Que savez-vous de la porte en bois sculptée du 10 rue Franklin ?
Question d'origine :
Bonjour, je suis passée devant la très belle porte en bois du n° 10 de la rue Franklin à Lyon qui s'orne de 2 scultpures qui évoquent l'écriture. Pourriez-vous m'en dire plus ? Avec tous mes remerciements.
Réponse du Guichet
Vous souhaitez en savoir plus sur la porte sculptée du 10 rue Franklin, dans le 2e arrondissement de Lyon. Voici ce que nous avons trouvé :
Bonjour,
Plusieurs photographies de cette porte sont présentes dans notre base Photographes en Rhône-Alpes :
8- Plaque mémorielle : cette photographie a été prise en janvier 2018, au 10, rue Franklin. La plaque mémorielle, placée à la droite de la porte sculptée, rend hommage à l'architecte et écrivain Clair Tisseur, aussi appelé Nizier du Puitspelu. Il a vécu dans cet immeuble de 1858 à 1877, dont il fût l'architecte, en 1846.
La façade est typique de l'architecture de la seconde moitié du XIXe siècle : composition classique très bien dessinée, symétrie parfaite autour de la travée centrale qui présente le plus d'ornements. Cet immeuble a 7 niveaux, chacun ayant 7 ouvertures.
Il faut noter la hiérarchie du décor du rez-de-chaussée au 7e niveau. L’entresol (2ième niveau) de même hauteur que l’étage noble (3ième niveau) est muni d'une balustrade en pierre. Au dessus, à l’étage noble, le balcon central, le seul de la façade, repose sur des consoles à palmettes et est équipé d'un garde-corps en fonte très ornementé.
Certaines ouvertures sont surmontées de frontons triangulaires.
Au rez-de-Chaussée, la porte d'entrée en bois est magnifiquement sculptée. Elle est encadrée par des éléments en pierre : chaque pilastre cannelé est terminé par un chapiteau décoré de feuilles d’acanthe. Celui de gauche est surmonté de la tête de la poétesse Louise Labé et celui de droite de celle du sculpteur Philibert de L'Orme. Ces deux visages évoquent les deux activités de Clair Tisseur : l'écriture et l'architecture..
Le linteau est orné de deux putti, sans ailes, assis sur des feuilles d'acanthe et tenant un blason vierge de tout motif.
Nous n'avons pas trouvé d'informations concernant les deux personnages sculptés dans le bois de la porte, mais on peut imaginer qu'il s'agit des deux mêmes personnages sculptés dans la pierre, Louise Labé et Philibert de L'Orme, car ils en ont les mêmes attributs.
Ici, vous trouverez une petite biographie de Clair Tisseur (dit Nizier du Puitspelu) :
Clair Tisseur est né à Lyon, le 27 janvier 1827 ; sa première enfance s'écoula dans un petit village du Lyonnais, où il fut envoyé en nourrice ; puis il revint à Lyon et ce fut alors sa mère, Françoise Durafor, qui lui apprit à lire... Jean-Marie-Louis Tisseur, son père, compléta l'enseignement maternel et lui apprit à son tour l'écriture et les quatre règles. Le jeune élève fréquenta ensuite plusieurs écoles, mais ses premières études furent contrariées par diverses maladies, l'enfant étant de santé débile. A treize ans, il fut orienté vers le tissage, débuta chez un fabricant de satin, puis chez un fabricant de velours... Mais la vocation ne se dessinait pas. En 1844, le jeune Clair entra chez Bossan, pour devenir architecte ; l'année suivante, nous le trouvons à l’École des Beaux-Arts, où il a pour maître Antoine Chenavard. Sous la haute direction de ce dernier, l'élève travailla avec acharnement et se plaça parmi les meilleurs de l'école ; en 1851, il obtint le second prix de la Société d'architecture... En 1852, Clair Tisseur fut commis chez Louvier, l'architecte du département, à qui nous devons la préfecture de Lyon ; en 1854, il fut attaché au service de l'hôtel de ville, qu'il quitta définitivement en 1858, pour fonder un cabinet d'architecte et courir sa propre fortune. Ses premiers travaux littéraires datent de 1858 et vont de pair avec ses travaux professionnels... En 1877, Clair Tisseur, surmené, éprouvé par les deuils de famille, abandonna définitivement son cabinet d'architecte et se retira à Nyons-les-Baronnies (Drôme), où il construisit, pour achever son existence, la maison qu'il baptisa "L'Asyle du Sage" Ce fut une époque purement studieuse et purement littéraire ; pendant dix-huit années se succédèrent, à intervalles rapprochés, des œuvres de fantaisie, d'histoire, de critique et de philosophie... Un tel labeur devait épuiser la santé de Clair Tisseur ; malgré sa résistance morale, qui échappait même à ses amis, la mort le terrassa le 30 septembre 1895. Ses funérailles, commencées à Lyon, s'achevèrent au cimetière de Sainte-Foy, où notre compatriote repose auprès des siens. L’œuvre de Clair Tisseur, architecte, comprend des maisons, des églises, des châteaux, des monuments funéraires. Citons, en particulier, les églises du Bon-Pasteur, de Sainte-Blandine, à Lyon ; celles de Brignais, de Tassin, d'Orliénas, dans le Rhône ; de Chabeuil, dans la Drôme ; des Missions africaines, à Nice ; la mairie du 2e arrondissement, à Lyon, qui, au début, était l'hôtel de la Compagnie de Terrenoire... L’œuvre littéraire n'est pas inférieure à l’œuvre professionnelle : outre de nombreux travaux parus dans la "Revue du Siècle" [BM Lyon, 356260], Clair Tisseur fit paraître d'importants ouvrages, dont quelques-uns furent signés de son pseudonyme favori (Nizier du Puitspelu) : Les Vieilleries lyonnaises [BM Lyon, 6900 X1.2 NIZ] ; Les oisivetés du sieur du Puitspelu, Lyonnais [BM Lyon, 6900 X0 NIZ ] ; Les histoires de Puitspelu, Lyonnais [BM Lyon, 6900 X4.7 NIZ] ; Dictionnaire étymologique du patois lyonnais [BM Lyon, 6900 X1.1 NIZ], Le Littré de la Grand'Côte [BM Lyon, K 121433], etc.
Texte descriptif de la photo P0979 005 00091 , Photographes en Rhône-Alpes.
Espérant avoir répondu à votre question, nous vous souhaitons une bonne journée.