Question d'origine :
Bonjour,
Un square a ouvert récemment à Lyon 9, Square Thérèse Girardon
Malheureusement je ne trouve quasiment rien sur elle ? Pourriez-vous m'en dire plus, ou m'indiquer où trouver des éléments ?
Cordialement
Réponse du Guichet
Thérèse Girardon était une habitante du quartier de Champvert. Le square qui porte son nom est un hommage rendu par le conseil de quartier en souvenir de son engagement militant, mais la célébrité de Madame Girardon est toute relative. Les seuls documents que nous avons pu trouver à son sujet reflètent ses qualités de figure locale, militante et engagée, sans doute appréciée des gens qui l'ont cotoyée, mais se limitent à quelques articles de presse locale.
Comme vous l'avez sans doute déjà constaté, le site Rues de Lyon fournit quelques indications sur Thérèse Girardon :
Thérèse Girardon est née en 1934, elle est morte en 2019.
L'annuaire donne une adresse au 161 rue Sidoine Apollinaire, dans la barre de la Vallonnière qui donne sur la rue Pierre Audry, elle voyait peut être son futur square depuis sa fenêtre.
Elle a commencé sa carrière comme gouvernante dans une famille lyonnaise, puis a travaillé dans l'usine des lampes Claude, puis SLI, un peu plus bas, rue Saint Simon.
C'est pour son engagement syndical à la CGT qu'elle est honorée, doublé d'un mandat aux prud'hommes et d'un rôle de militante au secours populaire.
Thérèse Girardon était donc une habitante du quartier qui s'est illustrée par son engagement militant. Si elle a visiblement été une figure importante de son quartier, assez marquante pour laisser son nom à un square, sa renommée reste très limitée, comme peut en témoigner une recherche infructueuse dans Google Books.
Si la presse en fait état, c'est à l'occasion justement de l'hommage que lui rendent les habitants en choisissant son nom pour baptiser le square. C'est en effet une consultation du conseil des habitants de Champvert (et un vote sur internet) qui décide de mettre cette habitante à l'honneur.
La Lyonnaise Thérèse Girardon a un square à son nom
D.T.
À l’occasion des travaux rue Pierre-Audry, un square est en train d’être construit à l’angle de l’avenue Barthélémy-Buyer, dans le 9earrondissement. Lors du conseil d’arrondissement, son nom, décidé par les internautes, a été dévoilé : il s’agit une femme, de l’arrondissement de surcroît.
L’égalité des hommes et des femmes passe aussi par la féminisation des espaces publics. Actuellement, à Lyon, seulement 11 % des odonymes -noms propres désignant une voie de communication- sont attribués à des femmes. « Le retard est immense » précise Anne Braibant, maire du 9e arrondissement. « C’est la raison pour laquelle je suis fière de vous présenter cette délibération sur la dénomination d’un nouveau square, qui est situé à l’intersection de la rue Pierre-Audry et l’avenue Barthélémy-Buyer. Un lieu avec une grande esplanade dont les travaux sont en train de se terminer. Après consultation du conseil de quartier de Champvert et suite à un vote des internautes, c’est le nom de Thérèse Girardon qui a été choisi.
Femme du 9e arrondissement, elle est née en 1934 et décédée à l’âge de 83 ans. Elle fut reconnue en 2019 pour ses nombreux combats conte l’injustice sociale et s’est longtemps battue pour l’amélioration des conditions de travail en tant que syndicaliste lorsqu’elle travaillait à l’usine de fabrication de lampe Claude. Elle a poursuivi son combat pour défendre les travailleurs et les travailleuses au sein du conseil des prud’hommes. En parallèle à ses combats syndicaux, elle s’est engagée dans le milieu associatif, notamment au sein du Secours populaire. Marraine d’un village au Sénégal, elle a même financé les études de plusieurs villageois.
Le choix d’une personnalité lyonnaise
« Le combat pour la place des femmes doit être constant, et féminiser le nom de rues, places ou espaces publics, c’est rendre ces lieux à tous et permettre aux jeunes filles d’avoir des noms de personnalités historiques lyonnaises, c’est important aussi pour leur construction, et leur dire qu’elles ont toute leur place dans cette société » a d’ailleurs rajouté le conseiller d’arrondissement LFI Cyril Guinet.
La délibération a été adoptée à l’unanimité.
source : Le Progrès (Lyon), lundi 9 mai 2022
Une quinzaine d'années auparavant, la Lyonnaise bénéficiait déjà d'un coup de projecteur du journal, et cette fois-là c'était pour son activité de retraité très engagée :
Camarade retraitée
Ancienne ouvrière de l'usine « Claude » à Vaise, militante de la CGT depuis 45 ans, retraitée depuis 1993, Thérèse Girardon est toujours en mouvement.
A 70 ans, elle a gardé le rythme du travail à l'usine. Elle se lève tôt car elle a une semaine bien remplie.
Lundi, elle va à la réunion de la CGT du 9e. Mardi, elle est de permanence à l'union locale dont elle est trésorière et ensuite, direction la manifestation de retraités. Mercredi, elle écoute les conférences à l'université tout âge pour rattraper ses manques d'instruction. Jeudi, elle court à la grande manifestation interprofessionnelle qu'elle ne peut pas rater.
Elle n'oublie pas non plus son activité au Secours Populaire. Vendredi, elle s'occupe d'une amie hospitalisée. Samedi et dimanche, elle distribue des tracts de la CGT à Gorge de Loup.
Il y a une semaine, elle distribuait des tracts à la Duchère, avant la manifestation de l'usine « Claude » menacée de fermeture.
Elle dit toujours « mon usine », comme si elle ne l'avait jamais quittée. Embauchée en 1960 comme tireuse de fils à la chaîne de production d'ampoules électriques, elle a fait ce travail pendant 33 ans. C'est à l'usine « Claude » qu'elle a découvert pour la première fois le monde ouvrier, après avoir passé dix ans « enfermée dans un petit monde d'employée de maison. »
C'est dans là qu'elle a appris à se battre contre les injustices sociales. La dernière injustice, la fermeture de l'usine, l'a touchée droit au coeur. Elle ne voulait pas croire que « son usine » centenaire allait disparaître. Elle est allée à la manifestation contre la fermeture comme à un enterrement d'un proche.
L'usine « Claude », c'était sa famille. Elle y était appréciée, connue, déléguée du personnel. D'une famille ouvrière de sept enfants, orpheline à 5 ans, elle a été élevée par des tantes. Célibataire sans enfants, elle ne s'est jamais sentie seule grâce à ses camarades. Et ses camarades peuvent toujours compter sur elle, souligne-t-elle.
A la retraite, Thérèse Girardon n'a rien perdu de son enthousiasme et de son engagement. Elle répète qu'il faut « lutter jusqu'au bout et ne jamais se laisser abattre. » Pour chaque manifestation de travailleurs, elle met son badge de retraitée CGT qu'elle porte avec fierté. Elle aimerait bien porter une pancarte. Mais la douleur dans les épaules, usées par le travail à la chaîne, l'en empêche.
source : Le Progrès - Lyon, samedi 12 mars 2005
Un autre article paru à la même époque célèbre son anniversaire, soulignant son statut « icônique » au sein de sa famille :
Fleurieux-sur-l'Arbresle: La famille Girardon fête les 80 ans de Thérèse
Thérèse Girardon, la célibataire est l'icône de la famille. Cette grande famille s'est réunie samedi 18 octobre à la salle Gaston Braquet pour fêter ses 80 ans (18 octobre 1934). Thérèse est le dernier enfant des sept nés du couple Jean-Marie et Marie [Maria Perrine DUSSUD] Girardon avec Joannès, Marcel, Joseph, Andrée, Albert, Maurice. Autour d'elle 21 neveux, 41 petits-neveux et 10 arrières-petits-neveux.
source : Le Progrès - Lyon, mercredi 22 octobre 2014