Je dois travailler sur le sujet des agapes et leur signification en franc maçonnerie
Question d'origine :
Bonjour je dois travailler sur le sujet des agapes et leur signification en franc maçonnerie, plus particulièrement pour les apprentis
Auriez vous des références à communiquer sur le sujet svp ? En vous remerciant par avance !
Réponse du Guichet
Le rituel du repas pris en commun semble tout à fait central dans la franc-maçonnerie. Voici quelques éléments ainsi qu'une sélection d'ouvrages qui pourront vous éclairer.
Bonjour,
Selon l'article Wikipédia Vocabulaire de la franc-maçonnerie, principalement basé sur l'Encyclopédie de la Franc-maçonnerie dirigée par Eric Saunier, Les 100 mots de la franc-maçonnerie d'Alain Bauer et Roger Dachez et le Dictionnaire de la franc-maçonnerie dirigé par Daniel Ligou, le mot agape, utilisé le plus souvent au pluriel en franc-maçonnerie, "désigne le partage d'une collation froide ou chaude dans la « salle humide », entre maçons. Ce temps de rencontre et de partage, à l'issue de la tenue est le prolongement du travail qui vient d'être effectué. C'est un moment très convivial où la parole est totalement libre, dans le respect d'autrui et de ses idées, et qui permet aux sœurs et frères de mieux se connaître. Selon les traditions de certains rites, elles peuvent prendre la forme d'un banquet rituel".
Si toutes les sources insistent sur la convivialité, le rituel peut être extrêmement complexe et codifié. Dans le Dictionnaire de la franc-maçonnerie, le terme renvoie à l'entrée "Banquet" :
Le banquet est une des plus vieilles et des plus solides traditions maçonniques. Déjà les Constitutions d'Anderson y font allusion, ainsi que les "règlements" qui leur font suite. Dès cette époque, les tenues et les assemblées de Grande Loge se terminaient par un banquet et Anderson recommande aux Frères de ne pas les transformer en orgies, consigne qui paraît avoir été suivie. La tradition du banquet s'est transmise en France, ce qui explique les multiples assemblées dans les restaurants ou chez les traiteurs et le fait que l'opinion publique assimilait souvent la Maçonnerie aux sociétés bachiques nombreuses à l'époque.
La tradition s'est maintenue. Chaque tenue est suivie - obligatoirement au Rite "Emulation", facultativement ailleurs - d'un banquet ou "agape fraternelle". Au Rite Emulation, le banquet est rituel, c'est-à-dire que la table est en fer à cheval, présidée par le Vénérable, tandis que les deux surveillants se tiennent à chaque bout. On commence par les "Grâces" récitées par le chapelain et le repas est ponctué par une série de "toasts", les "toasts officiels" au Président de la République (ou) à la République Française. En Angleterre "to King (Queen) and craft", aux souverains et chefs d'Etat qui protègent la Maçonnerie, au Grand Maître), les "toasts traditionnels" (à la Grande Loge, au Grand maître Provincial, s'il y a lieu à l'initié du jour qui répond, aux loges soeurs et à et aux visiteurs) puis "aux absents", enfin "à tous les Maçons pauvres et dans la détresse". Dans les loges travaillant aux Rites Français et Ecossais, l'"agape fraternelle" qui suit la tenue est souvent assez rapide et assez simple, présidée par le Vénérable qui dit parfois quelques mots au dessert. Les femmes des Frères y sont parfois admises.
Les fêtes solsticiales organisées par les loges se terminent en général par un banquet "blanc" auquel sont parfois invitées les familles des Frères. Il y a parfois les toasts traditionnels, plus ou moins "sécularisés" selon les circonstances et toujours un ou plusieurs discours. L'équivalent du "banquet blanc" pour la Maçonnerie anglaise est la ladies' night. Les assises nationales ou provinciales des différentes Obédiences se clôturent également par un banquet, le plus souvent strictement réservé aux participants et aux représentants des puissances maçonniques invitées. Aussi, les discours qui y sont prononcés ont-ils parfois une certaines importance "politique".
Aux Rites Français et Ecossais, se pratique le "banquet d'ordre" strictement réservé aux Frères. La table est également en arc de cercle, il est défendu de parler à haute voix et de fumer. Le service de table est fait par les Apprentis. L'intérêt de ces cérémonies est qu'elles ont conservé un rituel assez particulier que l'on admet emprunté aux traditions des loges militaires sous l'Ancien Régime. Dans ces "travaux de mastication" ou "travaux de table", on se met à l'"ordre de table", mains sur la table et serviette sur l'épaule et la chaîne d'union se fait en joignant les serviettes. On emploie aussi un vocabulaire spécial qui peut évidemment faire la joie des profanes, l'eau est la "poudre faible", le vin la "poudre forte", le champagne la "poudre pétillante", les liqueurs la "poudre fulminante", le pain du "mortier", ou la "pierre brute", la bouteille ou la carafe la "barrique", le verre le "canon", les serviettes les "drapeaux", les assiettes les "tuiles", les plats des "plateaux", les cuillères des "truelles", les fourchettes des "pioches", les couteaux des "glaives", le sel le "sable", le poivre le "sable jaune", les aliments des "matériaux". Teissier, en 1856, ajoute qu'il existe un vocabulaire de "banquet d'adoption". "Verre" se dit "lampe", d'où "souffler la lampe" pour "boire", vin se dit "huile", etc (Manuel général). Lantoine jugeait ce vocabulaire "grotesque et nullement initiatique", ce qui peut être discuté. Au banquet d'ordre, les Frères portent d'écharpe ou le sautoir, et, parfois, doivent se décorer au plus haut grade qu'ils possèdent.
Le banquet existe également à certains hauts grades. Tantôt, il s'agit de simples "banquets d'ordre" réunissant les titulaires de tel ou tel grade, mais à tous les grades de Rose-Croix, il existe une cérémonie spéciale, "l'agape du Jeudi-Saint", banquet d'ordres d'un type spécial au cours duquel les Chevaliers "consomment" l'Agneau traditionnel. Un rituel de 1765 publié par Paul Naudon décrit ainsi la cérémonie : après la tenue, le Très Sage prend la tête du cortège qui quitte la salle, le "dernier reçu" reçoit l'ordre de préparer la table qui est couverte d'une nappe blanche avec un pain blanc dans un bassin et trois bougies. Les Frères ôtent les boucles de leurs souliers et reçoivent une baguette, ils se tiennent debout autour de la table, le Très Sage fait une prière, rompt le pain qu'il distribue, fait de même avec une coupe de vin, puis "jette le reste au feu en forme d'Holocauste". L'Agneau rôti doit être entier, on coupe d'abord la tête et les pieds que l'on jette au feu avant de manger. Pendant tout le repas, les Chevaliers, sont tête nue et silencieux.
Banquet figuratif de l'Agneau pascal. Grade qui suit la Rose-Croix jacobite d'Arras (Ragon).
Banquet blanc. Banquet organisé par une loge et auquel des profanes peuvent être invités.
Pour y voir plus clair, nous vous conseillons de consulter le chapitre 30 du livre de Pierre Dangle Le langage symbolique de la franc-maçonnerie : les mots-clés, intitulé "Agapes et banquet". L'importance des agapes dans toutes les tenues y est développée, dans sa dimension symbolique : "le mystère, celui de la nourriture, de l'acte d'offrir et de recevoir de l'énergie vitale", raison pour laquelle, "en initiation, "agapes" et "banquet" font partie intégrante du rituel". Nous vous laisserons découvrir dans cet ouvrage quelles significations ésotériques et alchimiques sont attribuées à la prise de "nourritures spirituelles" et de "nourritures matérielles" dans les cérémonies.
Citons également Que faire... en loge ? de Cécile Révauger, pp.94 et suivantes.
La Bibliothèque municipale de Lyon conserve quelques documents adaptés aux apprentis francs-maçons désirant en savoir plus :
Citons également l'ouvrage Les agapes maçonniques, à quoi ça sert ? de Fabrice Bernard, que nous n'avons pu consulter car il n'apparaît pas à notre catalogue mais qui semble aborder votre sujet :
Les agapes trouvent leur origine dans les pratiques les plus anciennes de l’humanité. Elles ont longtemps été considérées comme un moment de partage reposant sur une convivialité concrète. Réservées initialement à des groupes choisis, elles se sont élargies à l’extérieur des Loges aux réunions et aux événements. Le repas en commun s’est démocratisé pour devenir une occasion de rencontre privilégiée. Pourtant, depuis toujours dans les pratiques ésotériques, les agapes ont dépassé la nourriture et l’échange verbal pour se transformer en une symbolique spirituelle.
Cet ouvrage se veut une présentation des perceptions des agapes à partir de ce qu’en ont fait les hommes. Leur sens a évolué en fonction de la signification recherchée, allant jusqu’à offrir une herméneutique à l’initié qui cherche à comprendre l’apparence afin de la dépasser. Les agapes sont-elles indispensables à la progression maçonnique ? Pourquoi et comment ?
(Source : Editeur)