Question d'origine :
Bonjour, pourriez-vous m'aider à identifier ce "visiteur du soir" à Lyon, dans un appartement, situé sur la colline de Fourvière, entouré de parcs ? Avec mes très sincères remerciements
Réponse du Guichet
Un thorax et abdomen brun noisette striés de segments jaune mat, couleur que l’on retrouve plus nuancée sur les ailes antérieures pourvues à l’apex d’un rond noir et des pattes arrières annelées de noir… Voilà qui rappelle les caractéristiques de la tipule.
Bonjour,
L’insecte photographié sur ce qui semble être une porte, à l’intérieur de votre demeure, est une tipule. Son nom vient de la famille des tipulidés (Tipulidae) qui compte plusieurs représentants que les entomologistes classent dans l’ordre des diptères. Avec plus de 15000 espèces dans cet ordre et sous-espèces dans plus de 525 genres et sous-genres, les tupilidés comptent à eux seuls environ 17000 espèces dans le monde. Connue et répertoriée depuis longtemps par les entomologistes, on la retrouve représentée en figure 1 sur la planche du "Dictionnaire universel d'histoire naturelle" (1841-1849) consacrée à l’ordre des diptères.
D’après les recherches effectuées, il pourrait s’agir plus particulièrement d’une tipule ornementée (Ctenophora ornata) eu égard à ses couleurs brunes et jaunes. Elle mesure 2 / 3 cm de long et est souvent confondue avec le cousin, car tous les deux ressemblent à de gros moustiques. Ils ont aussi en commun d’être inoffensifs, puisqu’ils ne piquent pas… même si la tipule a la réputation d’être plutôt vorace en présence de racines ou de légumes.
La tipule est aussi féconde, capable de pondre entre 300 et 400 œufs dans sa vie, estimée entre deux et trois semaines. Lorsqu’elle pénètre dans les maisons c’est généralement le soir, attirée par une source lumineuse ou alors pour échapper à la fraîcheur des matins.
Voilà désormais l’invitée surprise identifiée. Et si sa présence dérange, peut-être est-il préférable de la renvoyer à l’extérieur où elle pourra finir sa vie de tipule à moins qu’elle ne serve d’entremets à une hirondelle, comme l’a décrit Jules Michelet dans son livre "L’oiseau" dont voici un extrait de l’édition de 1859 chez Hachette :
Voici un aperçu, bien incomplet, des services que nous rendent les oiseaux de notre climat : Plusieurs sont les gardiens assidus des troupeaux. Le héron garde-bœuf, usant de son bec comme d'un ciseau, coupe le cuir du bœuf pour en extraire un ver parasite qui suce le sang et la vie de l'animal. Les bergeronnettes, les étourneaux rendent à peu près les mêmes services à nos bestiaux. Les hirondelles détruisent des milliers d'insectes ailés qui ne posent guère, et que nous voyons danser dans les rayons du soleil: cousins, libellules, tipules, mouches, etc. Les engoulevents, les martinets, chasseurs de crépuscule, font disparaître les hannetons, les blattes, les phalènes et une foule de rongeurs qui ne travaillent que de nuit.
Sources :
Bibliothèque virtuelle numérique, éditions Faune de France
Dictionnaire universel d'histoire naturelle (1841-1849)
L'oiseau de Jules Michelet (1859)
Les insectes familiers à la loupe : 100 espèces de nos maisons et jardins de Matthias Helb (2018)
Cabinet de naturaliste : les insectes de Claire Beverly et David Ponsonby (2006)
Le petit guide entomo : observer et identifier les insectes de Vincent Albouy (2017)
Bonne journée.