Qui était Judas Iscariote ?

Bonjour, 

Qui était Judas Iscariote et que savons-nous de lui ? Autant vous dire que tout ne pourra pas être dit dans cette réponse, tant l'histoire de Judas, autant pour son rôle de disciple que de traitre de Jésus de Nazareth, est saturée de controverses et de débats de nature religieuse et historique. Ce personnage est devenue une figure polémique, autant haïe que fétichisée.

Afin de dresser un portrait consensuel et synthétique de Judas Iscariote, nous nous sommes basés sur la notice biographique du Dictionnaire des Dieux, des Saints et des Hommes publié en 2008 par l'historien français Pierre Chavot. L'idée était de s'extraire des nombreuses ressources théologiques à notre disposition pour nous en remettre aux travaux d'un historien qui a le mérite de replacer Judas dans une histoire multi-confessionnelle du fait religieux, sans omettre pour autant les controverses suscitées par un tel personnage. Selon les usages et en raison des conséquences déclenchées par les derniers jours de sa vie, l'auteur se focalise sur la trahison et la mort de Judas. Une sélection bibliographique vous permettra d'en connaitre davantage sur l'état des connaissances actuelles au sujet de l'apôtre. 

Judas Iscariote : 

• Il est un disciple de Jésus et fait partie des douze apôtres selon le Nouveau-Testament. 

• Il est celui qui aurait trahit Jésus auprès des grands prêtres du Temple de Jérusalem en l'échange d'une compensation financière. 

• Selon l’Évangile de Saint Jean sa trahison aurait été révélée par Jésus lors de la Cène (son dernier repas). Désigné coupable, il serait sorti de la pièce avant de refaire une apparition au jardin des Oliviers, en compagnie de gardes romains, pour procéder à l'arrestation de Jésus. 

• Judas aurait touché sa récompense avant de se donner la mort en se pendant à un arbre (Évangile de Mathieu). Il est celui qui trahit mais ne se repent pas dans la tradition chrétienne. 

• Ses motivations ne sont toutefois pas claires. Dans les Évangiles de Jean et Luc le disent possédé par le diable. Mais pour l'historien juif Flavius Josèphe (né en 37-38 et mort vers 100), il ferait partie des juifs extrémistes reprochant à Jésus son pacifisme. 

• Iscariote pourrait signifier "Homme de Kyriat ou de Carioth", potentiels villages du sud de la Judée, sans pour autant que cela ne soit authentifié. 

• Est aussi rappelée la traduction et la publication en 2006 d'un Évangile apocryphe (non reconnu par l’Église), l’Évangile de Judas, découvert dans les années 1970 en Égypte et que les historiens connaissaient de réputation puisqu'il était mentionné dans un texte d'Irénée de Lyon écrit en 180. Il aurait été composé par des caïnites, une secte gnostique du début de l'ère chrétienne qui vénérait tous les personnages que la Bible avait stigmatisés. Judas serait dans son Évangile le seul à détenir la vérité : c'est Jésus qui lui aurait demandé de le trahir pour qu'il souffre et que s'opère le salut des hommes. 

Source : "Judas Iscariote, apôtre" - Dictionnaire des dieux des saints et des hommes de Pierre Chavot (L'Archipel, 2008 p. 420-421). 

Les quelques pistes déblayées dans cette entrée ne satisferont peut-être pas entièrement votre curiosité. Nous vous proposons donc ce petit corpus documentaire complémentaire, à retrouver sur les étagères des bibliothèques du réseau BML : 

Judas, le coupable idéal de Anne Soupa (Albin Michel, 2018). 

Judas de Peter Stanford (Fayard, 2016) - "Une réflexion qui mêle histoire, histoire des arts, sciences et religions, sur les représentations, les réappropriations politiques et culturelles du personnage le plus controversé de la Bible". 

Évangiles apocryphes : Jésus en dehors de la Bible de Jens Schroter (Labor et Fides, 2022) A ce titre, nous vous conseillons la lecture de cette précédente réponse du Guichet du Savoir. 

L’Évangile de Judas : du Codex Tchacos / édité sous la direction de Rodolphe Kasser, Marvin Meyer et Gregor Wurst  avec la collaboration de François Gaudard et traduit de l'anglais par Daniel Bismuth (Flammarion, 2006)

Les Évangiles à l'épreuve de l'histoire : légendes pieuses ou récits authentiques ? de Bruno Bioul (Artège, 2018). 

Bonnes recherches,