la langue anglaise. Cette dernière possède des phonèmes qui nous sont absent en français, à savoir le " ð " et le " θ ", soit respectivement le son "th" de "The" et de mots comme "Maths" par exemple. Dans le premier cas, le son est voisé, dans l'autre il ne l'est pas. Ces deux sons se réalisent avec la langue qui obstrue une partie du flux d'air sortant la bouche. La langue se place entre les dents. C'est pour ces raisons que ce phonème porte le nom de dentale fricative. Il est évident que la pression sur les dents existe, étant donné le placement de notre langue sur cette dernière. Et cette pression est forcément plus élevée dans les langues anglo-saxonnes en ce qu'elle existe tout simplement, contrairement chez les locuteurs de langues romanes.
D'autres phonèmes extrêmement courants (haute fréquence d'utilisation) en anglais sont les "n" soit une consonne nasale alvéolaire voisée ainsi que le "t" et le "d", des consonnes occlusives alvéolaires sourdes et voisées. Ces consonnes s'effectuent avec la langue à proximité des dents, plus particulièrement sur la crête alvéolaire.
Il parait plausible d'émettre l'hypothèse selon laquelle une plus grande utilisation de ces sons engendre forcément une plus grande pression sur les dents, aussi infime soit-elle. De là à ce que celle-ci entrave un développement positif ou négatif de notre dentition ou bien qu'elle l'affecte directement, le manque de documentation sur le sujet témoigne peut-être d'une invalidation de la conjecture.
Bonne journée,