Je souhaite avoir des renseignements sur divers bâtiments à Saint Jean
Question d'origine :
Bonjour, j'ai plusieurs question concernant le quartier du Vieux Lyon:
La Tour Rose / Maison du Crible
- il y avait-il des vitraux sur les ouvertures de la tour rose dans la cour intérieure de la Maison du crible?
- la tour desservant les étages par un escalier à vis, comment cela se fait-il qu'elle dépasse le corps de bâtiment donnant sur la rue du boeuf? Il y a même un étage supplémentaire
- au-dessus du dernier palier de l'escalier: était-ce un espace de stockage ? Son dernier étage est-il habité ou servait-il de tour de guet ?
La maison des Le Viste rue Saint-Jean
- qu'elle est la signification des 2 lions en fer forgé mis sur la façade et qui entoure la porte principale en arc brisé?
- avez-vous la superficie de la premier grande maison des Le VIste au début du XVes siècle lorsqu'elle englobait 3 immeubles?
Cour intérieur qui traboule de la place neuve au 40 rue Saint Jean
- dans la cour intérieure lorsque la place Neuve est dans notre dos, à gauche on retrouve des restes parcellaires d'une construction. Auriez-vous plus d;information à ce sujet?
La Longue Traboule : Qui habitait dans la Longue Traboule ? Quand a-t-elle été construite ?
Qui a habité dans la cour intérieure du 18 rue Saint Jean ?
En vous remerciant par avance pour vos recherches.
Merci beaucoup
Sèverine P.
Réponse du Guichet
Merci de ne poser qu'une seule question dans un même formulaire ... nous avons essayé de répondre à toutes vos questions mais celles-ci nécessitent un travail aux Archives municipales et aux Archives départementales.
Bonjour,
Pour des raisons d’organisation et comme mentionné dans la charte d’utilisation, nous vous saurions gré de ne poser qu’une question par formulaire. En outre, vos questions nécessitent un réel travail de recherche et méritent notamment de vous plonger dans les archives et de vous rendre aux archives municipales et aux archives départementales car les ouvrages possédés par la bibliothèque municipale de Lyon ne nous ont pas permis de trouver des informations précises à vos interrogations.
La tour rose
Pour ce qui est de la tour rose et pour vous apporter une première réponse, nous avons regardé du côté de l’emploi du vitrail ou du verre, montrant qu’à la renaissance son emploi est très rare et réservé à de rares personnes.
Dans Lyon, l'art et la ville, Gilbert Garde décrit (p. 71) les types de fenêtre :
Deux larmiers et deux hauts-jours, clos le plus souvent de chassis de papier huilé ou de toile cirée. L’usage du verre, translucide, parfois coloré mais jamais transparent est exceptionnel. Il se présente sous la forme de petits losanges ou de cives, « petits rondeaux en verre rous et espais », assemblés au plomb.
Par ailleurs, lors du premier colloque international de l'association verre et histoire, Sophie Lagabrielle présente une communication sur verre et fenêtre de l'antiquité au XVIIIe siècle :
Les fenêtres pourvues de verre, ou de « victres », sont appelées verrières, ou bien fenêtres de verre, verrines. Mais les fenêtres occultées par de la toile sont reconnues comme des « verrières de toiles ». Les termes de verrières ou voirrière ne sous-entendent pas automatiquement des vitres, et, pour s’assurer de la présence effective du vitrage, il faut que le contexte le spécifie.
(…)La présence d’ouvertures, même non vitrées, véhicule cependant une notion de luxe surtout si celles-ci sont multipliées. Chrétien de Troyes montre que l’abondance des fenêtres participe à la féerie du château de la Merveille dans le Conte du Graal (vers 1160-1180) :
(…)
Cette propriété quasi-magique du palais largement ouvert est confirmée par la description de la fastueuse demeure parisienne de Jacques Ducy, clerc à la Chambre des Comptes. D’après Guillebert de Metz (fin XIVe s.), c’était une belle maison bourgeoise : « Item par-dessus tout l’ostel estoit une chambre carrée, où estoient fenestres de tous costés pour regarder par-dessus la ville ». De fait, l’Hôtel Saint-Pol reprend ce même parti, puisque la chambre d’Isabeau de Bavière ne compte pas moins de huit fenêtres et deux grandes portes, et que son retrait comprend trois fenêtres.
Or, Chrétien de Troyes insiste car, plus fascinantes encore que le nombre d’ouvertures sont les fenêtres de verre transparentes, perçues comme un véritable enchantement :
Le palais était entièrement couvert de tentures
…
De marbre étaient les murs,
Tout en haut il y avait des verrières
si claires qu’en y prenant garde,
on pouvait voir par la verrière
tous ceux qui entraient au palais
en franchissant la porte.
Le verre était teint des plus belles
et des meilleures couleurs
qu’on pouvait faire ou décrire.
Dans la deuxième moitié du XIIIe siècle, la transparence du verre à vitre semble confiner à la magie, à l’inimaginable. Il est vrai que, dans le même temps, diffusée par les vaisseaux des plus riches églises, et malgré l’épaisseur de leurs verres, la lumière colorée de l’abbatiale Saint-Denis, de la cathédrale du Mans ou de Poitiers provoque l’admiration des contemporains.
(…)
Source bienfaisante d’entrée renouvelée d’air, la fenêtre se trouve confrontée à l’entrée du vent, de la pluie, de la froidure ou autres éléments indésirables. Contre ces agressions extérieures, le volet apparaît comme le moyen de lutte le plus élémentaire mais il n’est pas le seul. L’auvent est aussi de ceux-là. Suivant les régions, on parle de « hostevens » (1308, château de Hesdin), de « houstevens » (château de Poitiers, 1384), ou d’auvent (manoir royal de Valognes, 1320). Ces sortes de paravents peuvent être complétées par des « claies d’ozière », ou « d’ozier », chez la comtesse Mahaut, en 1328 « pour estoupper (boucher) les fenestres dou castel pour oiseaux et pour les coulons (pigeons) qui honnis soient (méprisent) tout le castel ».(…).
Dans le même ordre d’éléments protecteurs de la fenêtre, sont citées les cages. Installées en avant des fenêtres, certaines sont en bois, d’autres en fer
(…)
En l’absence de vitrage, comment protège-t-on les dites fenêtres ? En guise de fermeture, il existe les toiles et le papier. Vrai substitut du verre, les toiles sont très présentes lorsqu’on y porte attention. Leur emploi a été relevé, pendant les XIVe et XVe siècles, chez le pape, chez le roi et la reine de France, chez le duc de Berry, comme dans les demeures du roi René. Présentes chez les plus riches propriétaires, ceux qui sont censés représenter le niveau le plus élaboré du confort, les toiles sont d’un usage beaucoup plus généralisé qu’il n’a été énoncé jusqu’alors.
(…)
Même huilées ou cirées, les toiles devaient rester plus translucides que transparentes. Leur présentation est cependant soignée. C’est la blancheur qui est recherchée pour le pape à Avignon où l’on commande pour la Chambre du Pape de la « tela alba incerata » (toile blanche cirée). En 1416, la reine préfère de la toile verte, fixée à l’aide de « petits cloz blancs ». Au château de Bellemotte, à Saint-Laurent-Blangy (1343), on choisit de cacher les clous par des rubans de couleur verte : « pour toille et pour ruban vert et pour petis clous à faire verrières… as fenestres del hostel de monsieur le gouverneur » et le Roi René fait de même puisqu’il se fournit en « toille cirée, cloz, vectes (galons) ».
Le soin passé à l’esthétique de ces parois légères est tel qu’il peut mener à une réelle confusion avec les vitres. Ainsi, au Palais des papes, les toiles des fenêtres de la Chambre du pape sont-elles porteuses de motifs variés. À Treffort (Bresse), les papiers huilés des dix fenêtres de la salle, de la chambre et de la chapelle reproduisent les armes du comte et de la comtesse (1401). La coutume d’imiter le verre et sa transparence s’avère trompeuse pour l’étude iconographique. Que penser des portraits de grands personnages, notamment ceux du roi ou du duc de Bourgogne, trônant devant une fenêtre entièrement vitrée au début du XVe siècle ? Le réseau de plomb, les vergettes, la découpe en losanges ou les médaillons héraldiques ne seraient-il pas là qu’une illusion ? Les représentations postérieures, celles de Fouquet ou de ses contemporains, par exemple, ainsi que les mentions d’archives confirment en effet que la croisée vitrée sur toute sa hauteur et ouvrante est loin de s’être encore imposée même chez le roi.
Le papier huilé remplace parfois la toile. C’est le cas dans le Sud Est de la France, chez les comtes de Savoie, ou à Lyon, mais également, à Melun, chez la reine Marie d’Anjou, en 1454, une preuve de l’adaptation de ces protections à différents types de matériaux et la confirmation de la permanence de cet usage sur la longue durée.
Sur la rareté de l'usage de verre, vous trouverez d'autres informations :
- une réponse du Guichet du savoir sur le verre.
- La timide introduction du vitrage dans les demeures médiévales : l'exemple du midi de la france
- Les châssis de fenêtres du XVe au XVIIIe siècle (la France occidentale)
Par ailleurs, au niveau de l’architecture tout au plus trouvons nous que "contrairement aux autres maisons traditionnelles du quartier, elle ne possède pas de galerie et l’escalier qui permet d’accéder aux étages n’est pas situé dans un angle de la cour, mais abrité dans une tour central"
Source : Dictionnaire historique de lyon, p.1309.
Il est également fait mention dans Le vieux lyon. Histoire et architecture (p.66) :
Au sommet de la tour, on trouve quelquefois une pièce-haute à laquelle on accède par un petit escalier secondaire, situé dans une tourelle en encorbellement, greffée sur la tour principale. La pièce-haute est en général baptisée belvédère : il semble cependant que cette pièce soit dès l’origine destinée à l’habitation
Nous vous laissons aussi consulter le document rédigé par Dominique Bertin sur La tour rose.
La maison des Le Viste
Nous trouvons dans Lyon, l'art et la ville (p. 134) la reproduction d’un lion rampant assez similaire à ceux de la façade. Cet ouvrage apporte des explications sur la signification du lion :
L’usage du lion comme emblème de la ville n’est pas isolé non plus. Adopté par l’Eglise de Lyon, enrichi par la collusion homonymique Lyon-lion, c’est l’un des thèmes les plus riches du décor
(…)
Le lion municipale apparaît sur le sceau de 1320 puis dans les armoiries de la cité, définitivement constituées au début du XVE s.
(…) très tôt, le lion conquiert son indépendance pour signifier à lui seul la cité. Héraldique et rampant – c’est-à-dire debout, les pattes antérieures en avant comme s’il grimpait, selon la première acceptation du mot : « grimper avec des griffes » il timbre les portes de la cité(..) ; il marque les pile des ponts (..) il est présent dans les cadeaux officiels (..) et se rencontre sur les dossiers des bancs, les couvertures de missels, les livrées et les décors éphémères …
Concernant la superficie de la maison, il vous faudra faire des recherches dans les archives.
Ainsi, aux Archives municipales dans le fond fiscalité, nommées : assiettes des impôts, cote CC/1, le feuillet fait mention :
Jean Le Viste possède des biens considérables, estimés près de 6,000 francs, et parait avoir été, dans ce temps-là, le plus riche bourgeois de Lyon. On remarque parmi ses propriétés : " les appartenances de Bellecour, en laquelle a quarante-deux pies (en termes généraux, parcelles d'un terrain quelconques bâties, à bâtir ou non), qui se loient 84 florins 42 gros ; " " item, la vigne de Bellecour, qu'il tient à sa main, (contenant) environ cinquante hommes de vigne, " etc. ;(folio 204)
De même à la cote CC/2, le document indique :
"Jean Le Viste, tient six maisons contigues, dans la rue Saint-Georges ; (folio 6 verso) –"
Vous pourriez aussi consulter la cote CC/3 qui comporte le "dénombrement des biens de toute nature laissés à ses héritiers par messire Jean Le Viste, docteur ès lois ;(folio 244) -"
Place neuve
Pour ce qui est de la place neuve, la seule mention que nous trouvons est celle de l’abbé Adolphe Vachet, à travers les rues de Lyon :
[En 1764] on abattit alors une vaste maison, qui tenait toute la longueur de ce qui est aujourd’hui la place, et venait en retour aux deux extrémités, sur la rue du bœuf et la rue Saint-Jean. Cette maison était la maison Chaponay ; dit Bréghot du Lut ; non, dit, M. Desvernay ; elle appartenait à Athiaud de Boissat. Cette démolition fit la place, et assura une large communication entre la rue du Bœuf et la rue saint-Jean
La longue traboule
Pour répondre à votre question, il faudra là encore vous tourner du côté des archives municipales. Un historien a repertorié, par parcelle, tous les propriétaires.
Dans le fond Joseph Pointe, nous vous laissons consulter en ligne :
37II/VOL/32 (plan général qui vous montre dans quels registres chercher) puis de manière détaillée 3711/76/B, 371/77A, 371/77 B.
Pour compléter ces premières informations, nous vous laissons aussi consulter nos réponses apportées sur :
tour rose
maison du crible
maison du crible créneau en bois
immeuble place Le Viste
Bonnes recherches.