Je cherche des informations sur une entreprise de soierie lyonnaise dirigée par les frères Bertrand
Question d'origine :
Bonjour,
Avez-vous des éléments sur une entreprise de soierie lyonnaise dirigée par trois frères : Charles, Antonin et Henri Bertrand ? Entreprise créée par leur père et reprise par eux vers 1920. Ce sont également les fondateurs de la chocolaterie de Villeurbanne "Les 3 frères", si vous avez également un historique à ce sujet, je suis preneur.
Merci pour votre aide
Cordialement
Réponse du Guichet
Nos premières recherches nous ont dirigé vers La maison Henry Bertrand, fabricant de Jersey de Lyon, spécialité lainages et linon, mais il y a bien eu une société nommée Les fils de J. Bertrand.
Bonjour,
Nos premières recherches ayant débouché sur un soyeux portant le même patronyme que celui auquel vous vous intéressez, nous avons continué d’investiguer et avons trouvé les frères Bertrand mentionnés dans plusieurs documents numérisés par Google livres.
Un numéro du Bulletin des soies et soieries de 1920 nous confirme l’existence d’une société en nom collectif :
Les fils de J. Bertrand, 27 quai de Retz (fabrication et vente de broderies et plissés pour mode et confection). Durée, 10 ans du 1er janvier 1920. Capital, 100.000 fr., constituée de la manière suivante: MM. Charles, Henri et Antonin Bertrand, le fonds de commerce qu’ils exploitent, achalandage, matériel, outillage, marchandises, espèces, créances, le tout évalué à 86.750 fr.; ils apporteront, en outre, au fur et à mesure des besoins, une somme de 18.250 fr. (17 janvier 1920).
Aucune indication de numéro et de page n’étant mentionnée, il ne nous est pas possible d’aller consulter ce bulletin dont la collection parcellaire est conservée à la BML.
Parmi les résultats de recherche dans Google livres, un extrait des Petites affiches lyonnaises et départementales et Nouvelles affiches, 1920, donne l’information suivante :
La raison et la signature sociales seront : Les fils de J. Bertrand. La durée de la société sera de dix années consécutives à compter du premier janvier mil neuf cent vingt.
Là encore, sans plus de précisions sur le numéro concerné, il ne nous est pas possible de le consulter.
Le Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales, Partie 2, 1960 apporte cette information :
Les fils de J. Bertrand, S.N.C. Nouveautés pour confection et fourrures. Au lieu de «Siège social à Lyon. Boulevard des Belges, n°89», lire «à Lyon, boulevard des Belges, n°88».
Le Bulletin officiel des annonces civiles et commerciales du 31 janvier 1962 mentionne Les fils de J. Bertrand :
Les fils de J. Bertrand, S.N.C. au capital de 16.200NF. Confections pour dames et nouveautés. Siège social: à Lyon. 89. boulevard des Belges. Associé en nom :
Comme expliqué dans cette réponse du GDS, la consultation en ligne du BODACC ne permet pas de rechercher une publication antérieure à 2008.
Un autre numéro de 1962, informe de la «dissolution anticipée à compter du 31 décembre 1961» des Fils de J. Bertrand.
Dans Chroniques cévenoles : une famille de filateurs de soie à Valleraugue (1792-1904), 1996, on trouve :
« Les Fils de J. Bertrand » s'engagent à rembourser en six tranches 72 % des travaux déjà entrepris de modernisation et de remise en état des ateliers, travaux évalués à 25000 francs.
Cet ouvrage répertorié par le Sudoc est disponible dans les bibliothèques suivantes :
BESANCON-BU Lettres
BEZIERS-CIRDOC
MONTPELLIER-BU Lettres
PARIS-BIS, Fonds général
PARIS-Bib. Sainte Geneviève
Enfin, dans L'indicateur lyonnais Henry de 1920, dans les pages des entreprises et commerces de la soie, apparaît une société Bertrand frères :
Bertrand frères, Petit et Cie, moussel., pl. Griffon, 5.
Il semble peu probable que ce soit la famille qui vous intéresse.
Par contre, le même annuaire de l'année 1960 répertorie bien cette soierie :
La recherche sur le nom la soierie des frères Bertrand n’a donné aucun résultat.
Nous laissons ci-dessous les premiers résultats de recherche en lien avec votre commentaire, pour mémoire.
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Nous avons trouvé trace d'une Maison Henry Bertrand sur le site des archives du Rize à Villeurbanne :
Le site donne les informations suivantes :
Henry Bertrand (1855-1934), président de l’Association de la Fabrique Lyonnaise et administrateur des Hospices Civils de Lyon, est aussi propriétaire et gérant de la Société Clayette et Cie à partir de 1917. La raison sociale de la société change et devient Bertrand-Clayette.
La maison Henry Bertrand dispose de deux usines : l'une à Villeurbanne depuis 1916, 197 cours Émile-Zola, où se trouvent aussi les magasins et le siège social et l'autre à Tarare (Rhône).
L'usine compte 283 salariés en 1936.
Spécialités :
Fabrication de Jersey de Lyon et spécialité de lainages et linon.
Au chapitre 1 consultable en ligne, l'ouvrage Villeurbanne : naissance et métamorphose d'une banlieue ouvrière, processus et formes d'urbanisation de Marc Bonneville cite une fois un Henri Bertrand :
Le tissage trop spécialisé, peu concentré, à faibles capitaux, subit une évolution contrôlée en fait, depuis l’avènement de la viscose et de la rayonne, par les fabricants de fils et les mouliniers qui disposent de moyens techniques et financiers bien supérieurs. Aussi bien les fermetures sont nombreuses, de même que les concentrations, accompagnées de licenciements. Les affaires les moins touchées sont celles qui sont les plus diversifiées : Henri Bertrand qui possède plusieurs établissements et plusieurs spécialités ; J.-B. Martin créé en 1839 à Tarare, spécialisé dans le tissage du velours mais aussi dans la teinture industrielle et possèdent outre l’usine de Bonneterre des établissements à Tarare, Roanne, Lyon (La Vilette), Moirans, Voiron, etc.
Le document COMPAGNIE GÉNÉRALE DES SOIES DE FRANCE ET D'INDOCHINE (1921-1927) indique que Henri Bertrand était président de cette compagnie et donne d'autres informations :
Henri BERTRAND, président
Né le 29 juin 1855 à Bouvesse-Quirieu (Isère).
Employé de soieries (1872-1885).
Fabricant de mousselines depuis 1885.
Président de la Fabrique lyonnaise (1913-1917), syndicat.
Administrateur pour la région lyonnaise de la Société nationale des matières colorantes.
Chevalier de la Légion d’honneur du 8 janvier 1907.
Officier de la Légion d’honneur du 20 juillet 1920.
Décédé en 1934 (nécrologie ci-dessous).
Ce même document propose plusieurs fois l’occurrence Bertrand précédé du prénom Henri ou Henry. On peut y lire la nécrologie d'Henry Bertrand :
Henry BERTRAND
(La Soierie de Lyon, juin 1934)
Nous avons appris avec un très vif regret la mort de M. Henry Bertrand, fabricant de soieries, officier de la Légion d'honneur, titulaire de la médaille de la Reconnaissance française et de la grande médaille de la chambre de commerce, administrateur des hospices, membre du conseil de l'Université, qui a succombé vendredi matin, 25 mai, à l'âge de soixante-dix-neuf ans.
Nous ne saunons mieux parler du défunt qu'en publiant ci-dessous le discours prononcé à ses obsèques par M. Vautheret, président du Syndicat des fabricants de soierie.
« Au nom de la Fabrique lyonnaise à laquelle Henry Bertrand appartint si longtemps, j'ai le devoir de prendre ici la parole.
Au cours d'une vie toute de labeur et de recherches, c'est à la soierie qu'il consacra le principal de son activité : avec lui disparaît l'une des personnalités les plus puissantes, les plus agissantes de notre corporation.
Fils de ses oeuvres, Henry Bertrand, à qui de solides études à la Martinière, donnèrent les premières connaissances pratiques, devint fabricant en 1885. Travailleur acharné, parfait technicien, il poursuivit le développement de sa maison pour l'amener au premier rang de celles qui honorent notre place et, durant près de cinquante années, son nom sera mêlé à toutes les manifestations, toutes les initiatives d'une corporation qu'ils aimait, en les destinées de laquelle il avait foi.
Sa longue carrière le fit assister aux deux inventions qui, depuis celle de Jacquard, modifièrent le plus profondément notre industrie : la teinture en pièces, puis, plus près de nous, la création du fil artificiel. Avec sa vision rapide des évolutions du progrès, son sens réalisateur, il fut de ceux qui aidèrent puissamment à en faire la mise au point d'abord, puis à en vulgariser l'utilisation.
Esprit ouvert, épris de son métier, Henry Bertrand n'aurait pu rester étranger à la défense des intérêts généraux et sa présence en nos conseils fut particulièrement féconde. Lorsque fut réalisée, au cours de la guerre, la fusion des deux chambres syndicales, dont parfois s'opposèrent les doctrines, il présidait l'une d'elles, l'Association de la Fabrique lyonnaise, qui l'avait appelé à sa tête en 1913. La fusion des deux chambres fut en grosse part son œuvre.
Henry Bertrand était à l'avant-garde de l'expansion de l'industrie soyeuse. Sa maison participait à toutes les expositions, il fut lui-même président de la classe des soieries à l'Exposition de Lyon 1914 que les événements devaient brutalement interrompre.
Depuis, il ne cessa, au sein du conseil syndical, de nous apporter une constante collaboration, dont il soutenait les initiatives avec une fougue généreuse et persuasive.
A l'une d'elles son nom restera plus particulièrement attaché : c'est la Société de la Carte de Nuances de la Fédération de la Soie, dont les documents, toujours renouvelés, contribuent puissamment aux recherches de la nouveauté lyonnaise. Cette œuvre, créée par lui en pleine guerre, fut toujours l’objet de sa prédilection, il aimait s'y consacrer et suivait attentivement ses progrès.
En marge de notre industrie et parce qu'elles lui semblaient indispensables à sa prospérité, il s'était fait encore le champion des soies coloniales et, comme tel, présidait la Compagnie des soies de France et d'Indochine, ainsi que la Compagnie des Soies Cambodge et Cochinchine. Il figurait enfin au conseil d'administration de la Société lyonnaise de soie artificielle.
Parce qu'encore il y voyait la possibilité de servir notre corporation, parce qu'il savait combien il importe de sauvegarder l'enseignement technique, Henry Bertrand était président d'honneur des Anciens Élèves de l'École de tissage et membre de la commission de cette École ; vice-président des Anciens Élèves de la Martinière et administrateur de l'Enseignement professionnel du Rhône ; membre de la commission de l'École de commerce.
De tels services lui valurent la rosette d'officier de la Légion d'honneur, un siège au conseil supérieur des colonies et la grande médaille de la Chambre de commerce.
Mais sa large intelligence, sa générosité inlassable, devaient pousser Henry Bertrand vers bien d'autres activités. Étendant à la jeunesse de l'Université la sollicitude qu'il avait pour celle de nos écoles techniques, il devint membre du Conseil de l'Université ; viceprésident des Amis de l’Université et du comité de patronage des étudiants.
Les Lettres l'attirèrent, l'Art le passionna et la liste est longue des groupements, des compagnies auxquelles il apporta avec sa collaboration l’autorité de son noM. Rien dans la vie de la Cité ne le laissa indifférent. Pour un progrès, pour une idée généreuse, pour la défense du Beau et de la Culture, l'appel auprès de lui ne fut jamais vain.
Il était président de l'Association lyonnaise des recherches archéologiques, membre du Conseil de la Société littéraire, historique et archéologique, de l'Académie des sciences, belles lettres et arts de Lyon, du conseil du Musée de Gadagne, de la commission du Musée Lyonnais des Arts décoratifs, de la Commission du Vieux Lyon, président d'honneur des Amitiés littéraires et artistiques de Villeurbanne, membre du Conseil des Lamartiniens de Lyon et du Sud-Est, membre de la Société de Géographie de Lyon.
Henry BERTRAND était aussi profondément bon, profondément humain ; que d'œuvres furent par lui aidées, que de misères soulagées, avec une discrétion, un souci de s'effacer, auquel ne put le faire renoncer parfois que le désir d'être suivi, d'entraîner d'autres générosités.
Ainsi se trouva-t-il tout naturellement désigné pour collaborer aux institutions d'assistance.
Des voix plus autorisées sauront dire la carrière bienfaisante de cet homme dont le seul repos des affaires fut de se consacrer au bien des autres.
Il était, depuis longtemps, administrateur des Hospices civils de Lyon, lorsqu'il organisa et entretint, de ses deniers, un hôpital de 25 lits durant la guerre, ce qui lui valut la médaille de la Reconnaissance française. Il fut aussi administrateur-directeur de l'Asile Bertholon-Mourier et de la Fondation Peyret à Givors, administrateur-sousdirecteur de l'Hospice des Charpennes, membre du Conseil de l'Œuvre Grancher et partout où il eut quelque attache se témoigna son grand coeur. Parce que ce village fut son berceau, il présidait la Prévoyante de Bouvesse-Quirieu [Isère], de même qu'il présidait la Société de Secours mutuels de Saint-Cyr-au-Mont-d'Or et la Tutélaire du 1er arrondissement de Lyon.
La belle et grande figure que je viens d'évoquer restera vivante aux annales de notre Fabrique.
C'est en adressant à Mme Henry Bertrand, à M. et à Mme Pierre Clayette, l'expression de nos profondes condoléances, que je rends à Henry Bertrand le suprême hommage de la Soierie lyonnaise. Il fut de ceux dont une corporation a le droit d'être fière, de ceux qu'un pays peut regretter. En lui s'éteint un grand Fabricant et un grand Lyonnais. »
La Soierie de Lyon se joint aux nombreuses marques de sympathie reçue par la famille et lui renouvelle ses plus vives condoléances.
Il semble pourtant bien s'agir de la même personne. Le site Patrons de France recoupe ces différentes informations à la notice Henri Bertrand provenent du Bulletin de l'Association des Anciens Elèves de l'Ecole Supérieure de Commerce et de Tissage de Lyon, 1880, n° 245, juin 1934, pp. 9-11 et du Registre des décès de Saint-Cyr-au-Mont-d'Or (Rhône, France) - 4E 14112, Archives départementales du Rhône, 1934, acte n° 18 :
Bertrand, HenrI - Administrateur des Hospices Civils de Lyon 1856-00-00 Lyon
Bertrand, HenrI - Président de l'Association de la Fabrique lyonnaise 1913-00-00 Lyon
Bertrand, HenrI - Propriétaire de la société Clayette & Cie 1917-00-00 Villeurbanne
Bertrand, HenrI - Gérant de la Société Clayette & Cie 1925-00-00 Villeurbanne
Bertrand, Henri - Décès 1934-05-24 Saint-Cyr-au-Mont-d'Or
La chocolaterie des Trois frères est également répertoriée par Le Rize mais les informations sont plus succinctes :
J. Bertrand
Chocolaterie des Trois Frères "J. Bertrand".
Les usines et bureaux étaient situés 38 boulevard de la Côte (actuel boulevard Eugène-Réguillon).
Spécialités :
production de chocolat
Curieusement, ni le tome I ni le tome II des archives d'entreprises en Rhône-Alpes: XIXe-XXe siècles : guide documentaire, ne mentionnent ces entreprises.
Si vous souhaitez avoir plus d'informations, nous vous invitons à vous renseigner auprès du Musée des tissus de Lyon, des archives municipales de la ville de Lyon, et des archives départementales du Rhône.
Bonne journée.