Question d'origine :
Est-ce que les gens qui sont très mauvais ont un très bon côté en eux et est-ce que les gens qui sont très bons ont un très mauvais côté en eux?
Réponse du Guichet
La complexité de la nature humaine invite à nuancer les jugements, surtout lorsqu'ils concernent un ensemble de personnes peu défini.
"La personnalité est l’ensemble singulier des valeurs singulières de tous les paramètres définissant un être humain. C’est le psychisme singulier d’un acteur anthropique singulier, équipé d’un dispositif biologique singulier et engagé singulièrement dans du culturel singulier. La personnalité, autrement dit, est le résultat instantané de la singularisation des quatre dimensions de l’humain. Or, la singularité est insaisissable et inconnaissable en toute rigueur. Elle peut, au mieux, être approchée par une démarche historienne, dont l’ambition serait de restituer une singularité, autant qu’il se peut. Mais la démarche dépend étroitement de la documentation disponible. Même pour les personnalités éminentes, elle fait à ce point défaut que toute biographie est, au mieux, une esquisse romanesque. Au demeurant, on peut s’interroger sur l’urgence et l’intérêt de poursuivre l’étude de l’être humain jusque dans sa singularité ultime"
écrivait Jean Baechler dans "La nature humaine".
Au vu de la singularité de tout individu, dont le psychisme s’organise, se cristallise selon un mode d’assemblage de ses éléments propres, avec des lignes de cohésion, mais aussi de clivage, on peut répondre que toutes les associations, tous les emboîtements sont possibles. Comme le Guichet du Savoir l’a déjà précisé dans une réponse donnée précédemment sur les qualités et les défauts de la personne humaine, les jugements que nous pouvons porter sur ceux-ci doivent être nuancés. Ce que nous pouvons appeler couramment «un bon côté» peut être considéré comme tel par un individu et jugé plus sévèrement, voire même négativement, par un autre, selon l’exemple donné d’une qualité qui peut devenir également un défaut, et notamment être ambitieux.
Vous trouverez aussi des éléments dans quelques autres réponses fournies, où vous nous interrogiez sur l’existence des gens vraiment bons ou mauvais ou encore si les gens violents ont un bon coeur.
Votre question, dont la lecture peut avoir un fond philosophique, pourrait aussi être posée directement à un professionnel, un psychologue, un interlocuteur privilégié pour y répondre de manière la plus exhaustive possible.
De notre côté, en tant que bibliothécaires, nous pouvons vous recommander la lecture de la Psychologie du bien et du mal de Laurent Bègue, Odile Jacob, 2011 ou bien Psychologie de la personnalité et des différences individuelles de Michael C. Ashton, éd. De Boeck, 2014. Pour prendre les choses avec philosophie, découvrez la publication de Laurence Devillairs, intitulée Etre quelqu’un de bien: philosophie du bien et du mal, parue chez PUF, 2019 ou bien Les passions de l’âme et leur réception philosophique, éd. par Giulia Belgioioso et Vincent Carraud, éd. Brepols, 2020.
Nous vous conseillons aussi, et peut-être avant tout, de lire un roman de Fiodor Dostoïevski - un titre de votre choix - car aucune science n’illustrera mieux que la littérature, et cet auteur par excellence, le problème que vous vous posez. L’Idiot, Les frères Karamazov, mais aussi Crime et châtiment,voire Les Démons ou les possédés, pour ne citer que les œuvres les plus emblématiques de l'auteur. Ils vous emmèneront au coeur des questionnements sur le bien et le mal, dans la polyphonie des doutes, des passions et tourments qui animent la nature humaine.
Nous vous souhaitons une excellente lecture !