Quelle était la fonction d'un inspecteur du Pari mutuel dans les années 1920 ?
Question d'origine :
Bonjour,
Quel était la fonction d'un inspecteur du Pari mutuel dans les années 1920 et comment était-il recruté ?
Avec mes remerciements pour votre aide.
Très bon début de semaine !
Réponse du Guichet
Nous n'avons trouvé que peu d'informations sur les inspecteurs du pari mutuel et à force de croisements, nous avons émis l'hypothèse qu'il s'agissait d'inspecteurs des finances, nommés après obtention d'un concours.
Bonjour,
Il n’a pas été évident de trouver des informations sur les inspecteurs du pari mutuel et ceux-ci sont bien souvent mentionnés dans des documents anciens comme les Annales du Sénat. Débats parlementaires (1895), la thèse de doctorat soutenue le 14 juin 1900 par Jacques Cellier sur Des Paris sur les courses de chevaux, étude de droit civil et de droit pénal ou le Journal officiel de la République française (1930).
Aussi, avant même de vous répondre, votre interrogation a suscité notre curiosité et nous avons voulu en savoir plus sur l’invention du pari mutuel et sur son fonctionnement. D’après un l’article de publié par Thierry Depaulis sur Encyclopædia Universalis, Joseph Oller est l’inventeur du pari mutuel :
Rentré à Paris, Joseph Oller s'intéresse aux courses de chevaux, alors en plein développement, et aux paris à la « poule », qui tiennent alors plus de la loterie. Dès 1864, il dépose un brevet pour un système de tirage au sort d'obligations.
C'est sans doute à la même époque qu'Oller ouvre, au 178 boulevard de Magenta, l'Agence des Poules, qui pratique déjà le pari hors-course et la centralisation des mises. Un tirage au sort permettait ensuite de verser à un seul des joueurs la totalité des mises. Ce système s'opposait au « pari à la cote » pratiqué par les bookmakers.
En 1867, Joseph Oller améliore son système et met au point le « pari mutuel », qui exige que toutes les mises soient totalisées afin de pouvoir payer les mises gagnantes par l'emploi des perdantes : ainsi les gagnants se répartissent la totalité des mises – après les déductions normales. Pour l'opérateur, les risques sont limités (il ne peut espérer de « jackpot », mais ne risque pas de « sauter »). C'est le système le plus juste, mais les opérations, plus complexes, rendent indispensable le recours à un « compteur totalisateur ». L'entreprise prend le nom de « Paris Mutuels » et s'installe au 27 boulevard des Italiens.
De fait, en 1868, Joseph Oller dépose un brevet pour un « compteur mécanique totalisateur pour application des calculs partiels à réunir en un seul total – avec tableau Paris mutuels ». L'année suivante, un périodique est lancé : c'est le Journal des courses. Organe des courses de chevaux et des paris mutuels, qui paraîtra de 1869 à 1872. Les pouvoirs publics voient cependant tous ces paris d'un mauvais œil et tentent de les interdire. Une action judiciaire est entreprise visant les poules et les paris mutuels, mais la Cour de cassation (arrêt du 6 juin 1869) choisit de distinguer les deux : les paris à la poule, assimilés aux loteries, tombent bien sous le coup de la loi de 1836 et sont donc illégaux ; les paris mutuels, « où chacun choisit son cheval », n'étant pas considérés comme des jeux de hasard, restent permis.
Après la guerre de 1870, qui interrompt les activités de Joseph Oller, les Paris mutuels reprennent. Mais un député s'attaque à nouveau aux paris sur les courses et obtient leur condamnation en 1874. Oller ferme le bureau des Paris mutuels (…) En 1887, l'horizon des paris sur les courses se dégage. Le gouvernement n'a pu que constater la multiplication en toute illégalité des officines de paris à la cote. Le 28 avril 1887, un jugement les bannit et rend au pari mutuel sa légitimité en confiant son fonctionnement à la Société d'encouragement ; celle-ci en délègue la gestion à Joseph Oller. Le même Oller venait de déposer un brevet améliorant son système de paris. Le 21 mai, nouveau brevet pour un « compteur-totalisateur ». Enfin, en 1890, Oller dépose un ultime brevet d'une « fermeture automatique pour tableaux de distribution ou d'enregistrement des opérations dites de paris-mutuels ».
Consécration pour le pari mutuel, une loi, celle du 2 juillet 1891, instaure le principe de mutualisation des paris et lui en réserve l'exclusivité, excluant ainsi le pari à la cote. Joseph Oller poursuit l'exploitation du pari mutuel et fonde à Puteaux une imprimerie destinée à fabriquer les « billets-compteurs ». Pleinement réhabilité, devenu riche et influent, Joseph Oller meurt à Paris en 1922. Peu après sa mort, les sociétés de courses créent en 1930 le pari mutuel urbain pour collecter les paris hors des hippodromes.
De même, l'article "pari mutuel" publié sur wikipedia indique :
Au gouvernement, où l’on perçoit le tohu-bohu, on prend conscience que la bonne santé de l’industrie des courses et de l’élevage concerne deux ministères clés, ceux de l’Agriculture et de la Guerre.
Dès le 28 mars 1887, à l’issue du conseil des ministres, il est annoncé que : « Les diverses autorités compétentes sont d’accord pour accepter le système des paris mutuels exploités par les sociétés elles-mêmes ; chaque société fera sa demande ; elle obtiendra l’autorisation par décret. » En fait, si l’État accepte le rôle de « souteneur », c’est sous le couvert de la Charité qui devient la protectrice des paris. Car, pour calmer les scrupules des moralistes, en contrepartie de l’autorisation donnée, seront perçus sur les paris 2 % en faveur des œuvres de bienfaisance, en plus des 3 % destinés à couvrir les frais d’exploitation des sociétés de courses, le solde éventuel pouvant être employé en encouragements.
Par ailleurs comme le note l’article "service central des courses et des jeux", toujours publié sur wikipedia, les paris vont être encadrés :
La loi du 2 juin 1891 réglementant les paris sur les courses de chevaux institue un service de contrôle, composé à l'origine de 5 agents
Dans un document de 1891, Revue du notariat et de l'enregistrement... on trouve la mention :
Un inspecteur des finances désigné par le ministre des finances (…) deux fonctionnaires du ministère de l’agriculture désignés par le ministre de l’agriculture …
(…)Les sociétés de courses autorisées en exécution de la loi du 2 juin 1891 et du présent décret sont placées, au point de vue de leur gestion financière et des opérations du pari mutuel, sous la surveillance et le contrôle de l’inspection générale des finances, qui peut se faire représenter les registres, les pièces comptables et tous les autres documents …En outre dans les départements autres que ceux de la Seine et de Seine-et-Oise, les mêmes droits appartiendront aux trésoriers généraux et receveurs des finances.
Plus tardivement, il est fait mention dans Sports hippiques : 1938 du contrôle des opérations du pari mutuel urbain :
Art. 15. Le droit de contrôle et de vérification de la comptabilité et de toutes les questions concernant les paris dans les agences et bureaux de centralisation du P.M.U appartient aux Sociétés de course et également aux représentants accrédités de l’Administration de l’Agriculture et du Ministère des finances.
Art. 16. La police intérieure des bureaux et agences du P.M.U ouverts au public est, si besoin est, assurée, comme celle des champs de courses, par les soins du Ministère de l’Intérieur déléguant à ses agents les pouvoirs nécessaires.
Nous nous sommes alors intéressées aux inspecteurs des finances et à leur recrutement. Ainsi le Dictionnaire historique des inspecteurs des Finances 1801-2009 par Nathalie Carré de Malberg et Michel Margairaz fournit de précieuses informations :
Pour être inspecteur des Finances, de 1847 à 1946, il faut, sauf exception, avoir été reçu à un examen d’aptitude – ou premier concours – pour la nomination d’adjoint à l’Inspection des Finances, puis, après deux (ou trois) ans de «tournée», il faut avoir été admis, après un examen de capacité – ou deuxième concours -, au grade d’inspecteur de 3e (puis4e) classe, l’entrée directe au grade d’inspecteur n’ayant concerné que sept inspecteurs avant 1877, trois entre 1918 et 1946.
(…)
Un examen d’aptitude à l’Inspection des Finances est mis en place pour la première fois par un arrêté ministériel du 27 septembre 1847. Même si le mot n’apparaît qu’en 1885, cet examen est en réalité un concours puisque le nombre de places d’adjoint est limité par arrêté et varie chaque année, et puisque l’admission se fait par ordre de mérite. Pour se présenter à cet examen, il faut satisfaire aux conditions fixées cinq ans plus tôt par l’article 3 de l’ordonnance royale du 28 mars 1842, c’est-à-dire: être âgé de 22 ans au moins, de 30 ans au plus; être licencié en droit ou sorti admissible de l’Ecole polytechnique; avoir plus de deux ans de service dans l’administration des Finances (un an pour les polytechniciens; justifier d’un revenu personnel ou d’une pension des parents de 2000 francs par an. (…) ces conditions ne varient plus guère jusqu’en 1885, si ce n’est la liste des services administratifs ou la satisfaction des obligations militaires. La réforme de 1885 supprime l’exigence du revenu minimum et, par l’article 24 du décret du 19 jnavier, pose un nouveau principe dans l’administration des Finances: l’ouverture du concours aux non-fonctionnaires, principe brièvement interrompu entre 1892 et 1900; un décret de 1896 enlève à la faculté de droit son monopole: le concours est désormais ouvert aux licenciés ès lettres et ès sciences (…) Entre 1900 et 1936, des modifications mineures et provisoires sont apportées, notamment pour favoriser les anciens combattants – auxquels ont été réservés les concours de 1917 et 1918. Par ailleurs, le nombre de places ouvertes aux concours 1919-1922 triple, en moyenne, afin de compenser les pertes de la guerre et l’absence de concours en 1915 et 1916 …
En outre, l'ouvrage mentionne la nomination de 726 inspecteurs entre 1847 et 1973.
Pour compléter ces premières informations, vous pourriez aussi consulter :
Tiercé et quarté [Livre] / Jean-Paul Betbeze,...
La France du tiercé [Livre] : ordre et désordre d'une passion populaire / Guy Konopnicki
Chevaux, courses, et jeu : histoire des courses et du pari mutuel / Emile-Gabriel Sabatier
Pour finir, vous pourriez vous tourner du côté des archives.