Je recherche la liste des navires de l'escadre ayant participé à la guerre des Pâtisseries

Bonjour,

En effet, les deux notices Wikipédia consacrées la première à la guerre des pâtisseries, et la seconde à la bataille de San Juan de Ulúa, ne mentionnent pas le même nombre de navires français.

La notice dédiée à la Guerre des pâtisseries recense 22 bâtiments, dont 3 frégates et une corvette, sans pour autant préciser le type de flotte dans le détail… Voici le décompte établi spécifiquement sur la fiche Wikipédia de la bataille de San Juan de Ulúa :

« Baudin dispose en additionnant ses forces à celles de son prédécesseur, de quatre frégates :

• l’Iphigénie (60 canons)
• la Néréide (50)
• la Gloire (50)
• la Médée (50)

Une cinquième frégate,

• l’Herminie (60) qui faisait partie des forces de Bazoche, manque à l’appel car elle s’est échouée aux Bermudes.

Suivent deux corvettes :

• la Créole (24)
• la Naïade (24),

Puis les bricks, au nombre de huit :

• l’Alcibiade (20),
• le Lapérouse (20),
• le Voltigeur (20),
• le Cuirassier (18),
• l’Eclipse (10),
• le Dupetit-Thouars (10),
• le Dunois(10)
• le Zèbre(10).

Un neuvième brick, le Laurier(10), n’est pas présent car trop endommagé par la tempête, il a dû être dérouté sur La Havane.

Deux navires à bombardes porteurs chacun de deux mortiers, complètent la puissance de feu de l’escadre :

• le Cyclope
• le Vulcain

Deux vapeurs à aubes doivent faciliter les manœuvres dans les eaux portuaires :

• Le Météore
• le Phaéton

Deux corvettes de charge non armées :

• la Fortune
• la Caravane,  complètent la logistique.»

Soit 20 navires en tout, la frégate l’Herminie et le brick le Laurier ayant été endommagés…

Vous trouverez mention de cette bataille dans de nombreux ouvrages, mais qui détaillent peu ou pas la flotte française. Ainsi Rémi Monaque dans son Histoire de la marine de guerre française, évoque pages 281-282 uniquement « quatre frégates, deux corvettes, deux bombardes, six petits bâtiments et deux vapeurs à aubes ».

Dans La Royale : l’histoire illustrée de la marine de guerre française, la prise de San Juan de Ulúa est évoquée. L’ouvrage cite le prince de Joinville. Parlant de l’amiral Charles Baudin, héros française de ce conflit avec le Mexique, Joinville explique que « L’amiral embossa les trois frégates Néréide, Gloire, Iphigénie, celle-ci revenue de la Havane, avec un équipage complété par celui du brick le Duquesne et les deux bombardes, et attaqua la fort. » Là encore la liste est incomplète…

Autre mention de la bataille de San Juan de Ulúa dans le Dictionnaire d’Histoire maritime, publié sous la direction de Michel Vergé-Franceschi : « […] le gouvernement français se décida à envoyer Baudin avec quatre frégates (Néréide, Gloire, Iphigénie, Médée), deux corvettes (dont la Créole aux ordres de Joinville), quatre bricks, deux bombardes et quatre vapeurs. » L’ouvrage ne précise pas si d’autres navires étaient déjà sur place…

Dans Les 600 plus grandes batailles navales de l’Histoire, il est également fait mention de cette bataille. En voici un extrait : « […] Louis-Philippe rassembla une escadre chargée d’intimider les Mexicains. Il en confia le commandement au contre-amiral Baudin, avec instruction d’utiliser la force en cas de besoin. Cette escadre comprenait quatre frégates, deux corvettes, huit bricks, deux bombardes, deux bâtiments à vapeur et deux corvettes de charge, soit vingt navires au total, dont certains se trouvaient déjà sur place et d’autres furent armés à Brest durant l’été 1836. Le navire amiral était la frégate Néréide.[…] »

Enfin, un ouvrage un peu plus ancien 25 siècles de guerre sur mer évoque la prise de San Juan de Ulloa. Dans ce texte (pages 220 à 222), l’auteur recense certains bateaux, mais pas tous. Le schéma extrait de ce document et que vous trouverez en pièce-jointe est plus précis. Sont représentés 16 bateaux au total.

Selon Edmond Jurien de la Gravière, auteur d’une biographie L’Amiral Baudin éditée en 1888, 21 navires se seraient regroupés dans cette bataille. Vous trouverez un extrait de ce texte en pièce-jointe : ils sont listés mais leur type non détaillé. Cités tout ensemble des frégates, corvettes, vapeurs à aubes, bricks, bombardes, etc.

Un récit est arrivé jusqu’à nous, écrit à quatre mains dès 1839, par un observateur, Pharamond Blanchard, ayant accompagné une partie de la flotte depuis la France. Cela en fait un témoin très pertinent, et cette lecture restitue un trajet, une ambiance. Nous apprenons ainsi que les navires sont partis : certains ensemble puis se sont séparés pour se retrouver non loin du Mexique, d’autres ont fait route commune, d’autres encore étaient déjà stationnés non loin des eaux mexicaines…L’ouvrage, qui s’intitule San Juan de Ulúa, ou relation de l’expédition française au Mexique, sous les ordres de Monsieur le contre-amiral Baudin, est accessible directement en ligne. L’auteur y décrit avec précision cette journée du 27 novembre 1838. Comment les bateaux se sont positionnés, quelle a été la stratégie militaire française, combien de temps a duré la bataille, etc. (chapitre XII, à partir de la page 293).

Ce qui est certain, c’est que chaque source décrit des types et un nombre de navires différents ! Le nombre le plus probable se situe autour de la vingtaine, 20 ou 21 navires. Ces nombres sont ceux avancés par les deux contemporains de cette bataille, l'observateur P. Blanchard et par la suite le vice-amiral de la Gravière, auteur de la biographie de l'amiral Baudin. Edmond Jurien de la Gravière a également réalisé un croquis de la bataille, que vous trouverez en pièce-jointe, et qui recense vingt-et-un bateaux, positionnés dans toute la baie.

Mais dans aucun de ces textes nous n’avons trouvé mentionnés des senaus. Les bricks sont les navires les plus représentés dans cette bataille, et assez proches des senaus. Aucune précision n'a été faite sur la nature exacte de ces voiliers à deux mâts…et c'est le terme Brick qui ressort dans chacune des sources précitées.

Quelques ouvrages complémentaires :

- L'amiral Baudin, Jurien de la Gravière amiral, Paris, Plon, 1888, disponible sur Google Books.

- Dans le Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, sous la direction de Patrick Cabanel et André Encrevé, une notice est dédiée au contre-amiral, ou vice-amiral Baudin (grade acquis sur à la prise de San Juan de Ulúa)

- L’Histoire de la marine française, des origines à nos jours, Jean Meyer, Martine Acerra, Editions Ouest France, 1994

Bonnes lectures !