"En quoi le marché de seconde main concurrence-t-il celui du textile ?"
Question d'origine :
Bonjour,
Je suis en classe de terminale générale et je cherche à faire mon Grand Oral de Sciences Économique et Sociale sur le marché de la seconde main dans le textile. Ma problématique serait "En quoi le marché de seconde main concurrence-t-il celui du textile ?".
Je recherche ainsi des informations et documents sur le sujet.
Je vous remercie d'avance pour votre retour,
Bonne journée
Réponse du Guichet
Nous vous suggérons ces premières références qui vous permettront d'aborder votre problématique.
Bonjour,
La surconsommation, la question écologique, le pouvoir d’achat donnent à la question du seconde main toute son importance.
Vous pourrez traiter votre devoir sur le mode thèse/antithèse voire éventuellement synthèse en ouvrant votre problématique.Pour l’heure si l’on se cantonne à un plan simple on pourrait le traiter selon les axes suivants :
1.Oui, la seconde main concurrence l’industrie textile.
-Après avoir analysé les chiffres, vous pourrez mettre en avant la question du pouvoir d’achat
-Le seconde main est devenu un marché de premier ordre qui peut concurrencer les industries textiles locales. Face à la pollution de l’industrie textile, le seconde main apparaît comme un modèle plus vertueux.
2.Non, la seconde main ne concurrence pas l’industrie textile
-Les entreprises mettent en place des stratégies commerciales pour attirer une clientèle. Parallèlement,elles s’adaptent à la demande et vendent aussi du seconde main. Vous pourrez ainsi présenter tous les chiffres de l’industrie textile.
-Le seconde main ne répond pas réellement aux questions écologiques et a aussi des répercussions. Vous pourrez dans cette sous-partie également souligner la recherche de la part des industries de nouvelles ethnologiques pour répondre aux questions écologiques.
Nous vous proposons donc une sélection de documents qui vous permettront de bâtir votre argumentation.
Vous pourrez commencer par consulter des données sur les chiffres
- de l’industrie textile :
modelesdebusinessplan.com
fashionnetwork.com
statista.com
L'union des industries textiles met en ligne le rapport 2020-2021
insee.fr/fr
- du seconde main :
business.ladn.eu
Ouest-France
En pleine expansion le marche de la seconde main en Europe
etudes-et-analyses.com
Nous vous conseillons également de regarder les articles de presse, consultables via Europresse à la bibliothèque municipale de Lyon – surplace ou à distance si vous êtes abonnés -. A titre d ‘exemple, nous reproduisons des extraits de l’interview de Julia Faure,cofondatrice de la marque de vêtements Loom et membre du collectif En mode climat, publiée dans Le Monde le 26 novembre 2022 :
En trente ans, nous avons doublé le nombre de vêtements que nous achetons. Comment l’industrie textile a-t-elle réussi à modifier notre comportement ? D’abord, elle a réussi à faire baisser drastiquement le prix des vêtements, avec une solution simple : les délocalisations. Aujourd’hui, la plupart des vêtements qu’on achète dans les chaînes de fast fashion sont produits en Asie, où les salaires sont ridicules. Au Bangladesh, le salaire minimal, c’est 20 % du salaire vital – ce que les ONG définissent comme nécessaire pour vivre à peu près dignement. Le bas prix du textile, c’est une conséquence directe de l’exploitation des gens à l’autre bout du monde, de la délocalisation de la production dans des pays où la loi protège mal les personnes qui fabriquent les vêtements.
(…)Que deviennent ces dizaines de vêtements qu’on achète et qu’on ne met jamais ? Est-ce si grave s’ils restent dans notre penderie ?
Dans les faits, vous ne les laissez pas dans votre penderie. Souvent, vous les donnez, dans une borne textile par exemple. Cette industrie nous encourage beaucoup à donner. Tout le monde a l’impression de faire une bonne action. Quand on met son vêtement dans une borne, on a l’impression que ça va aider les plus pauvres. En réalité, sur le milliard de vêtements récoltés chaque année dans les bornes textiles en France, il y en a seulement 5 % qui sont réemployés, qui se retrouvent dans les magasins de seconde main ou qui sont donnés aux personnes dans le besoin.
La moitié de ce qui est collecté est envoyé à l’étranger et finit dans des pays d’Afrique. Théoriquement, pour que leurs habitants puissent s’habiller avec notre seconde main. Le problème, c’est que les quantités qu’on envoie sont si démentielles que, en réalité, au lieu de jeter nos vêtements dans des décharges en France, ils finissent dans des décharges là-bas. Et, comme ils n’ont pas les infrastructures ni l’argent, en fait, ces déchets textiles terminent globalement dans la nature et polluent finalement ces pays.
Le Ghana reçoit, chaque semaine, 15 millions de vêtements, pour une population de 30 millions de personnes. On voit bien que si, chaque semaine, ils reçoivent de quoi rhabiller la moitié de leur population, ils sont débordés. C’est comme si vous sortiez les poubelles tous les jours et que les éboueurs ne passaient jamais. La France envoie, chaque semaine, 10 millions de vêtements à l’étranger ; finalement, au moins 40 % d’entre eux vont directement polluer la nature de pays moins bien équipés que nous pour gérer leurs déchets.
Toujours dans le journal Le Monde, ces dernières considérations font l’objet d’un autre article, « L’utopie d’une mode durable », publié le 1 février 2022 :
L'industrie de l'habillement doit réduire son empreinte environnementale. Une injonction qui implique une profonde transformation des méthodes de production et de marketing de la filière et un changement de nos modes de consommation
(…)
Les plages du Ghana sont polluées par des tonnes de vêtements usagés, tandis qu'au Chili le désert d'Atacama est tristement réputé pour son immense décharge de vêtements de seconde main, reliquats des 59 000 tonnes de pièces importées dans le port d'Iquique et non recyclées par l'industrie locale. Selon une étude des Nations unies de 2019, « chaque seconde, une quantité de textiles équivalente à un camion de déchets est enterrée ou brûlée ».
Sur les différentes stratégies de l’industrie textile et du seconde main, vous pouvez aussi parcourir :
Le marché de la seconde main fait-il de nous des surconsommateurs, Les Echos.
Le luxe de seconde main. Un marché en plein essor, Challenges.
Le site de l’Europe sur les incidences de la production et les déchets textiles sur l’environnement.
Vous pourriez aussi écouter cette émission de France Culture portant sur «Textile : le retour du tissu industriel »
Enfin, il vous faudra parcourir les ouvrages suivants qui bien souvent étudient la question environnementale :
Le livre noir de la mode: Création, production, manipulation / Audrey Millet, 2021 (certains extraits sont disponibles sur google livres)
La fripe du Nord au Sud : production globale, commerce transfrontalier et marchés informels de vêtements usagés / sous la direction d'Efren Sandoval-Hernandez, Martin Rosenfeld, Michel Peraldi, 2019 : "Des contributions consacrées au devenir des vêtements usagés donnés aux associations caritatives implantés dans les pays développés. Les auteurs retracent les parcours multiples de ces vêtements d'occasion au sein de l'économie mondialisée et déconstruisent les processus de production, de circulation et de consommation de l'habillement de seconde main".
Ré-génération : quel mode pour le monde d'après ? / Marc Abélès, en conversation avec Marine Serre, 2022 : "Anthropologue, M. Abélès travaille sur le futur du luxe. Créatrice, M. Serre s'est spécialisée dans la récupération et le recyclage des vêtements. A partir de l'expérience de cette dernière, l'anthropologue interroge l'évolution des pratiques dans le milieu de la mode face aux mutations culturelles et à la prise de conscience de l'impact écologique de l'industrie du luxe".
Quand la planète n'aura plus rien à se mettre : l'industrie de la mode, un scandale environnemental et social / Bérengère Weiss, 2022 : "Une réflexion sur l'impact de l'industrie de la mode sur l'environnement et les modes de vie".
Textiles éthiques : s'habiller, un acte engagé / Emilie Pouillot-Ferrand, préface de Julia Faure, 2022 : "Focus sur l'habillement dans une perspective sociale et politique. Après une présentation des différentes fibres et matières textiles, l'auteure examine les impacts sociaux et environnementaux des filières textiles conventionnelles puis des filières soucieuses des questions sociales et environnementales. Avec des témoignages d'acteurs de la filière".
Bon travail.