Quels étaient les prix d'une chambre et d'un repas en 1785 ?
Question d'origine :
J'écris une histoire ,et je voulais connaitre quels étaient le prix d'une chambre et celui d'un repas en 1785? Merci à vous de pouvoir éluder ma lacune;
Réponse du Guichet
Le coût d'une chambre à la fin du XVIIIe siècle dépendait de sa localisation et du statut social de votre personnage : située dans un garni populaire parisien, elle pouvait couter de 4 à 8 livres par mois.
Bonjour,
Votre demande manque de précisions : quel type de chambre votre personnage souhaite-t-il louer ? Une chambre dans un hôtel, un garni, un appartement de particulier, ... ? Dans quelle région de France, quelle ville ou quartier ? Les prix peuvent être très différents d'un lieu à l'autre.
Le prix des chambres garnies est fort inégal : vous aurez un appartement de quatre pièces près du Luxembourg qui vous coûtera six fois plus près du Palais-Royal.
source : Le XVIIIe siècle français au quotidien - page 232
Nous vous proposons un extrait de Peuple et pauvres des villes dans la France moderne : de la Renaissance à la Révolution écrit par Anne Béroujon consultable partiellement en ligne sur Google Livres :
Un dernier mode de logement consiste à louer une chambre meublée, un « garni ». Les immigrés, les compagnons et domestiques qui ont quitté leur maître, les petits métiers y trouvent un précieux recours. Avantages : la mobilité qu’ils permettent (pour plus de neuf domestiques parisien sur dix logés dans les garnis parisiens au XVIIIe siècle, la durée moyenne de séjour n’excède pas un mois), leur faible coût, la possibilité de ne pas débourser trop d’argent d’un coup, puisque le paiement s’effectue au mois, à la quinzaine, ou à la nuit. Mais ce sont bien souvent des trous de misère, réservés aux bourses les plus modestes, à ceux qui n’ont pas les moyens de payer trois mois de loyer, mais qui ont encore suffisamment, toutefois, pour éviter d’être surpris per le guet endormis dans la rue.
Restif de la Bretonne, Les Contemporaines. Le jeune de Billi, arrivé d’Auxerre, loue un garni, nommé «cabinet»
«Il s’informa ensuite d’un petit logement à bon marché – Julie (dit l’hôtesse à une petite nièce fort jolie), conduisez Monsieur là-haut et montrez-lui nos cabinets vides, Julie prit une lumière et mena de Billi par un escalier étroit et raboteux, à un sixième étage, où elle lui fit voir des cabinets. Il en choisit un qui donnait sur la rue et moyennant six livres par mois (les autres sur le derrière ne se louaient que quatre), il eut l’assurance d’être logé, couché, fourni de meubles, c’est-à-dire d’une table avec deux chaises, d’un miroir, d’un pot à eau, d’une cuvette, d’une serviette et d’un pot de chambre, durant trente ou trente-un jours. On le pria de payer le demi-mois d’avance, d’inscrire son nom sur un petit registre que Julie avait sous le bras, ensuite on lui remit une clef, on lui souhaita le bonsoir, et on s’en alla.»
Les contemporaines, Paris, éd. G. Charpentier, 1884 (1782), p. 34
A Paris, les logeurs (aussi bien de garnis que d’hôtels) seraient un peu moins de 600 selon Jèze (les Etats de Paris) en 1757. Tenus d’obtenir une permission d’exercer auprès du Châtelet, ils doivent également enregistrer le nom et la qualité de leurs clients sur leurs registres depuis 1407. La distribution sociale des clients qu’a effectuée Daniel Roche à partir de l’étude de ces registres entre 1693 et 1791 montre que les hommes (78 à 95 %), provinciaux (75 à 90%), célibataires (90 à 95 %) dominent largement. Trois secteurs professionnels l’emportent : ce sont d’abord les petits métiers et les gagne-deniers (plus d’un tiers). Suivent les métiers de l’artisanat (plus d’un quart), textile et bâtiment surtout : la plupart des migrants marchois et limousins habitent chez un logeur, une logeuse ou chez leur employeur en chambrée collective ; ils y trouvent un lit et la soupe le soir. Viennent enfin les domestiques.
Les garnis économiques se rencontrent avant tout sur la rive droite, dans les quartiers du centre comme La Grève, les Halles, à Saint-Denis et Saint-Martin, ainsi qu’à Saint-Antoine. On y trouve une chambre à 4, 6 ou 8 L par mois. A la nuit, c’est deux sous pour le pire des meublés. Prix encore inférieurs en province : 3 sous à Rouen suffisent à la fois au logement et au repas chez un certain Boquet, gargotier, en 1786. Pour comparaison, les administrateurs de l’hôpital consacrent au même moment 7 sols pour leurs pensionnaires. A Toulouse en 1780, selon le baron de Puymaurin, syndic général de la province, la paroisse Saint-Michel est « principalement peuplée de pauvres, de mendiants, de gens qui couchent à un sol par nuit dans des taudis et dans des granges, qui meurent la plupart sur la paille sans laisser de quoi se faire enterrer ».
L'alimentation du peuple est également abordée aux pages 134 à 152.
Pour aller plus loin :
- Le cadre de vie en France aux XVIe, XVIIe, XVIIIe siècles / Paul Delsalle
- Le peuple de Paris : essai sur la culture populaire au XVIIIe siècle / Daniel Roche
- Une chambre en ville : hôtels meublés et garnis à Paris 1860-1990 / Alain Faure, Claire Lévy-Vroelant. Ce livre comporte des statistiques sur la période concernée mais pas d'indications de prix pour le XVIIIe siècle.
- Le logement populaire au XVIIIe siècle : l'exemple de Chartres / Garnot Benoît. In: Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 36 N°2, Avril-juin 1989. pp. 185-210.
- Un mode d'habiter à Lyon au XVIIIe siècle : la pratique de la location principale. Zeller Olivier. In: Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 35 N°1, Janvier-mars 1988. pp. 36-60
- Les logements parisiens de Saint-Just
- Le Prix et le Loyer des maisons en France depuis le moyen âge jusqu’à nos jours / G. d'Avenel - Revue des Deux Mondes, 4e période, tome 123, 1894 (p. 811-829).
- L’évolution du logement depuis sept siècles / G. d'Avenel. Revue des Deux Mondes, 6e période, tome 7, 1912 (p. 359-386).
Dans ces articles, vous découvrirez le coût des principales denrées alimentaires de la fin du XVIIIe siècle :
- GUSTAVE BIENAYMÉ Le coût de la vie à Paris à diverses époques / Journal de la société statistique de Paris, tome 37 (1896), p. 375-390
- GUSTAVE BIENAYMÉ Le coût de la vie à Paris à diverses époques / Journal de la société statistique de Paris, tome 38 (1897), p. 83-90
Bonne journée.
Complément(s) de réponse
Bonjour,
Suite aux précisions que vous avez apportées par mail, nous vous renvoyons au livre intitulé Histoire économique de la propriété, des salaires, des denrées et de tous les prix en général, depuis l'an 1200 jusqu'en l'an 1800. Tome 6, dans lequel le vicomte G. d'Avenel liste quelques tarifs appliqués dans des auberges de la France entière de 1335 à 1790 (page 669 et suivantes).
Ainsi une nuitée à l'auberge accompagnée d'un souper au Faouet (commune du Morbihan) coutait 86 francs en 1790, la moyenne en France étant de 90 francs.
Vous lirez avec intérêt l’œuvre de Arthur Young intitulée Voyages en France, pendant les années 1787, 88, 89 et 90 (3 tomes) notamment aux pages suivantes : Rennes (Tome I, p.270), Metz (Tome I, page 426), Cherbourg (Tome I, page 265) ainsi que Histoire des hotelleries, cabarets, courtilles: et des anciennes communautés de Francisque Michel, consultable sur Google Livre.
Bonne journée.