Je souhaiterais connaître la raison du déménagement fréquent de mes ancêtres
Question d'origine :
Bonjour,
En faisant la généalogie de ma famille( tisseurs sur soie ) sur la période du 19eme siècle,je constate que ces personnes sur 2 ou 3 générations,déménagent fréquemment durant leur vie active. Existe t-il des raisons particulières liées à leur profession (logés chez le patron), ou de simples raisons économiques (pbs de loyers trop couteux par exemple? Peut-on savoir si certaines adresses correspondent à celles de fabriquants d'étoffe?
Merci pour votre réponse
Clami
Réponse du Guichet
Diverses raisons pourraient expliquer la fréquence des déplacements, notamment chez les ouvriers : le changement d'emploi, le mariage mais aussi les destructions.
Bonjour,
En guise de préambule, nous avons pu constater qu'au niveau national et pour la classe ouvrière, les déménagements étaient fréquents. C'est en tout cas ce que révèle Claire Lévy-Vroelant dans l'étude A propos de la mobilité résidentielle au XIXe siècle : un espace à explorer (Les Annales de la recherche urbaine, n°59-60, 1993, pp. 15-24) :
On a vu la nécessité où se trouve le pauvre de vivre à proximité de son ouvrage ; aussi, lorsqu’on démolit des maisons occupées par la classe ouvrière, l’encombrement augmente immédiatement dans le voisinage (…) il y a toute une série de démolitions pour des motifs divers : embellissements, constructions d’écoles, de gares etc.
(…)
Dans son étude de la mobilité résidentielle dans le XIIIe arrondissement de Paris, Alain Faure fait un double constat : d’une part, une mobilité moyenne importante, d’autre part, des comportements très diversifiés. D’après les résultats portant sur 294 adultes entre 20 et 4 ans, on observe un déménagement tous les 4 ans en moyenne (…) L’impression que l’on a est bien d’une grande banalité du déplacement.
Jean-Luc Pinol formule de semblables hypothèses dans l'article Itinéraires résidentiels et trajectoires sociales à Lyon (1898-1936) : Un contraste de générations (Les Annales de la recherche urbaine, n°59-60, 1993, pp. 25-32).
Selon lui [Claude Olchanski], « tandis que l’employé reste pratiquement toute sa vie dans une même maison ou n’en change que rarement, l’ouvrier appartient au « métier » et non à l’usine où il travaille, qu’il quitte lorsqu’un meilleur salaire ou un travail moins pénible lui est proposé, ou dont il est congédié dès que le travail manque. Il en résulte une mobilité de vie et de résidence qui prédispose au célibat (…) Pour chaque individu, le nombre maximal de déménagements survenus à occasion des quatre premières observations – 1896, 1901, 1906 et 1911 – peut être de trois.
(…) La différence essentielle entre ouvriers et employés semble être la relation entre l’espace de travail et l’espace résidentiel. Pour les ouvriers, le quartier conjugue souvent les deux, alors que, pour les employés la conjonction semble plus exceptionnelle.
La relation entre espace de travail et espace résidentiel est tout particulièrement significative dans le milieu des soyeux puisque comme le note Bernard Tassinari dans La soie à Lyon : de la Grande fabrique aux textiles du XXIe siècle ,
il n'y a pas de dissociation entre la vie familiale et la vie professionnelle qui s 'écoulent dans le même local (...) une partie du local est consacrée aux métiers, l'autre au logement
sachant que selon l’auteur, l’habitation était coupée en deux avec en bas la chambre pour le maître et son épouse et en haut le lieu du couchage du compagnon ou de l'apprenti qui était nourri, logé, chauffé et éclairé.
Tout changement professionnel entraîne donc une mobilité. Le mariage est également un autre facteur de "déménagement" ainsi que les diverses destructions mentionnées par Pierre-Yves Saunier dans L'esprit lyonnais XIXe-XXe siècle : genèse d'une représentation sociale :
En dénonçant les spéculations immobilières qui détruisent les vieilles maisons et les souvenirs d’antan, Morel de Voleine, Sainte-olive ou Tisseur s'attaquent aussi au "Dieu du lucre", à la spéculation qui chasse les pauvres et le petit commerce, à la recherche du rendement qui dicte ses lois aux architectes contemporains ...
Pour compléter ces premières informations, nous vous suggérons la lecture de l'ouvrage d'Yves Lequin, Les Ouvriers de la région lyonnaise (1848-1914) - Volume 1. La formation de la classe ouvrière régionale.
En poursuivant vos recherches aux Archives départementales du Rhône, vous pourrez retrouver la mention du propriétaire du lieu et de son métier. L'ouvrage Vous cherchez quelqu'un ? : guide des sources de l'histoire individuelle et familiale aux Archives de Lyon vous explique comment procéder et vous oriente notamment vers les archives notariales.
Bonnes recherches.